Sucrer l'aide alimentaire ? Telle est la perspective qui se profile actuellement, faute d'accord entre les vingt-sept pays membres de l'Union européenne. Ainsi, le programme européen d'aide aux plus démunis (PEAD) pourrait bien voir 75% de son budget amputé dès 2012, passant ainsi de 480 à 113 millions d'euros. La nouvelle n'a pas tardé à susciter l'ire des associations caritatives investies dans la distribution de l'aide alimentaire. "Nous avons de quoi tenir jusqu'au printemps 2012 mais comment ferons-nous après ?", s'interroge Michel Codazzi, secrétaire départemental chargé de l'aide alimentaire au Secours populaire de Côte-d'Or, qui organisait une conférence de presse sur le sujet mardi 05 juillet 2011, à Dijon. Face à une décision qu'elles considèrent comme une "catastrophe", les associations concernées ne restent pas les bras croisés...
"Nous sommes tous dans le même bateau..."
En France, quatre associations caritatives se trouvent directement concernées par la décision européenne de réduire le montant de l'aide alimentaire aux plus démunis : les Restos du cœur, le Secours populaire, la Croix-rouge française et la Fédération française des banques alimentaires. "Nous sommes tous les quatre dans le même bateau. Mais si le bateau coule, comment feront les gens que nous aidons ?", s'inquiète Marc Meurisse, président de la délégation locale de la Croix-rouge de Dijon. Le responsable associatif enfonce le clou : "Cette décision est une catastrophe ; pour nous, elle est inacceptable !" (Lire ici leurs propositions communes).
Rappelons que le 20 juin 2011, la Commission européenne annonçait une baisse drastique de l’allocation que les vingt-sept membres de l'Union européenne versaient chaque année au Programme européen d’aide aux plus démunis (PEAD) en puisant dans une partie (1%) du budget de la Politique agricole commune (PAC). Lancé dans les années 1980 sous l'impulsion de Coluche, le Programme d'aide aux plus démunis devait aider les nécessiteux tout en utilisant les surplus de l'agriculture européenne (En savoir plus ici). Mais l'Union européenne a du procéder à des rallonges financières pour compenser la baisse des surplus disponibles et maintenir l'aide à un niveau équivalent.
Pas envie de payer pour les pauvres !
Pour Jean-Louis Callens, secrétaire national en charge des questions alimentaires au secours populaire, cette baisse annoncée n'est pas justifiée. "Dans les faits, nous avons sept pays opposés aux rallonges financières qui ont fait valoir leur minorité de blocage et ont porté plainte auprès de la cour de justice de l'Union européenne (CJUE) contre ce mode de fonctionnement". Cette dernière leur a donné raison, estimant que ce recours financier ne devait exister que de façon Ces derniers jours, j'étais à Bruxelles, à la Commission européenne. J'y ai rencontré d'autres associations européennes qui, elles aussi, font bouger leurs bases. En amont du conseil des ministres prévu le 19 septembre 2011, nous avons bien l'intention de nous faire entendre !", avertit d'ores et déjà Jean-Claude Callens.