Dans un article intéressant, l'économiste de Jacques Sapir, grand connaisseur de l'ex-URSS, nous donne plusieurs éléments sur l'Ukraine qui permettent de deviner l'issue du conflit actuel :
- l'Ukraine est un pays partagé non en deux mais en trois ; la majorité de l'Ukraine ne penchera pas du côté des intérêts de l'Allemagne-UE ;
- les échanges entre l'Ukraine et la Russie (ainsi que les pays de la CEI) sont en plein essor. L'Union européenne est une région durablement en récession. L'intérêt de l'Ukraine va plutôt dans le sens d'une union douanière avec la Russie. C'est d'ailleurs ce processus en cours qui a suscité l'ire des manifestants qui portent le point de vue de l'ouest du pays, soutenus par l'Allemagne (le Ministre des affaires étrangères allemand a même participé à l'une des manifestations à Kiev).
Au-delà de l'article de Sapir, on peut se demander dans quelle mesure l'Allemagne-UE n'apparaît pas ici comme une force déstabilisatrice en Europe, encourageant la guerre civile tout en sachant que la majorité de l'Ukraine n'ira jamais se lancer dans les bras de l'Allemagne. Cette dernière encouragerait-elle une nouvelle partition de l'Ukraine ? L'électorat de Timochenko est en effet essentiellement concentré sur la partie polonaise de l'Ukraine, prise à la Pologne en 1939. Nul doute que pour le patronat allemand, tout est bon pour agrandir l'espace vital de sa zone de domination économique, l'économie allemande utilisant la main d'oeuvre à bon marché de tous les pays de l'est déjà ralliés au bloc dominé par ce pays.
Rapports de forces électoraux aux présidentielles de 2010
(en rouge, les bastions de Timochenko, électorat pro-allemand ou "pro-UE")
Evolution territoriale de l'Ukraine au XXème siècle
(en jaune, le territoire polonais rattaché à l'Ukraine en 1939)