Dans un article du 27 mars, le New York Times raconte qu'une part croissante de la population (américaine et plutôt la part la plus jeune) n'a plus recours aux médias pour s'informer. «Si l'info est importante, elle me trouvera» (“If the news is that important, it will find me”), explique un étudiant.
Cela ne signifie pas pour autant la fin des intermédiaires, mais les nouveaux passeurs sont les membres du réseau social, réel ou virtuel. La présidente des jeunes démocrates (College Democrats of America) raconte: «souvent, quand je lis un article intéressant, j'envoie l'adresse à 10 amis. Je préfère largement lire l'e-mail d'un ami avec une pièce jointe que de feuilleter un journal pour trouver le papier» (“There are lots of times where I’ll read an interesting story online and send the U.R.L. to 10 friends. I’d rather read an e-mail from a friend with an attached story than search through a newspaper to find the story”).
La lecture de l'article appelle plusieurs questions, déjà soulevées auparavant, lorsque la mode était d'ouvrir son site Web personnel, de lancer son blog, de personnaliser son portail d'information, de lire le Web exclusivement par les flux RSS, ...:
— A force de disposer d'une information adaptée exclusivement à ses centres d'intérêts supposés, ne risque-t-on pas de faire un peu vite fi de l'information d'intérêt général (celle qui ne nous concerne pas comme individu mais comme citoyen) et de l'heureuse surprise (l'article passionant découvert parce que les hasards d'un mise en page l'a placé à côté d'une autre qui nous intéresse de façon directe)?
— Ne risque-t-on de se confiner dans une ultra-expertise sur un sujet très pointu et de se détourner des enjeux plus globaux?
— Ne risque-t-on de perdre la notion de source de l'information (et de validation de celle-ci par un processus de recoupement) en recevant des copies de copies de copies d'infos / d'intox?