Le blogueur n’échappe pas, sauf exception, au besoin généralisé de reconnaissance. Pourquoi d’ailleurs y échapperait-il dans une société qui, au nom de l’individu roi, ignore les personnes réelles à part quelques unes érigées et virtualisées au rang de « people ». Le blogueur souhaite donc, souvent, devenir un « web-people ». Les sites de journalisme dit citoyen sont confrontés à cette demande et leur choix d’une gratuité (fausse) payée par la publicité et l’audimat a amplifié ce phénomène. Les deux noms des derniers candidats aux présidentielles garantissent, presqu’à coup sur, le résultat : un grand nombre de visites érigeant l’auteur au rang d’auteur du moment... Un peu de provocation dans le titre ne gâtant rien. Plus difficile, voire impossible, l’obtenir en parlant des vaincus du premier tour ! Surfer sur l’actualité immédiate peut être plus facile mais n’est pas garantie parce que demandant plus de talent que de provocation. Quant à la réflexion...quel mot obscène. Restent pour quelques uns, que j’admire, la légèreté et l’humour !
Et sur Mediapart ? L’absence de publicité et d’audimat limite les dégâts. Mais ce weekend nous a montré que nous n’étions pas, et c’est peut-être heureux, à l’abri. Le bouton recommander, parcimonieusement utilisé par les lecteurs, et les choix de la rédaction, hors du contrôle du blogueur, étant par trop aléatoires reste la recette décrite ci-dessus. Un titre détestable visant la perdante de l’élection présidentielle, un billet écrit avec un certain style et non un style certain et le tour est joué. Rajoutez-y des réponses systématiques et limites de l’auteur aux commentateurs et le résultat est obtenu. Plus de cent commentaires sur « rien », ce qui est le propre du journalisme people, un billet repris dans la sélection hebdomadaire, le piège s’est refermé.