
Finalement que connait-on de la production musicale espagnole sinon les répertoires classiques, arabo-andalous et flamencos ? Une figure telle Luz Casal ? La méga star planétaire Julio Iglesias ? Méconnue de ce côté ci des Pyrénées, Silvia Pérez Cruz risque de renverser la vapeur. Avec son premier album solo, 11 de novembre, l’interprète catalane dévoile treize miniatures aux climats variés, souvent intimistes. Lietzenburgerstrasse 1976, la plage d’introduction met au diapason avec sa boite à musique et un titre au parfum nostalgique de Mitteleuropa. La musique folk sert de passeport. Un visa qui imprime Iglesias, et ses discrets accords de slide mâtinés de violoncelle. Les voix sont particulièrement soignées. Jusqu’à l’apparition attendrissante et fugace d’une chorale ; des arrangements qui ponctuent régulièrement l’album. Pourtant, si de l’avis de la jeune interprète, la pop baroque d’un Nick Drake marque 11 de novembre, la modernité de l’entreprise ne s’arrête pas à cette influence. Elle renvoie aussi à la sphère culturelle latine, la péninsule ibérique avec ses titres en portugais mais également la chanson traditionnelle cubaine et le tropicalisme brésilien. Une ambiance métissée ressentie sur les emballants O meu amor é gloria et Dias de paso. Ou lors des incursions jazz, les véritables pastels d’une production qui s’accorde toutes les audaces. Sa reprise, il y deux ans, du Cucurrucucu Paloma, chanté en son temps par Caetano Veloso pour le film Parle avec elle de Pédro Almodovar, est particulièrement significative. A l’instar de son illustre compatriote, Silvia Pérez Cruz cultive un univers dense. Un point d’équilibre ici savamment entretenu. La tristesse de certain propos n’est pas figée et l’enjouement jamais forcené. Le résultat n’est que plus attachant.
Silvia Péres Cruz sera en concert, jeudi 7 février 2013, sur la scène de l’Alhambra à Paris dans le cadre du festival Au fil des voix.
11 de novembre Universal
Vincent Caffiaux