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La France VUE D'ICI

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Billet de blog 26 juin 2015

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8 nouveaux photographes pour La France VUE D'ICI

Dans les prochaines semaines sur La France VUE D’ICI, il sera beaucoup question de formation et d’éducation, des ravages de l’amiante et de la prise en charge des malades d’Alzheimer, des transports en Ile-de-France…  Huit nouveaux photographes rejoignent en effet le projet documentaire initié par Mediapart et le rendez-vous photographique de Sète, ImageSingulières.

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Illustration 1
Décrochage © Patrice Terraz / La France VUE D'ICI

Dans les prochaines semaines sur La France VUE D’ICI, il sera beaucoup question de formation et d’éducation, des ravages de l’amiante et de la prise en charge des malades d’Alzheimer, des transports en Ile-de-France…  Huit nouveaux photographes rejoignent en effet le projet documentaire initié par Mediapart et le rendez-vous photographique de Sète, ImageSingulières. A ce jour, ce sont donc 17 photographes engagés pour proposer jusqu’en 2017, année présidentielle, un portrait du pays. Ce travail collectif (et encore inachevé) est visible depuis septembre 2014 sur le site La France VUE D’ICI.

Pour lancer la deuxième étape du site, la commission de sélection des projets s’est réunie le 16 juin dernier. Nous étions sept : Laurent Davezies, professeur au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), titulaire de la chaire « économie et développement des territoires », et professeur à Sciences-Po. Auteur du récent Le nouvel égoïsme territorial, le grand malaise des nations (Seuil, 2015), il est souvent intervenu sur Mediapart, pour commenter le vote Front national ou sur la contestation sociale sur certains territoires ; Pierre Schoeller, réalisateur de Exercice de l'Etat (2011), Les Anonymes - Ùn' pienghjite micca (diffusé sur Canal en 2013 et maintenant disponible en DVD), il fut aussi l'invité d'une soirée En direct de Mediapart sur les rapports entre la politique et le cinéma, à revoir ici ; Julie Corteville, conservatrice en chef du Musée Français de la Photographie, à Bièvres dans l'Essonne ; Valérie Laquittant et Gilles Favier, fondateurs du rendez-vous photographique de Sète, ImageSingulières ; Rachida El Azzouzi et Sophie Dufau, de Mediapart.

Le temps de s’assurer que chaque photographe retenu était bien disponible et toujours prêt, voici donc ce billet annonçant les noms et les projets :

Joseph Gobin (voir ici) s’interessera aux élèves du plus ancien lycée hôtelier de France et certainement d’un des plus réputés, en Haute-Savoie. Ce lycée compte cinq restaurants dont deux ouverts au public et un hôtel, ouvert également aux clients. Joseph Gobin a déjà suivi des élèves durant les cours, il projette de les suivre dès la rentrée prochaine « lors de stages en entreprise, lors de leur confrontation avec le monde du travail réel ».
Nanda Gonzague (voir ici) travaillera lui sur l’amiante, ce produit hautement toxique qui a nourri et enrichi de nombreuses régions, villes et bassins d'activité depuis le début de son exploitation vers 1860. Il sillonnera la France, vingt ans après l'interdiction de l'amiante dans l'Hexagone, pour mesurer l’ampleur de la catastrophe sanitaire, tant auprès des victimes que de leurs proches, mais aussi l’ampleur de la catastrophe industrielle avec les sites fermés, abandonnés et pour certains encore non décontaminés.
Géraldine Millo (voir ici) s’intéressera elle aussi à l’apprentissage, mais dans un secteur où se retrouvent une forte majorité de filles, les filières du service, du soin. Ayant déjà travaillé sur les filières dévolues plutôt aux garçons (voir sa série Les Héritiers) elle souhaite « construire un nouveau travail photographique sur ces filières, non pas pour opposer travail de garçon, travail de fille, mais pour continuer de dérouler la complexité de l’école professionnelle et ce qu’elle dit de notre société française d’aujourd’hui. »

