EELV a dénoncé publiquement l'alliance de Gandais et Lipietz avec l'UMP, l'UDI et la liste centre gauche. Elle a attribué son sigle, le temps de la campagne, à la liste de gauche menée par la maire sortante. Cela n'a pas empêché la droite d'utiliser le sigle EELV sur un de ses tracts aujourd'hui même.
Localement, des écologistes dénoncent cette union avec la droite. Parmi eux, François Labat, ancien président du groupe Les Vers-Villejuif Autrement. Voici sa déclaration publique :
Contre la droite, pour la démocratie
Soutien de François Labat, ancien président du groupe Les Verts-Villejuif Autrement, à la liste d'Union de la gauche.
Depuis le début de la campagne des municipales, je m'étais tenu à l'écart des engagements du groupe EELV de Villejuif tant il m'était apparu que certaines des positions qu'il défendait s'avéraient être loin de ma vision de l'écologie politique.
Dans un souci électoraliste, Natalie Gandais et Alain Lipietz se sont peu à peu mis à la remorque de toutes les protestations générées par les mutations, certes parfois brutales, de la ville. Petit à petit, ils en sont venus à s'opposer à la densification urbaine alors que celle-ci, si elle est bien menée, est autant un moyen de lutter contre la crise du logement que de limiter la production de gaz à effet de serre. Ils ont cherché des arguments improbables pour coller aux revendications de certains habitants pour s'opposer à la construction de la mosquée sur la N7, ils ont freiné des quatre fers le projet Campus Grand Parc. Comble pour des écologistes, ils ont pu sembler voir dans les projets de construction de nouvelles lignes de métro davantage une source de nuisance pour les riverains du chantier qu'une avancée majeure dans la lutte contre le "tout voiture" en Île-de-France.
Tout doucement l'écologie que défendent Gantais et Lipietz est devenue une écologie des riches qui s'inquiètent de voir leur petit coin de verdure et de tranquillité grignoté par de nouveaux arrivants. À cet égard, leur opposition farouche à l'objectif des 40 % de logements sociaux affiché par la liste d'union de la gauche est significatif. Cette vision étriquée d'uné écologie pavillonaire est à la fois socialement injuste et globalement inefficace.
Il est donc plus qu'étonnant que, sur la base de ces convergences et d'une hystérie anticommuniste, les responsables de la listes L'avenir à Villejuif aient choisi, après avoir refusé depuis des mois toute discussion avec la gauche, de s'allier avec la droite. Fautil le rappeler une fois de plus, l'écologie, qui défend la solidarité des hommes et des femmes entre eux et avec leur environnement n'est pas compatible avec la droite, le libéralisme sauvage et individualiste.
Précisons au passage que ni l'UMP de Villejuif, ni Jean-François Harel [UDI] n'ont montré par le passé, dans leurs déclarations ou leurs actes, un quelconque intérêt pour l'écologie.
Le bilan de la majorité sortante est loin d'être irréprochable. Mais il n'est pas à ce point scandaleux qu'il justifie de se ranger derrière l'UMP. Il est consternant de voir comment la détestation de l'équipe en place et l'ambition personnelle peuvent tenir lieu de boussole politique à des gens qui ne sont pourtant pas des novices en la matière. La fusion de ces quatre listes n'a rien d'un sursaut citoyen et ressemble plutôt à un petit arrangement entre amis.
Dès lors, Natalie Gandais et Alain Lipietz ne laissent pas d'autres choix aux écologistes de Villejuif que de voter pour la seule liste qui rende possible la démocratie, l'écologie et la solidarité, celle que conduit Claudine Cordillot.
François Labat
Ancien président du groupe Les Verts-Villejuif Autrement au conseil municipal de Villejuif
Ancien candidat EELV/PS aux élections cantonales de 2011
Ancien secrétaire départemental EELV 94
Quelques précisions :
La densification urbaine
- Le Campus Grand Parc est un projet en cours centré autour de la recherche sur le cancer. Il devrait créer à terme 1500 emplois, soit l'arrivée d'un nombre approximatif de 6000 habitants supplémentaires, qu'il faudra loger.
- À cela s'ajoute un projet départemental sur le Centre Départemental Chérioux, à la limite de Villejuif et Vitry sur la 7, qui devrait lui aussi apporter 1500 emplois environ, soit là aussi environ 6000 personnes à loger.
