La rentrée des classes vient d'avoir lieu et les syndicats ont d'ores et déjà annoncé un préavis de grève pour le 27 septembre 2011. Principaux motifs de la grogne des enseignants : les 16.000 suppressions de postes et le manque de moyens. Cependant, les représentants des syndicats enseignants sont aussi critiques vis-à-vis des programmes scolaires, notamment ceux en lien avec la réforme du lycée sans parler du retour annoncé de la morale à l'école... Mais au juste, à quoi ressemblent les programmes scolaires en 2011 ?

Une rentrée avec la morale à défaut du moral ?
Dans une circulaire du jeudi 1er septembre 2011, Luc Chatel, ministre de l'Éducation nationale, annonçait le retour de la morale pour les classes de primaire. Pour Laetitia Barel, secrétaire générale du Se-Unsa Côte-d'Or, "vu la façon dont la mesure est présentée, il semble s'agir d'un objectif pédagogique d'un autre âge, basé sur une opposition simpliste entre le bien et le mal". D'après la responsable syndicale, cette façon d'enseigner la morale ferait presque penser à "une leçon de catéchisme vieille d'une soixantaine d'années".
"Ce retour de la morale est un leurre, qui vient détourner l'attention des problèmes budgétaires... De plus, la morale n'est pas absente de l'école mais elle se manifeste dans des actions concrètes au sein de la vie d'une classe ou dans la cour de récréation", rappelle Laetitia Barel. Selon l'enseignante, l'important est d'apprendre aux enfants à bien se comporter envers les autres et de leur permettre de devenir un jour de vrais citoyens.
Un collège entre programmes et socle commun
"Au niveau du primaire, rien de nouveau dans les programmes mais depuis la suppression des cours le samedi matin en 2008, nous devons faire le même programme avec moins d'heures". Mais au collège, depuis 2005, "la question tourne autour du socle commun de connaissances et de compétences, qui commence vraiment à se mettre en place en 2011", explique Pascal Meunier, responsable régional du Syndicat national des enseignants du second degré (Snes) Bourgogne et professeur de mathématiques à Tonnerre (89). Le socle commun présente ce que tout élève doit savoir et maîtriser à la fin de la scolarité obligatoire. Le socle s’organise en sept grandes compétences de base telles que la maitrise de la langue française, la pratique d'une langue étrangère ou encore l'autonomie et l'initiative (Voir ici le détail des sept compétences sur le site du ministère de l'Éducation nationale). À compter de 2011, la maîtrise des sept compétences du socle est nécessaire pour obtenir le diplôme national du brevet (DNB).
D'après Pascal Meunier, "le problème est que les élèves ont du mal à s'y retrouver entre les exigences du socle commun et celles du programme. Pour les mathématiques par exemple, le socle commun ne précise pas suffisamment ce qu'il faut absolument savoir et sa mise en œuvre se révèle très compliquée". Dans le cadre de la mise en œuvre du socle commun, un livret personnel de compétences permet de suivre la progression de l'élève. Mais là encore, le représentant syndical se fait plutôt critique : "Ce qui me dérange est l'idée d'inscrire des connaissances et des compétences dans un livret sans référence explicite à un diplôme ; c'est une façon de contourner le diplôme".
Autre innovation au collège depuis la rentrée 2009 : l'instauration d'un enseignement d'histoire des arts, mis en place pour le brevet des collèges, dans le but de permettre de décloisonner les enseignements. "Le but de cet enseignement est de faire travailler les élèves de manière interdisciplinaire entre le français, l'histoire, la musique et les arts plastiques. Il s'agit d'une initiative intéressante mais cette matière est prise en compte à même hauteur que le français et les maths ; je trouve que c'est un peu exagéré !".
Nouvelles premières
"Pour établir des programmes scolaires adaptés et cohérents, il faudrait partir des besoins des élèves. Or, la réforme des lycées part de l'impératif de supprimer des postes et n'a pas été élaborée en fonction des besoins des élèves", déplore Pascal Meunier. Engagée à la rentrée 2010 pour les classes de seconde, la réforme des lycées concerne cette année les classe de première. Quant aux classes de terminale, elles devraient être concernées par la réforme à la rentrée en 2012.
La réforme du lycée tend vers une certaine personnalisation des parcours de chaque élève. Dans ce contexte, "la logique de classe sera de moins en moins une référence", reconnaît pour sa part Cyril Nourissat, recteur de l'Académie de Dijon. Plus souple, la nouvelle organisation devrait également permettre à chaque élève de première de confirmer ses choix d'orientation voire d'opérer plus facilement un changement de série en cours d'année.
Moins de cours en atelier dans les séries technologiques
"Mais du fait de la réduction du nombre de postes, l'histoire-géographie, par exemple, sera supprimée en terminale scientifique", affirme Pascal Meunier. De son côté, le recteur de l'Académie de Dijon préfère insister sur l'importance de ne pas avoir de rupture entre les différents cycles d'enseignement : "La réforme de la classe de première se caractérise notamment par la mise en place d'une véritable journée d'orientation, au cours d'un second semestre, avec l'idée de faire venir l'enseignement supérieur dans les lycées", se félicite Cyril Nourissat.
La rentrée 2011 se caractérise aussi par la mise en œuvre de la réforme des séries technologiques industrielles et de laboratoire (En savoir plus ici sur le site de l'Éducation nationale) qui doivent, d'après l'Inspection académique, "permettre aux jeunes dès la rentrée 2011 de mieux se préparer à la poursuite d'études, en favorisant des choix d'orientation plus ouverts, grâce au renforcement des enseignements généraux et à l'acquisition de compétences transversales communes". Pour Pascal Meunier , "l'enseignement sera plus théorique alors que ce sont des élèves qui préfèrent la pratique ; les cours en ateliers seront moins nombreux, toujours dans une optique d'économie du nombre d'enseignants".