
Né en Barcelone en 1964, Carlos Ruiz Zafon vit aujourd'hui aux Etats-Unis. Ce roman, La Sombra del viento (l'Ombre du vent) est un roman sur l'amour du roman, ou plutôt de la façon dont on peut tomber amoureux d'un livre et de ses personnages.
L'histoire : un libraire emmène son fils Daniel pour qu'il connaisse un lieu secret de Barcelone après la guerre civile espagnole. Ce lieu est le cimetière des livres oubliés, dans lequel le jeune Daniel doit choisir un livre. C'est le début de la quête de Daniel à la recherche de l'auteur du roman. J'ai aimé la fluidité de l'écriture et le rythme de l'histoire, l'humour et la poésie du verbe.
Cependant, si on est un puriste de la langue (ce que je suis un peu!), on se demande comment des personnes de l'époque 1950 peuvent parler le colloquial utilisé dans le roman, (comme je l'ai lu en espagnol, je mets les expressions qui m'ont choquée - la esperanza blanca, doparse.... ) et la scène de duel est un peu surprenante (un duel dans les années 50?).
Il y a un peu de roman suspens, de roman rose et de tragédie grecque dans ce roman là !
Mais la prose de l’écrivain est aussi très fleurie comme cette description de Barcelo, l’ami libraire de son père : « Aquel hombre destilaba una oratoria capaz de aniquilar las moscas al vuelo (…) » Essai de traduction : cette homme distillait un discours capable de tuer une mouche en plein vol (…).
On réussit à se passionner vraiment pour cette histoire abracadabrante remplie de personnages un peu manichéens...
Je me suis assez retrouvée dans les passages ou l'auteur décrit l'admiration, la passion de la lecture de Daniel et de Clara, l'aveugle qui adore la littérature. Quand Daniel termine le premier roman de Julian Carax, il écrit :
"En una ocasión oí comentar a un cliente habitual en la librería de mi padre que pocas cosas marcan tanto a un lector como el primer libro que realmente se abre camino hasta su corazón. Aquellas primeras imágenes, el eco de esas palabras que creemos haber dejado atrás, nos acompañan toda la vida y esconden un palacio en nuestra memoria al que, tarde o temprano —no importa cuántos libros leamos, cuántos mundos descubramos, cuánto aprendamos u olvidemos—, vamos a regresar. Para mí, esas páginas embrujadas siempre serán las que encontré entre los pasillos del Cementerio de los Libros Olvidados."
Essai de traduction : Une fois, j'ai entendu un client de la librairie de mon père dire que peu de choses marquent autant un lecteur que le premier livre qui s'ouvre réellement un chemin jusqu'à son coeur. Ces premières images, l'écho de ces mots que nous croyons avoir laissés en arrière, nous accompagne toute la vie et cache un palais dans nos mémoires, dans lequel tôt ou tard -peu importe le nombre de livres que nous lisont, le nombre de mondes que nous découvrons, ce que nous apprenons et ce que nous oublions-, nous reviendrons. Pour moi, ces pages ensorcelées seront toujours celles que j'ai trouvé dans les coursives du cimetière des livres oubliés"
Je m'identifie assez à cette phrase. Ils sont peu nombreux les livres qui marquent le lecteur en ouvrant "un chemin jusqu'à son coeur" , les livres vers lesquels on revient, qu'on relit plusieurs fois, que l'on aime à reprendre sur l'étagère.
Je ne relirai pas le roman de Zafon, mais j'ai aimé le lire.
Le plus drôle est que je viens d'entamer, (est ce une suite logique, sûrement pas?), mais en tout cas, je reste dans la même période le livre de Juan Eslava Galán, qui est un essai romancé sur la guerre civile en Espagne. Un récit qui se veut impartial citant et détaillant les atrocités commises des deux cotés… Cela s'appelle (je ne l'invente pas : "Una historia de la guerra civil que no le va a gustar a nadie". Je ne pense pas que ce livre soit traduit en français (Une histoire de la guerre cicile qui va ne plaire à personne)
Extrait du premier chapitre : http://www.edition-grasset.fr/chapitres/ch_zafon.htm (en français)
Le site officiel du roman : http://www.lasombradelviento.net/ (en espagnol)