a.spohr (avatar)

a.spohr

Abonné·e de Mediapart

Billet publié dans

Édition

Municipales 2014

Suivi par 26 abonnés

Billet de blog 8 février 2014

a.spohr (avatar)

a.spohr

Professeur honoraire ( secondaire, supérieur, universités US; ancien journaliste de PQR.. Correspondant de presse

Abonné·e de Mediapart

Strasbourg. Ralentir : attention électeurs !

La boule n’est pas encore lancée et les jeux ne sont pas faits comme le laissent prudemment entendre la presse locale et le politologue de service, l’éminent Richard Kleinschmager.

a.spohr (avatar)

a.spohr

Professeur honoraire ( secondaire, supérieur, universités US; ancien journaliste de PQR.. Correspondant de presse

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La boule n’est pas encore lancée et les jeux ne sont pas faits comme le laissent prudemment entendre la presse locale et le politologue de service, l’éminent Richard Kleinschmager.

En Alsace/Moselle on  disait  jadis « So schnell schiessen die Preuse nicht » - les Prussiens  ne tirent pas si vite que çà – pour calmer le jeu et inviter à une patiente réflexion. Sondages prématurés et analyses quasi définitives avec la traditionnelle concession à une marge d’erreur, se suivent et se ressemblent, pour le moment.

Le professeur Richard  Kleinschmager, politologue régulièrement sollicité par la presse quand il s’agit d’Alsace, s’en tire le mieux, du moins le plus habilement. Fin novembre 2013 dans un interview  dans Le Point, il déclarait : « l’élection se gagnera au centre ».

Mention très bien, monsieur le professeur car vous aviez bien pris soin de proclamer la fin du centrisme politique avant d’en accorder les caractères résiduels, à  la fois à Fabienne Keller ( UMP ex UDF), à  François Loos (UDI/Radical) et même à Roland Ries, maire PS sortant, «  socialiste revêtu des oripeaux centristes », disiez vous. Au passage vous faisiez remarquer que les deux premiers sont catholiques et vous ne disiez rien de Roland Ries. Chrétien sans doute mais protecteur de toutes les religions : il s’était cependant distingué , face  à des parents d'élèves par une intervention curieuse très remarquée dans la presse, en faveur de la viande hallal dans les cantines scolaires «  par respect pour la diversité mais, aurait-il ajouté, pas de poisson le vendredi par respect pour la laïcité ». Comprenne qui peut.

Sur ce terrain là, Fabienne Keller de son côté n’a pas hésité à voter, en conscience, la loi sur le mariage pour tous. Admirable indépendance ! Des cathos-centristes lui en tiendront-ils rigueur ? Et à l’UMP ? Les pertes  à droite seront-elles compensées par des gains à gauche ?  Ces sujets pusillanimes ne devraient pas beaucoup jouer mais l’électorat est insondable sur des détails pittoresques de ce genre.

Roland Ries favori en perte d’altitude.

Fort juste à vrai dire professeur, mais les effets  peuvent être différents de ce que vous prévoyez en décortiquant les sondages.

En ce qui concerne Roland Ries, précisément ce côté centriste rose peut davantage éloigner de lui l’électorat  qualifié d’extrême gauche où on dénombre de belles pointures derrière le brillant Jean-Claude Val, trop droites dans leurs convictions pour aller, au second tour, à la soupe politicienne d’une gauche douçâtre à leurs papilles. Et pourquoi pas plus que les 5%: ils ne se sont pas encore beaucoup montrés ? 

Et les écologistes d’Alain Jund (10%) ? Sont-ils aussi systématiquement acquis ? Ne sont ils pas « transverses », du moins les électeurs? A  plus de 10%, ils peuvent rester en lice et placer quelques uns des leurs, où ils veulent ? Peu probable mais possible car aucun appareil ne maîtrise vraiment ses électeurs et les accords sont parfois difficiles à concrétiser.

 Et puis restent des traces de la rébellion de Robert Hermann, le 1° adjoint qui s’est senti  trahi par le non respect de la parole du maire de n’accomplir qu’un seul mandat. Il est bien perçu par de nombreux électeurs de gauche qui ne croient plus aux promesses de ce maire là. Alors le tandem de gauche est-il possible ? Partage de la mairie et de la communauté urbaine voilà le deal de la réconciliation.Avec l’ éventuelle concrétisation de l’Eurométropole, qu’est-ce  que cela signifierait ? 

Enfin le tintement de casseroles, méritées ou non, s’entend au loin, couvert par des choix pas toujours appréciés sur le GCO ( Grand Contournement Ouest), choix fluctuant dans ce cas ou la fusion des deux départements alsaciens où la position hésitante du maire a été désapprouvée par les électeurs strasbourgeois. Et encore le peu de pugnacité dans la défense du siège du Parlement Européen à Strasbourg, la curieuse habitude de ne pas répondre au courrier ou aux propositions ou suggestions. « C’est une grande maison que la mairie » a-t-il confié un jour faste pour s’excuser de ses non-réponses. Trop grande la maison ?

 Si le Centre n’est plus ce qu’il était, il en va de même pour le PS, dans une conjoncture défavorable. A quoi sert alors cette belle élite, soumise sous prétexte de solidarité forcée ?

Pourtant le maire affirme qu’il n’a pas changé. Comme François Hollande. On pourrait donc compter sur le même rayonnement de Strasbourg ?

Ce qui n’est pas le cas de Fabienne Keller.

