La censure qui vient de frapper le billet de Fred Oberson intitulé "Heil Merkel", est un incident grave qui mérite que l'on s'y arrête afin de provoquer une discussion collective. Car le "club Mediapart" fonctionnant comme une agora dont les abonnés sont les participants, il ne devrait pas y avoir de limitation à la liberté de parole.
Or la direction de ce journal a codifié les interventions de tout un chacun en se référant à une déontologie dont le moins qu'on puisse en dire est qu'elle est suffisamment vague pour justifier toutes les interprétations...
Cette Anastasie d'un nouveau type est en réalité une Anastasie du clavecin bien tempéré, une épée de Damoclès de la bien-pensance : on peut critiquer certes, mais en prenant des gants, en y mettant les formes...A moins d'utiliser les fameux "ciseaux moléculaires".
Une critique trop rude peut écornifler l'objectivité journalistique, voire écorcher un peu trop les âmes sensibles des bobos...
Donc, il est interdit d'appeler "chat" un chat, il est interdit de pointer la vilenie du libéralisme, interdit de faire référence à l'iconographie historique, interdit de dire la vérité, surtout lorsqu'elle est intolérable.
En 1871 le gouvernement de Thiers avait pactisé avec Bismark (l'homme du hareng) pour écraser la Commune et massacrer une grande partie de la classe ouvrière parisienne ; la presse versaillaise en a rendu compte avec la futeur des "honnêtes gens" qui sortaient du cauchemar.
La bien-pensance repue avait montré à la canaille l'exemple d'un ton "modéré" et avait donné ainsi au brav' populo cette inimitable leçon de tact dont il avait besoin. Une déontologie de bon aloi !
Aujourd'hui, le malheureux peuple grec est la victime du rouleau-compresseur allemand.
Faut-il se taire ?