Billet de blog 14 novembre 2008

Vincent Truffy (avatar)

Vincent Truffy

Journaliste à Mediapart

Presse: des états de moins en moins généraux...

... Bientôt, il ne restera plus que l'Etat. Tant que ce n'était que Mediapart qui claquait la porte 17 minutes, montre en main, après le début, ce n'était finalement pas grand chose. Quelques journalistes, des principes, rien quoi.Mais Emmanuel Beretta annonce sur Le Point.fr un départ plus «fâcheux»: les représentants de Lagardère (premier éditeur mondial de magazine — Elle, Télé7Jours —, propriétaire du Journal du dimanche, forte présence dans le capital du Monde et du Monde.fr, opérateur du principal diffuseur de presse, les NMPP...) ont quitté leur groupe de travail (Industrie, dirigé par Arnaud de Puyfontaine). Raison avancée par le journaliste du Point: «Arnaud Lagardère a vécu comme une “provocation” que son ancien collaborateur, Gérald de Roquemaurel, ait été nommé rapporteur.»

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Vincent Truffy

Journaliste à Mediapart

... Bientôt, il ne restera plus que l'Etat. Tant que ce n'était que Mediapart qui claquait la porte 17 minutes, montre en main, après le début, ce n'était finalement pas grand chose. Quelques journalistes, des principes, rien quoi.

Mais Emmanuel Beretta annonce sur Le Point.fr un départ plus «fâcheux»: les représentants de Lagardère (premier éditeur mondial de magazine — Elle, Télé7Jours —, propriétaire du Journal du dimanche, forte présence dans le capital du Monde et du Monde.fr, opérateur du principal diffuseur de presse, les NMPP...) ont quitté leur groupe de travail (Industrie, dirigé par Arnaud de Puyfontaine). Raison avancée par le journaliste du Point: «Arnaud Lagardère a vécu comme une “provocation” que son ancien collaborateur, Gérald de Roquemaurel, ait été nommé rapporteur.»

Le lendemain, c'est Patrick Eveno, le vice-président du pôle «Concentration, pluralisme et développement», qui prend la plume (dans le même Monde) pour regretter le boycottage du Forum permanent des société de journalistes: «Il cherche à déconsidérer à l'avance le travail mené dans les Etats généraux.» Pis: «Certes, dans une démocratie “ordinaire”, l'intervention de l'Etat dans des affaires de presse serait considérée comme une atteinte à la liberté. Il reste qu'en France, l'Etat intervient depuis la Libération pour distribuer des aides à la presse et légiférer dans tous les domaines.» Cela fait des années que l'Etat achète la complaisance de la presse, donc les journalistes n'ont qu'à se taire.

C'est d'ailleurs une manœuvre dans ce sens qu'annonce, vendredi 14 novembre, La lettre A (accès payant): Emmanuelle Mignon, ex-pourvoyeuse d'idées de la campagne de Nicolas Sarkozy, ex-directrice du cabinet à l'Elysée, devenue conseiller du président pour les états généraux de la presse écrite, essaie de rattraper les journalistes réticents en leur promettant de faire reconnaître par la loi les sociétés de rédacteurs et en leur accordant un droit de regard sur les nominations dans la hiérarchie des rédaction.

Au risque de s'aliéner les éditeurs? Non, poursuit La lettre A: c'est un «donnant-donnant»; les directions obtiendraient en retour la remise en cause des droits d'auteur des journalistes en pouvant «exploiter sans restriction tous leurs contenus quel que soit le canal de diffusion».

Comment récupérer, dès lors, un public et une légitimité? En s'invitant au congrès de la Fédération nationale de la presse (19-21 novembre à Lyon). La FNPF regroupe en effet six organisations d'éditeurs: la Fédération nationale de la presse d'information spécialisée, la Fédération de la presse périodique régionale, le Syndicat de la presse parisienne, le Syndicat professionnel de la presse magazine et d'opinion, le Syndicat de la presse quotidienne départementale et le Syndicat de la presse quotidienne régionale. Une bonne occasion pour Arnaud de Puyfontaine de présenter un certainement très décoiffant «rapport de mi-étape sur le processus».

Si Lagardère ne vient plus à toi, va donc à Lagardère...