L’ancienne maire et sénatrice a « analysé » les causes de son échec il y a six ans et affirme qu’elle a changé, elle. On a tendance à la croire mais  elle n’est plus en situation de pouvoir. Il faut dire que la «  superbe » qu’on lui reproche parfois, sa personnalité marquée, sa « hauteur de vue »- elle a belle et fière allure aussi – son intelligence de polytechnicienne, en imposeraient à la tête de la Ville qui domine cette plaine d’Alsace où elle est née et qui étend son influence  Outre-Rhin. Sur ce plan, il faudrait qu’elle fasse quelques progrès en  allemand pour éviter d’avoir recours à l’anglais avec nos voisins.

Son programme n’a pas encore été bien dessiné ni clairement communiqué. On sait en tout cas qu’elle désapprouve totalement la gestion de son rival qui l’a battue en 2008 et que, flanquée solidement de son fidèle et pugnace chevalier Pascal Mangin, elle l’a combattu parfois plus âprement que  son ex-associé gaulliste, Robert Grossmann, maire délégué. Ce dernier, qu’on le veuille ou non, admirable bête politique, s’est mis hors jeu pour se  retirer sur l’Aventin d’où, comme les  soldats plébéiens dans la Rome antique ( 495 av JC) refusant d’assurer la défense de la cité si les promesses des patriciens n’étaient pas tenues, il contemple avec un œil critique et avisé la Ville où il a exercé quasiment tous les mandats depuis des décennies sans toutefois jamais avoir été parlementaire.

Comme Catherine Trautmann (Catherine), la candidate Keller a acquis le privilège d’être appelée souvent par son prénom.

C’est donc Fabienne (30%) qui vire en tête de "la droite centriste" pour la dernière ligne droite où elle est au coude à coude avec Roland Ries( 32%). Loin derrière, à 9 %, l’espérance de « l’Alternative » avec François  Loos, même avec une belle croissance en perspective, se dissipe tout en restant indispensable  à une victoire du  Centre-Droit.

François Loos, parti trop tôt, mal préparé ?

On a beau faire, pas facile de se faire connaître et prendre les devants sur un maire sortant et un ex-maire qui pendant des années ont bénéficié quotidiennement des médias locaux et sont encore privilégiés à ce jour ! Polytechnicien aussi, X-mines ( le gratin), ancien député dans la périphérie et surtout ancien ministre, homme affable et modeste, père de six enfants, Strasbourgeois de naissance et de résidence, surdoué  reconnu, candidat nouveau dans une optique nouvelle baptisée habilement « l’Alternative », polyglotte avéré ( il a été ministre du Commerce Extérieur) et bien d’autres qualifications, tout cela ne suffit pas pour apparaître d’emblée comme un candidat  potentiellement victorieux. On sait que de nombreux électeurs courent naturellement au secours des victoires annoncées. Quand même, une telle bête de concours, on ne passe pas à côté ! On mise sur elle ses disponibilités sauf si elle est nouvelle sur un nouveau champ de course ! C’est le cas ici, ce qui a conduit François Loos à multiplier les tournées des popotes, les conférences de presse, les rencontres. Infatigable et toujours souriant.

On lui prête une certaine désinvolture de fort en thème. C’est vrai, en apparence seulement. Il travaille d’arrache-pied mais une petite feuille de notes  manuscrites peut lui suffire pour un discours  structuré et étoffé. On est loin des quatre feuillets dactylographiés de certains orateurs. Il est vrai que souvent la première page n’égrène avec une application soigneuse que des remerciements  flagorneurs que seuls écoutent les encensés du jour. Pas trop le genre Loos.

Alors  quoi ? En avant toute, la barre toujours sur le même angle, tribord/centre ?

Imprudent, peu avisé en tout cas, il avait négligé l’offre de coopération du MoDem, pauvre en adhérents, mais qui garde, à Strasbourg en tout cas, une  empreinte et une considération de parti du Centre. Et Bayrou ? Condamné au soutien de l’UMP pour l’élection à la mairie de Pau, il soutient Fabienne Keller qui de son côté l’avait abandonné à la création de l’UMP. On comprend ou on s’indigne ? Au choix.

 Un sondage ou une enquête commandée à l’edInstitut (études de marketing), très sérieuse, révèle que 74% des Strasbourgeois veulent un changement, plus ou moins affirmé selon les  thèmes, l’emploi venant au premier rang (86%) devant la qualité de vie  suivi de près par l’engagement des personnalités politiques pour conserver le Parlement Européen à Strasbourg ( 75%). Alors au cas où l’UDI ferait liste commune dès le premier tour avec la liste «  Keller », celle-ci pourrait profiter de cette expertise confortée par cette étude. Ou alors au deuxième tour, selon les résultats réels cette fois?

Le  problème est alors celui de la place de l’ancien ministre. Second ? Difficile, compte tenu de la personnalités des deux polytechniciens. Patron de la CUS ( Communauté Urbaine) comme dans le tandem de 2001 dont le souvenir doit faire  frissonner l’ex-maire et comme ce que prévoit également Roland Ries réconcilié avec Robert Hermann ?

Mieux, un poste de délégué exclusif, plénipotentiaire dans le domaine des relations extérieures avec les Institutions Européennes et l’Extérieur, une sorte de Haut-Commissaire, avec une équipe qualifiée à son service ? S’il devait y avoir une sortie par le haut, celle là serait, le cas échéant, la plus profitable à la Ville, à l’Alsace et à la coopération transfrontalière.

Les sondages ne sont que des instantanés certes, mais ils donnent à réfléchir, non seulement à la stratégie de victoire mais aussi à la suite.

Restent en suspens deux  questions prégnantes : - quid du score final du RBM ( ex FN) à 8,5% à ce jour et quelle position au second tour ?

-       l’abstention dès le premier tour et les reports au second ?

La suite au prochain sondage ou à la vérité des urnes.

Antoine Spohr.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.