Le 27 février 2015, le groupe de Die Linke (parti membre du PGE de Pierre Laurent) au parlement allemand a voté aux côtés des Verts et des représentants des partis gouvernementaux en faveur de la soi-disant « aide » à la Grèce. Dans un vote préliminaire quelques jours auparavant, 29 députés de Die Linke avaient voté « oui », quatre « non » et 13 s’étaient abstenus. Le 27, le chiffre des voix contre et celui des abstentions avait encore baissé.
Jusqu'à présent, Die Linke avait toujours voté contre ce genre de plan léonin. Le parti considérait que les mesures d’austérité exigées en contrepartie aggravaient la crise en Grèce et que la Troïka ne disposait d’aucune légitimité démocratique. (source)
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Plus encore que les circonstances liées aux pressions sur le gouvernement grec, ce moment historique a été celui d'une véritable capitulation de la gauche radicale européenne, incarnée ici dans le Parti Die Linke, le parti de gauche radicale de la puissance dominante, l'Allemagne, où le Parlement joue un rôle décisif dans l'approbation des plans de l'Eurogroupe/Troïka.
Dans ces circonstances, la députée Sahra Wagenknecht a adressé le 6 mars une lettre ouverte dans laquelle elle s'indigne de la trahison de son parti et où elle renonce à diriger le groupe Die Linke au Bundestag à l'automne prochain :
"C'est une erreur stratégique que la majorité du groupe ait donné un vote positif à la demande du gouvernement allemand de prolonger le "programme d'aide" à la Grèce. Chacun d'entre nous appuyons le gouvernement SYRIZA dans la bataille pour conduire la Grèce à sortir de cette crise dévastatrice imposée par les diktats de la troïka. Je pense que je peux dire ça, moi qui ai maintes fois exprimé ma solidarité au cours des dernières semaines, par des interventions publiques à la fois en Allemagne et auprès du premier ministre grec.
Le parlement allemand n'a pas voté en faveur du programme du gouvernement grec, mais en faveur d'une résolution du gouvernement allemand qui dicte la poursuite des mêmes politiques destructrices et répond aux diktats austéritaires.
C'est alors que s'est posée la question de notre position sur la politique européenne, ce qui a donné l'occasion aux autres partis de nous critiquer sur nos contradictions.
Nous avons été invités à mettre de côté notre position sur la politique européenne, sans une discussion franche tenant compte de la diversité des opinions. Nos deux revendications-clés - la demande de « décote » de la dette grecque et la demande d'un programme d'investissement pour la Grèce financé par la BCE - demandé à plusieurs reprises par SYRIZA (ceci est une question de « solidarité ») - ont été annulées et, mieux encore, n'ont même pas été adoptées lors de la réunion de notre groupe parlementaire.
(...)

Sahra Wagenknecht
Photo: AP
En dehors du processus de décision de la réunion de notre groupe parlementaire le 27 février, le plus inacceptable a été que la majorité de mon groupe a même refusé de présenter mes propositions alternatives de vote. Pour un sujet sur lequel je suis depuis 2010 la principale représentante des positions de Die Linke. C'est une insulte pour moi et montre qu'une fraction du parti veut s'orienter dans une direction différente de ce que je considère comme une position raisonnable.
Il s'agit d'un point de vue politique important parce que je trouve inacceptable la position des gouvernements européens, qui ont renforcé effrontément les inégalités, comme en Allemagne, avec des politiques qui ont conduit à la pauvreté et à des salaires de misère et ont ignoré avec ostentation et arrogance toutes les traditions qui existaient pour mener une politique étrangère pacifique. Je souhaite que la gauche soit une force antagoniste, qui ait la volonté, le dynamisme et la combativité pour changer les choses, même en Allemagne. Pour cette raison, je vais continuer la lutte de toutes mes forces et saisir les possibilités qui s'offriront.
Les membres du parti qui m'ont soutenu et qui attendent à ce que cet automne je sois candidate à la présidence de notre groupe parlementaire, je tiens à les remercier pour leur confiance. Je renonce à cette décision. Néanmoins, merci de leur compréhension. Je suis convaincue que je serai plus active politiquement en me concentrant sur les dossiers que je connais le mieux."
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Source : Lettre ouverte de Sahra Wagenknecht (traduction sous réserve)
Voir aussi : Communiqué de presse du 27 février 2015