«"L'Internet est une nouvelle frontière, un territoire à conquérir", a dit Sarkozy. Et je suis à Paris pour l'arrêter.» Sur Twitter, John Perry Barlow annonce clairement que s'il assiste au forum eG8, ce n'est ni pour faire joli dans le décor ni pour crédibiliser, par sa présence, le concept présidentiel d'«Internet civilisé».
Cofondateur de l'Electronic Frontier Foundation, ancien parolier du Grateful Dead, auteur d'une «déclaration d'indépendance du cyberespace», il répond brièvement dans les allées poussiéreuses du jardin des Tuileries
Comment comptez-vous arrêter Nicolas Sarkozy?
A vrai dire, je me suis avancé, je ne suis pas sûr de pouvoir faire ça tout seul. Ce n'est d'ailleurs pas la logique du réseau, même si c'est de la responsabilité de chaque citoyen.
Justement, sommes-nous ici devant un parterre de simples citoyens? Le public est majoritairement constitué d'«entrepreneurs»...
C'était quelque chose d'amusant dans le discours de Sarkozy. Il parlait d'Internet, de révolution, mais il signifiait économie numérique et croissance. Il s'adressait à ces hommes d'affaire comme s'ils avaient fait Internet, comme s'ils étaient Internet mais ils ne le sont pas. Internet, c'est nous tous.
Quelles sont les décisions que pourraient prendre le G8 pour réguler Internet?
Les Etats comprennent qu'Internet est devenu une chose trop importante pour qu'ils continuent à l'ignorer. Sarkozy demande aujourd'hui que l'on fixe des «règles minimales» pour Internet, mais est-ce vraiment aux Etats de le fixer? Et lesquels? la France? les Etats-Unis? le G8? Aujourd'hui, ils essaient de récupérer quelque chose qui s'est construit à côté d'eux.
Boîte noire: cette interview-minute était initialement filmée, mais pour des raisons qu'il serait trop humiliant d'exposer ici, la vidéo n'était pas utilisable. Les réponses de John Perry Barlow ont été reconstituées de tête juste après la rencontre. J'espère ne pas avoir déformé sa pensée et retranscrit fidèlement ses formulations.