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Billet de blog 5 janvier 2015

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D’Elizabeth I à Boiron, on écrabouille bien les animaux

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En préparant un cours sur l’Angleterre élisabethaine, je découvre dans cet excellent documentaire de la BCC :

http://www.bbc.co.uk/programmes/p018400g

qu’à l’époque, on écrasait beaucoup les animaux. Par exemple, pour que les riches puissent parader dans de somptueuses tuniques colorées, il fallait écrabouiller par millions des mollusques de Méditerranée ou des insectes d'Amérique Centrale, afin d'en tirer la substantifique coloration. Aujourd'hui, c'est horrible, on a la chimie de synthèse pour faire les teintures, mais à part ça "c'était mieux avant quand c'était plus naturel".
Plus surprenant, si l'on veut, au temps d'Elisabeth on tentait de soigner la peste par la quarantaine (seule technique vraiment efficace, en fait), mais aussi… en faisant ingérer au malade du poussin d'hirondelle écrasé vivant au pilon (glurps !).


Comme quoi, aux hautes dilutions près, les homéopathes sont restés bloqués pas loin du XVIe siècle, puisque la teinture mère de leur Apis Mellifeca n’est rien d’autre que... de l’abeille écrabouillée.

 C’est là une des choses intéressants qui apparaissent dans ce très bon documentaire sur l’homéopathie, « Homéopathie : mystère et boule de gomme », que l’on peut encore pour quelques jours regarder en replay sur le site de la 5 (mais faites vite, ça va bientôt diparaître !)

http://pluzz.francetv.fr/videos/homeopathie_mystere_et_boules_de_,114661911.html

A l’heure où l’on s’inquiète à juste titre  de la « disparition »  des abeilles (ou en tous cas d’effondrements soudains de populations), on peut penser qu’en dézinguer un certain nombre en plus pour les écrabouiller puis…. diluer le tout jusqu’à qu’il n’en reste plus rien ( !) est d’une stupidité profondément abyssale.

Il est dommage que les fiches de présentation de ce produit par ceux qui le vendent, comme celle-ci :

http://www.medicament.com/631-apis-mellifica-granules-doses-boiron-4ch-5ch-7ch-9ch-12ch-15ch-30ch.html

ne présentent pas le mode de fabrication de la chose, en donnant son origine (pas plus que l’oscillococcinum ne se présente généralement comme étant à la base du foie de canard pourri)

Par contre, comme toute remède miracle à la con, on découvre sur la fiche que c’est supposé être bon pour peut-être pas tout mais en tous cas plein de choses : avec votre abeille écrabouillée puis diluée jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de molécule de principe actif [c’est le cas à partir de 5CH], vous allez soigner soit disant des piqures d’insectes (on voit le rapport, selon le fameux autant qu’arbitraire principe de similitude à la base de l’homéopathie), mais aussi, allons-y :  des kystes, des infections, des conjonctivites, et bien sûr des otites (qui constituent un gros marché pour les chamans homéopathes qui appâtent là facilement une clientèle de parents inquiets et démunis). Et la peste aussi, peut-être, non ?

Ceci dit, pour être honnête, il faut préciser que même si les homéopathes sont restés totalement en dehors du progrès scientifique depuis le XVIIIe siècle et ignorent et les bases de la physique et celles de la méthode expérimentale, la civilisation a malgré tout progressé, et l'on prend mieux en compte de nos  jour le bien-être animal.


En effet, aujourd'hui, Boiron endort les abeilles avant de les écraser.

On n’arrête pas le progrès.

 Yann Kindo

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