Cette lamentable affaire Leonarda, cette jeune fille arrêtée en classe afin d'être expulsée de France avec sa famille, si elle pose le délicat problème des rapports entre la loi et les valeurs humanistes, nous fait inévitablement penser aux rafles des années noires.
Ces rafles qui ont été stigmatisées par le cinéma avec "Pic et pic et colegram" de Rachel Weinberg (1971) et, surtout, avec le bouleversant film de Louis Malle "Au revoir les enfants" (1987) où l'on assistait à l'intrusion de la gestapo dans un pensionnat catholique afin d'arrêter des enfants juifs.
Il serait bien sûr tout à fait inconvenant et même absurde de comparer l'application stricte de la loi républicaine en 2013 avec les horreurs de l'Occupation. Mais il s'agissait aussi, au début des années Quarante, de faire respecter la loi, la loi de l'Etat français, celle de Vichy et du criminel "Statut des Juifs". Donc les Miliciens n'ont fait qu'obéir aux textes légaux de cette époque...
Lorsque Jean-Marc Ayrault dit qu'il fait procéder à une enquête administrative pour savoir si la loi a été rigoureusement respectée dans le cas de l'expulsion de Leonarda, il reste à côté du problème essentiel que pose cette pitoyable péripétie : la loi en question est-elle conforme aux valeurs qui honorent notre pays depuis la déclaration des droits de l'homme ? Est-elle en harmonie avec l'éthique républicaine ? Autrement dit, la loi en question est-elle juste ou injuste ?
Une réponse à cette question nous a été donnée par l'excellent discours de François Hollande lors de la commémoration de la rafle du Vel d'hiv.
Quand la loi est injuste, la désobeissance est un droit.