Illustration 2
Extrait de la série Océan Indien © Romain Philippon

Avec Romain Philippon et François Gaertner, nous partirons à la Réunion, auprès des auditeurs de radio Free Dom, « de très loin la radio la plus écoutée et la plus influente à l’île », écrivent les deux journalistes. Ici, l’antenne est ouverte tout au long de la journée, chacun peut y passer des annonces, donner des nouvelles ou son opinion sur l’actualité. Pour l’auditeur, Free Dom est « une grande conversation perpétuelle, populaire et foutraque, où l’île se branche pour prendre sa propre température ». Romain Philippon (à la photo) et François Gaertner (au son), s’attacheront plus particulièrement aux auditeurs de Chaleurs tropicales qui chaque soir de 20h à minuit accueille normalement « les libertins et les cœurs solitaires, mais aussi tous les autres, indociles, qui refusent de se plier à la loi des tranches horaires et continuent d’appeler pour parler d’autre chose ». Comme un portrait de l’île à partir de ses voix anonymes.
Frédéric Stucin s’installera Gare Saint-Lazare. Deuxième gare d’Europe, c’est une des portes d’entrée et de sortie les plus importantes de Paris, avec quelque 450 000 voyageurs par jour. Une gare en mutation (centre commercial, ligne 14 du métro, RER, etc.) qui se trouve au cœur du projet d’aménagement du Grand Paris. Frédéric Stucin propose « d’étudier les mouvements de foule, d’observer où vont les gens, surtout comment. Tenter de donner un visage à ces flux anonymes et compacts, en isolant les personnes. Un peu à la manière de William Klein, quand il filme les départs en vacances en 1963 gare de Lyon, la frénésie, l’agitation. Ou du travail de Garry Winogrand sur les aéroports américains dans les années 1960-70. »
Retour à l’école avec Flavio Tarquinio (voir ici son travail), dans la Sambre Avesnois à une centaine de kilomètres de Lille. Lieu industriel d’une intense activité jusque dans les années 70, à l’origine de multinationales cotées en bourse (Vallourec, Danone…), elle comptabilise aujourd’hui un taux de chômage record. Flavio Tarquinio souhaite travailler sur les classes SEGPA (Section d’enseignement général et professionnel adapté), destinés aux enfants et d’adolescents qui sans présenter une déficience ou un handicap avéré ont un retard dans les acquisitions. Dans une démarche bien particulière, écrit-il : « Avec l’aide des professeurs et l’accord des enfants, intégrer la vie quotidienne d’une classe de chaque niveau et choisir un enfant qui sera représentatif de sa classe. Dès lors je pourrai découvrir l’environnement scolaire puis social de ces enfants. »
Enfin deux autres sujets déjà terminés ont été achetés : celui de Patrice Terraz sur la lutte contre le décrochage scolaire dans un lycée situé à 30 kilomètres de Perpignan déjà en ligne sur la France VUE D’ICI, et celui de Hervé Baudat sur les services dits de « long séjour » des hôpitaux publics, « ces lieux où vivent ceux qui oublient et qu’on oublie » écrit-il, en ces lieux où vivent des malades d’Alzheimer (son sujet a déjà fait l’objet d’un portfolio sur Mediapart, et une version plus large sera mise en ligne dès la semaine prochaine sur la site La France VUE D'ICI)

Ces nouveaux entrants rejoignent les neufs photographes déja engagés : Nadège Abadie, Pablo Baquedano, Jacob Chetrit, Jean-Robert Dantou, Raphaël Helle, Yohanne Lamoulère, Stéphane Lavoué et Catherine Le Gall, Marion Pedenon et Vladimir Vasilev.

Tout ce travail n’aurait pas pu se mettre en place sans le soutien de tous les contributeurs au projet, tous ceux qui grâce à leurs dons lors de nos campagnes de financement sur KissKissBankBank (voir la première, ici, et la deuxième, ) nous permettent de rémunérer les photographes.

Encore merci à vous. Et pour accueillir encore plus de photographes et achever ce projet par un livre et une exposition itinérante, d’autres campagnes de financement seront organisées. Nous vous tiendrons au courant :-)