L'immolation par le feu de Djamal Chaab devant une agence de Pôle Emploi, à Nantes, le 13 février, est emblématique. Cet événement tragique me semble comparable au geste désespéré de Mohamed Bouazizi, cet humble marchand de légumes tunisien, victime de tracasserie administrative.
On sait quelle fut la postérité de l'immolation du Tunisien : un fait divers qui a donné le signal du "printemps arabe"...
La réponse "légaliste" du ministre du Travail à la tragédie humaine dont ce chômeur en fin de droits fut la victime, qui accompagnait les paroles de compassion officielle de Michel Sapin, montre à quel point le gouvernement n'a pas pris en compte la profondeur du désespoir qui s'est emparé d'une large fraction de la population française, de ceux que l'on appelle "les déshérités".
Il n'a pas compris que la politique ne se résumait ni à des bilans comptables ni à des mesures technocratiques. Le pouvoir financier doit être dominé et remis à sa juste place ; il en va de la reprise de l'économie. Donc du vivre. Et pourquoi pas, du mieux vivre ?
Les hommes ne sont ni des produits surgelés ni des robots.
Et les convulsions sociales qui se produisent un peu partout, à l'issue des licenciements ou des fermetures d'entreprises, vont sans aucun doute s'amplifier et remettre en question non seulement les structures d'accueil de traitement du chômage, mais aussi probablement la paix civile de notre société, traumatisée par une absurde (et criminelle) politique d'austérité.
A moins que Djamal, la torche vivante de Nantes, puisse jeter quelque lueur dans cette caverne social-libérale où nous serions condamnés à vivre dans l'Europe rabougrie de Madame Merkel.
Puisse François Hollande venir ranimer bientôt la flamme du "soldat inconnu de l'Emploi" !
Humain ?* D'abord et avant tout l'humain.
* c'est le titre de mon précédent billet