J'espère que Bob Wilson me pardonnera de lui emprunter le titre de l'une de ses mémorables créations théâtrales,mais je crois que ce "regard du sourd" exprime tellement bien la situation d'un Président dont la surdité à l'opinion qui vient de le désavouer atteint un niveau semblable à celui de Louis XVI. Qui avait noté dans son journal personnel le 14 juillet 1789 : "rien ". (même si cette annotation,comme me le fait remarquer Dominique Wittorski,faisait référence non pas à la colère d'un peuple révolté mais à la chasse)
En effet,lorsque l'on prend connaissance de la communication faite par Sarkozy à l'issue du Conseil des Ministres du mercredi 24 mars (trois jours après la déculottée magistrale du dimanche 21 mars),on est abasourdi par son contenu et aussi par le ton péremptoire sur lequel cette déclaration a été faite. On croirait entendre Pangloss :"Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes". Ou bien plutôt Coluche :"Circulez,il n'y a rien à voir"...
Je sais bien que tout pouvoir qui se veut absolu est atteint d'autisme aigü. Mais ce "regard du sourd" ne peut masquer longtemps une gouvernance plombée par les contradictions et les carences. Nous sommes dans une démocratie moisie,mais c'est tout de même une démocratie où la parole appartient au peuple de temps en temps. Et il ne faut pas oublier que le peuple a du génie, "qui est une longue patience" comme le dit si bien Buffon.