Billet de blog 11 juin 2015

michel-lyon

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40. La justice les aurait blanchis, qu’ils disent !

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Blanchis ? Non. Mais cette justice ne se trouve t’elle pas en réalité, démunie face, sinon au crime organisé, du moins face à la grande délinquance organisée ? Car dans les Etats de droit, dans les démocraties, la justice est faite pour juger des personnes pour les actes qu’elles ont personnellement et intentionnellement commis. C’est fondamental.

Or dans les affaires de grande délinquance organisée, chaque maillon de la chaîne effectue la tâche qui lui est assignée, et se défend d’avoir eu l’intention de finalité du système, prétend l’avoir même  ignorée !

Quand au bénéficiaire final, commun aux affaires dont les jugements de relaxe ont choqué,  il ignorait tout des activités de ces braves gens qui prenaient des risques insensés pour lui. Il ignorait même en avoir bénéficié ! Effet du hasard, tous ont été décorés…au nom de la République (bafouée).

Les magistrats et policiers chargés de l’instruction ont appris à explorer ces montages complexes, supranationaux,  pensés par des spécialistes expérimentés, qui de surcroît, y ont installé des fusibles, des leurres et des cloisons étanches. La françafrique en a été particulièrement productive ! Trafics en tous genres, corruption et blanchiment d'argent sale reposent sur de tels réseaux, intermédiaires entre deux sphères supposées l'une légale, l'autre illégale, mais intimement imbriquées.

Il apparaît bien que ces relaxes choquantes ont été prononcées faute de démonstration suffisante que chaque prévenu ait eu l’intention des conséquences des actes collectivement exécutés. En effet, le jugement prend soin d’énoncer les malversations auxquelles les prévenus ont contribué. Leurs fonctions les plaçaient haut dans l’ingénierie du montage.

Aux législateurs, au gouvernement -et non pas aux juges- de créer les moyens pour combattre les montages sophistiqués qui défient les tribunaux.

La solution n’est certainement pas dans la multiplication des instances privées d’arbitrage inaugurée en France dans l’affaire Tapie par madame Lagarde immédiatement exfiltrée vers le FMI, non plus que les arbitrages privés  que TAFTA, le grand Marché Transatlantique veut officialiser : ils ne concernent que des affaires de concurrence au profit du plus fort, et veulent écraser les dommages causés aux salariés, à l’environnement, à la santé publique, ou aux Etats.

La solution n’est pas non plus dans ce que voulait Sarkozy : la suppression des juges d’instruction. Elle n’est pas non plus dans un appareil judiciaire à l’anglo-saxonne fondé non pas sur la recherche de la vérité, (enquête à charge et à décharge), mais fondée sur le fait de convaincre au plaider coupable même si l’on n’est pas le coupable, parce qu’on n’a pas les moyens de financer les investigations nécessaire à sa défense. Ce système assure la prospérité des avocats et crée des records d’innocents emprisonnés ou exécutés dans les Etats qui pratiquent encore la peine de mort. Record donc de coupables jamais punis.

Aux électeurs vrais républicains de faire le ménage anti-ripoux !

 Remarquons enfin que le principe de ces organisations perverses inspire la nouvelle organisation du travail qui vient d’être propagé, généralisé dans la quasi-totalité des activités et assure l’impunité des (ir-)responsables tant vis-à-vis des salariés dans leur emploi ou dans leur santé, que vis-à-vis des « clients » ou des usagers, ou vis-à-vis de l’environnement, et finalement de la société tout entière. L’industrie financière l’a révélé quand on a connu la genèse de la crise des subprimes, et retrouvé dans les scandales qui ont suivi. Seul Kerviel a été inquiété, fusible doré, dans une organisation conçue pour la spéculation maximale par tous moyens. Les administrations, les services publics (après les entreprises) ont été soumises à des schémas d’organisation de ce type, couplés avec le partenariat public-privé. Lire leurs les témoignages de demandeurs d’emploi au sujet de l’ANPE-ASSEDIC, modèle de bureaucratie autiste irresponsable de ses actes.

C'est le principe d'organisation néolibéral.

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