* Le Mai-Juin 68 ouvrier a été la grande trouille des patrons, des banquiers et des politiques de tous bords. Une guerre totale a été alors lancée. Cette guerre a commencé par détruire l’identité, la fierté ouvrière, son professionnalisme. Puis ce fut la robotisation. Puis la délocalisation vers des territoires d’esclavage moderne, de dérèglementation du travail et de dérèglementation en santé publique, a privé d’emploi une grande partie de notre population laborieuse. Et ce n'est pas fini !
La précarisation par l’affaiblissement du droit du travail et le chantage permanent aux licenciements massifs exercent une pression féroce.
Au lieu de réduire les différences au sein de l’Europe, le néolibéralisme triomphant les a accrues, jetant sur les routes d’Europe des cohortes de chômeurs européens et de trafiquants de main d’œuvre.
Les chaos issus de la colonisation, puis de l’intervention néolibérale dans les anciennes colonies, contraint la jeunesse d’Afrique à se livrer aux trafiquants pour chercher emploi et salaire en Europe.
Une propagande intense veut imposer de prétendus conflits de civilisation à la place de la lutte des classes, quand la classe capitaliste conduit une guerre économique, sociale et politique totale.
Enfin, un schéma « luttes ouvrières » prétendues « syndicales » continue à sévir, qui isole des combats qui ne seraient qu’économiques », cantonnés aux formes « syndicales », alors qu’ils sont éminemment et de plus en plus consciemment politiques.
* Il y a en outre un examen critique à faire, non pas de la classe ouvrière, mais de ce qui a construit son image dans la société.
1. quand et de quelle façon "la classe ouvrière" s'est-elle affirmée au cours du 19° et du 20° siècle ? Pour chacune de ces apparitions quelles catégories ouvrières étaient en mouvement, sur quelles motivations ? Avec quelles initiatives de lutte ? Comment la séparation du « combat syndical » alimentaire, d’avec le politique a t‘elle été vécue, contestée, comment a-t-elle été finalement imposée ?
2. l'image que le PCF a créée de lui-même proclamait une ossature "parti de la classe ouvrière" et prenait les luttes ouvrières à son compte. Mais il en donnait une image filtrée, recolorisée selon ses intérêts spécifiques, notamment en fonction de ses fins électorales. Examiner aussi le rôle qu'a joué le PCF pour valoriser certains axes de lutte et pas d'autres, certaines formes de lutte et pas d'autres.
3. Analyser les images que la presse donnait de "la classe ouvrière" au fil des évènements, avec quelle finalité ? Aujourd'hui lorsqu'elle évoque le monde ouvrier, c'est dans un but tendancieux, abusivement pro-FN.
4. Il serait temps de penser notre histoire comme pas seulement hexagonale : jusqu'en novembre 1954, puis 1962, plusieurs colonies étaient des départements ou des territoires français, vastes, où se trouvaient des parties importantes de classe ouvrière, et de luttes avec des motivations communes pour certaines, spécifiques pour d'autres. Et c'est encore le cas aujourd'hui. Mais qui prend ce fait en compte ???
5. A l'évidence nous restons enfermés dans ces représentations, alors que la réalité des luttes ouvrières était, et est toujours, infiniment plus ouverte et diverse que ce qu'en restituent l'institution syndicale et les médias.
Voilà un gros chantier qu'il est urgent de mener et qui nécessite que des historiens et des sociologues s'en emparent. (Les ressassements dogmatiques qu’on affectionne à gauche « de la gauche », ne sont d'aucun intérêt, et doivent même être détruits pour que les luttes puissent enfin se déployer).
* La soumission du PS aux exigences de la finance néolibérale est criminelle, désespérante.
Il est urgent qu’une perspective mobilisatrice apparaisse authentiquement de gauche, face au racolage conduit par le FN et ses rabatteurs !