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Billet de blog 25 juin 2010

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La société des journalistes du Monde veut s'offrir un sursis

Dans une lettre envoyée à l'ensemble des membres de la Société des rédacteurs du Monde, le conseil de gérance se prononce à 11 voix et une abstention pour l'offre du trio Bergé-Niel-Pigasse

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Dans une lettre envoyée à l'ensemble des membres de la Société des rédacteurs du Monde, le conseil de gérance se prononce à 11 voix et une abstention pour l'offre du trio Bergé-Niel-Pigasse «plus cohérente», qui «apporte des garanties fortes quant à la pérennité du groupe», qui s'appuie «sur le savoir-faire des journalistes et des personnels du groupe» (Claude Perdriel répétant de façon constante que Le Monde ne sait pas faire de journaux) et qui offre «la perspective de retrouver pleinement le contrôle de l’avenir numérique du Monde» (contre l'ambition d'Orange de remplacer Lagardère dans Le Monde interactif).

[Mise à jour]Les membres de la Société des rédacteurs du Monde votent à 90,84% pour l'offre Bergé-Niel-Pigasse.

Sur le volet social, l'intersyndicale CFDT-CGT-SNJ du Monde «prend acte des intentions du groupe Bergé-Niel-Pigasse de maintenir les accords collectifs et de limiter les départs éventuels à la seule clause de cession des journalistes» (donc souligne que cette offre lui semble plus satisfaisante).

[Mise à jour] Les cadres du Monde se sont prononcé à 95% pour l'offre BNP (et 3% pour l'offre POP) et les employés à l'unanimité pour BNP.

[Mise à jour] Les salariés du Monde interactif ont accordé 82,5% à l'offre BNP et 0% à l'offre POP. «Ce résultat s'explique par les garanties apportées par MM. Niel, Bergé et Pigasse, notamment devant l'ensemble des salariés, sur le fait que toute évolution structurelle au Monde interactif, qu'il s'agisse de l'avenir du Post ou de rapprochements, ne se ferait pas "sous la contrainte" et contre l'avis des salariés du Monde interactif», explique Nicolas Enault (Société des personnels du Monde interactif)

Au sein des Publications de La Vie Catholique (dont les votes seront dépouillé vendredi à 16 heures), les conseils d'administration de l'Association des personnels de Télérama et de l'association des personnels VM (employés et cadres) ont également choisi l'offre BNP, tandis celui des personnels de La Vie n'a pas émis de recommandation.

Le trio BNP s'est en effet engagé, oralement, à ne prélever que le tiers des bénéfices des magazines pour en consacrer un tiers aux provisions et un tiers au développement des titres. Claude Perdriel n'a pas voulu s'engager dans ce sens. Le sujet est particulièrement sensibles pour les magazines du groupe que le groupe a systématique dépouillé de ses bénéfices pour éponger les pertes du quotidien.

Pour l'Association Hubert Beuve-Méry, Monique Dagnaud a fortement soutenu l'offre Perdriel-Orange-Prisa. Les deux voix que cette association de personnalités cooptées pour représenter l'héritage du fondateur, Hubert Beuve-Méry, iront donc lundi sur cette offre.

[Mise à jour] Les personnels de Télérama et de La Vie (Société civile de personnels des Publications de La Vie Catholique) ont voté pour l'offre BNP à 92,7% contre 4,2% pour POP.

Sauf révolution dans les urnes, on s'achemine donc clairement vers une victoire de l'offre BNP vendredi soir. Et les deux candidats ont fait savoir qu'ils ne présenteraient pas leur dossier lundi 28 juin au conseil de surveillance contre l'avis des salariés. Claude Perdriel l'a même promis ouvertement devant les salariés du pôle magazine, lundi 21 juin.

Si malgré tout deux offres subsistent lundi, le vote du conseil de surveillance n'est pas acquis et penche même plutôt du côté POP. Aucune règle n'est prévue dans les statuts pour désigner le nouvel «opérateur» du groupe. La règle de la majorité relative devrait donc s'appliquer. Hors de Claude Perdriel qui a annoncé qu'il s'abstiendrait, les sièges «externes» sont plutôt favorable à cette offre. Avec les deux voix charnières de l'association Beuve-Méry, Perdriel, Orange et Prisa l'emporteraient donc.

Mais le conseil de gérance de la SRM a imaginé une autre sortie possible: maintenant que les offres sont publiques, connues et fermes, la BNP n’a plus de raison de refuser de faire crédit à la société, encore moins si un nom est choisi et que le gagnant verse 10 millions d'euros pour entrer en négociations exclusives. Il propose donc de «repousser à la rentrée le vote sur la perte de contrôle de la société Le Monde Partenaires et Associés (LMPA) dans Le Monde SA» (c'est-à-dire le basculement du pouvoir de la société dans laquelle la Société des rédacteurs du Monde est majoritaire à celle dans laquelle les repreneurs vont investir). «Un certain nombre de points devront notamment être précisés : projet industriel, stratégie pour l'imprimerie, conditions de l'intégration complète du Monde interactif, financement de l'offre, répartition des pouvoirs de gestion au sein de la société par commandite appelée à prendre le contrôle du groupe. Le Conseil, et avec lui tout le Pôle d'indépendance, considère comme préférable que la perte de contrôle ne soit entérinée qu'à l'issue de ce processus.»

[Mise à jour] A main levée, les membres de la Société des rédacteurs du Monde ont repoussé la décision de basculer le pouvoir de LMPA à LMSA à septembre, après le «closing», c'est-à-dire après la conclusion des négociations et le dépôt de l'offre définitive.

Et pour avoir toute légitimité pour accomplir ce coup de force, le bureau de la SRM propose de démissionner collectivement et de demander sa réélection à l'automne. «Ils invitent le directeur du journal Le Monde (Eric Fottorino) à faire de même».

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