Le 25 août 2002 des membres des autorités autonomes zapatistes de la Commune autonome Ricardo Flores Magón se rendirent à la rancheria Amaytic pour résoudre un problème lié à la séparation d'un couple. Quelques jours auparavant, apprenant que les membres du conseil autonome se rendraient à la communauté, les priistes organisèrent des réunions extraordinaires avec des paramilitaires de l'Organisation pour la défense des droits indigènes et paysans (OPDDIC) dans les communautés Peña Limonar et Cuauhtémoc, où fut planifiée une attaque contre des membres de l'Armée zapatiste de libération nationale (EZLN).
À 9 heures du matin, ce 25 août, un groupe de vingt paramilitaires se rassembla autour de l'école où se réalisait la réunion et, peu après, attaquèrent les autorités zapatistes. Jacinto Hernández Gutiérrez fut attaqué et tué à coups de masse sur la tête. Plus tard, Lorenzo Martínez Espinoza connut le même sort : après l'avoir attaché, ils tirèrent sur lui à moins de trois mètres de distance à l'aide d'une carabine calibre 16. Lorenzo mourut sur le coup. Les paramilitaires s'enfuirent, couverts par les policiers.
Les jours suivants, les assassins dont les noms et prénoms sont connus se réfugièrent à Peña Limonar, toujours sous la protection du gouvernement, ce qui poussa les autorités du Conseil autonome à empêcher qu'eux et leurs complices puissent revenir dans la communauté.
Cette histoire précède l'actuelle persécution et les menaces de mort dont souffrent les bases d'appui de la rancheria d'Amaytic, qui se retrouvent encerclées par deux cents paramilitaires de l'OPDDIC depuis le 16 mars. Le Conseil de bon gouvernement de La Garrucha a dénoncé le fait que les « opddiques » poursuivent les zapatistes avec des armes à feu et menacent les femmes. Il s'agit de paramilitaires de Peña Limonar qui construisent en ce moment des maisons à Amaytic pour les responsables des deux assassinats précédemment mentionnées. Comme à Acteal, les paramilitaires veulent revenir sur les lieux de leurs crimes et, comme à Acteal, ils bénéficient de la complicité du gouvernement de l'État.
C'est la provocation la plus récente, qui vient s'ajouter aux agressions à Laguna San Pedro, à Bolon Ajaw et au hameau de Santo Domingo, pour ne mentionner que les harcèlements du mois précédent.
Face à l'augmentation de la violence contre les villages zapatistes, ce samedi des protestations sont organisées dans de nombreuses villes du Mexique et du monde. Sur la place centrale de la capitale du pays dès 10 heures du matin seront présents des brigades d'information, des groupes musicaux, des banderoles et la présentation de l'Autre Musée « Voyage virtuel dans la résistance zapatiste ».
Gloria Muñoz Ramírez
"La Jornada", samedi 20 mars 2010, chronique « Ceux d'en bas ».
(Traduit par le CSPCL)