Au nombre de 627 en Côte-d'Or en 2005, les employés de la vie scolaire (EVS) devraient continuer à disparaître à la rentrée 2011-2012... mais pas dans le silence!

Le collectif de défense des EVS, avec le soutien des syndicats - FSU*, CGT éduc'action*, Sgen-CFDT* -, a en effet manifesté mercredi 15 juin 2011 devant la préfecture de Côte-d'Or à Dijon, afin de dénoncer le non-respect de leurs contrats par l'État. Une vingtaine de participants se sont ainsi plaints de la précarité des contrats aidés, l'insuffisance des propositions de formation et le "mépris" avec lequel ils seraient considérés. Très en colère, ils envisagent même de saisir le Conseil des prud'hommes...
Des formations promises mais jamais (vraiment) effectuées
En 2005, le ministère de l'Éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche lançait une mobilisation afin de faciliter l'insertion professionnelle aux personnes bénéficiaires du revenu minimum d'insertion et aux personnes au chômage en fin de droit. 45.000 emplois vie scolaire (EVS) à durée déterminée ont ainsi été distillés dans toute la France. Ces personnes, qui ont exercé principalement un travail d'assistance administrative et d'aide aux enseignants des écoles maternelles et primaires, devaient initialement suivre des formations professionnelles pour une meilleure insertion sur le marché du travail une fois leur contrat terminé...
''À l'heure d'aujourd'hui, nous sommes tous un peu déçus parce que nos contrats se terminent à la fin du mois et nous n'avons reçu aucune formation. Nous allons nous retrouver à la case départ, c'est-à-dire au Pôle emploi ! Normalement, ce travail était prévu comme contrat aidé - l'aide au retour à l'emploi. Mais nous nous apercevons que rien n'a été fait'', conclut Christine, membre du collectif de défense des EVS.
Cependant, une formation a quand même été effectuée : en trois ans, tous ont reçu une formation de premier secours de 12 heures... ''Est-ce quelque chose de sérieux pour faciliter notre entrée dans le monde du travail ?''. Dix jours avant la fin de son contrat, Christine a l'occasion de faire une formation bureautique de 33 heures. ''Il s'agit d'une formation à distance et je ne peux même pas accéder au logiciel informatique ! Et ils m'ont dit que si je ne pouvais pas faire la formation sur mon temps de travail, je devrai l'effectuer chez moi'', explique Christine.
Un salaire de 600 euros mensuel
Les contrats d'accompagnement dans l'emploi (CAE) et les contrats d'avenir (CA) créés en mars 2005, ont été fusionnés en contrat unique d’insertion (CUI) le 1er janvier 2010. ''L'intitulé est différent mais la formule est la même. Le nombre d'heures est passé de 26 à 20 heures par semaine. Avant 2010, il existait deux types de contrat : de 26 heures et 20 heures, selon la situation de chacun. Mais depuis 2010, les contrats de 26 heures n'existent plus, sauf pour ceux qui ont signé leurs contrat avant le 1er janvier 2010. Avec 20 heures de travail par semaine, nous gagnons à peine plus de 600 euros par mois. Les contrats aidés devraient faciliter les gens à se réinsérer dans le monde du travail or l'État se sert de cet argument pour les plonger encore plus dans la précarité. Chacun devrait pouvoir vivre correctement de son travail'', conclut Emmanuel, membre du collectif EVS.
Le contrat d'Agnès, ancien agent administratif à un an de la retraite, touchera à sa fin le 31 août 2011. ''J'ai une formation courte qu'ils m'ont donné. J'ai posé la question de savoir s'ils vont me la prolonger et j'attends la réponse mais j'ai peur que ce soit négatif. Je ne sais pas ce que je vais faire. Il me manque une année jusqu'à la retraite. Je postule à des annonces pour les emplois proposés et ils ne répondent même pas à la candidature. J'ai postulé à une annonce quatre fois mais je n'ai reçu aucune réponse...'', explique Agnès.
''Il existe un besoin réel pour nos postes ! ''
Les tâches habituelles des EVS ? Les missions d'animation et d'accompagnement des élèves handicapés. Mais ce personnel est également présent dans la classe avec l'instituteur afin de l'aider dans ses tâches et il s'occupe de travaux administratifs pour aider le directeur d'école. ''La classe et les instituteurs ont besoin de nous parce qu'il s'agit souvent d'un double niveau. Le maître est seul avec 25 enfants, il a besoin d'un EVS. Même si cela ne représente pas beaucoup d'heures, le peu que nous sommes là est déjà énorme pour eux. Il existe donc un réel besoin pour nos postes. Les directeurs ont des tâches administratives bien plus lourdes, bien plus importantes qu'auparavant or ils sont toujours en charge de leurs classes...", explique le collectif des EVS.
''Les pétitions ne sont pas compatibles avec l'emploi du temps du ministre ! ''
"Différentes manifestations doivent se dérouler au cours du mois de juin en France et une pétition intersyndicale a circulé tout au long de l'année scolaire. Nos organisations, au niveau national, ont d'ailleurs fait un courriel au ministre du Travail, au ministre de l'Éducation nationale et au Premier ministre, afin de leur demander une audience pour remettre ces pétitions. Mais le Premier ministre (ndlr : François Fillon) a répondu que ce n'était pas compatible avec son emploi du temps. Et les deux autres ministres ne se sont même pas donné la peine de répondre'', relatent les EVS.
Après leur rassemblement devant la préfecture, les manifestants ont été reçus par Christiane Chavanelle, chef de cabinet d'Anne Boquet, préfète de la Côte-d'Or, qui a affirmé qu'elle allait faire remonter toutes les remarques et qu'elle transmettra un compte-rendu de l'audience... Par ailleurs, le Collectif de défense des employés de vie scolaire envisage de déposer une plainte aux prud'hommes. À noter que plusieurs conseillers prud'homaux - à Libourne, Angers, Digne-les-Bains, Nevers, Montluçon, Amiens et Tours -, ont rendu des jugements en faveur des EVS en raison du non respect du code du travail par l'employeur : l'État.
* Fédération syndicale unitaire (FSU), confédération générale du travail (CGT éduc'action), syndicat général de l’Éducation nationale et confédération française démocratique du travail de Côte-d'Or (Sgen-CFDT).