- Pour répondre à ce problème, les communes concernées par les deux projets ont engagé des plans logement pour accueillir ces nouveaux arrivants et en même temps lutter contre la crise du logement.
- Dans ce contexte, Gandais et Lipietz ont mené une lutte contre l'accroissement de la population et la densificiation urbaine.
La mosquée
- Depuis plusieurs années une association musulmane locale collecte des fonds pour acheter un terrain et construire une mosquée, qui soit autre chose qu'un simple local, mais un lieu d'accueil , comme on peut voir à la mosquée de Paris.
- Un terrain appartenant à la municipalité s'est libéré juste à côté de l'église copte sur la 7 près de la station de métro Louis Aragon.
- Le conseil municipal a voté la vente de ce terrain à cette association, quelques semaines avant les élections.
- L'opposition de droite a aussitôt répandu le bruit que la municipalité avait donné le terrain et même prenait à sa charge la construction de la mosquée, choses totalement absurdes car impossibles, la loi l'interdisant formellement.
- Puis, elle a fait valoir les incidents qu'occasionnerait selon eux la cohabitation musulman-copte. Il a fallu que les coptes eux-mêmes fassent valoir qu'ils n'avaient rien contre la présence d'une mosquée à côté de leur église pour que l'argument tombe.
- Gandais et Lipietz se sont eux aussi opposé à cette vente en argumentant sur la "dégradation du paysage" qu'entraînerait la construction de cette mosquée.
Le métro
- Depuis des décennies le déplacement de banlieue à banlieue est un vrai problème. Les seuls transports en commun disponibles étant les autobus, ils sont souvent lents et il a fallu, dans le Val-de-Marne, construire un axe de circulation réservé aux seuls bus pour arranger (un peu) les choses.
- La municipalité de Villejuif, avec beaucoup d'autres, réclame depuis des décennies la mise en place de lignes de métro interbanlieue.
- Depuis 2008 et le projet Orbival, présenté par le conseil général du Val de Marne, qui ranimait un projet resté dans les cartons Orbital, s'est enclenché un processus qui a abouti sur le projet du Grand Paris Express, dont l'entrée en service est prévue pour 2020 à 2030.
- Gandais et Lipietz, quand les choses ont commencé à se concrétiser, se sont opposés à la vente du terrain avec comme argument la nuisance pour les habitants des quartiers environnant la station Louis Aragon.
Le logement social
- Villejuif est une ville où près de la moitié du terrain bâti est occupé par des HLM géré par un Office public et non une société anonyme.
- Une grande partie de Villejuif est occupée par de petits bâtiments anciens, des immeubles privés et des pavillons, mêlés, hormis le centre ville et une partie du nord-est, à des HLM.
- La majorité des HLM ne dépassent pas cinq étages. Une partie d'entre eux sont même des maisons doubles ou triples avec jardin. Les tours sont pour l'essentiel regroupées au sud. L'entretien des cités est assuré par des équipes dédiées de concierges et de personnel d'entretien., auxquels s'ajoutent des animateurs. C'est ce travail qui explique que Villejuif n'a pas été touchée par les émeutes des banlieues 2005.
- La position anti-HLM prise par Gandais et Lipietz est HLM=tours et, selon Alain Lipietz, "les HLM sont laissés à l'abandon".
Me relisant, je me rends compte que je pourrais donner l'impression d'une approbation sans limite de la municipalité actuelle. Qu'il soit clair que j'ai des reproches, et pas des moindres, à faire à la municipalité : réunion d'habitants de quartier présentée comme un débat sur des travaux ou des aménagements à faire, alors que les décisions sont déjà actées, pour prendre ce seul exemple. Mais ces reproches sont à faire à une équipe dont l'orientation est sociale. Ceux exprimés par l'équipe Gandais-Lipietz sont à la fois incohérents avec leurs professions de foi et peu conformes à la réalité des choses, réalité qu'ils réinventent soit par ignorance soit par démagogie.
C'est l'ineptie de leur argumentation qui place tous ceux et celles qui veulent résoudre les vrais problèmes : manque de logements sociaux, amélioration des transports, etc., dans la position de défenseurs d'une équipe municipale loin d'être totalement exempte de reproches