Mardi 15 avril, 6 heures et quelques minutes, le matin. Pas grand monde dans les locaux de Mediapart. Juste David Dufresne, pestant contre la cafetière, et votre serviteur qui s'y colle chaque matin. Je signale à mon acolyte, défenseur intransigeant des libertés publiques, qui polit son bâton de chaise avec un article sur l'utilisation des drones par la police le communiqué du collectif contre l'homophobie de Montpellier à propos du logiciel Ardoise. Rien dans la presse, à part un maigre entrefilet dans Metro et sur le site de Têtu, la veille. Incompréhensible.
Le sujet est pourtant proprement scandaleux et donnera lieu à un belle enquête «dans ces colonnes».
Puis, en creusant un peu le sujet, David s'aperçoit que le sujet était déjà sorti. Marianne en avait parlé mais l'article n'avait pas été repris sur Marianne2. Et le luron de moquer le nerd qui sommeille en moi: «Ah ben voilà: si ce n'est pas en ligne, ça n'existe pas!» Il ne croyait pas si bien dire: tant que la presse Internet ne s'en était pas emparé (pour s'en indigner ou pour défendre le projet), le sujet ne s'est pas développé.
Bizarrement, ça me rappelle ce que racontait Daniel Carton de la rédaction du Monde, du temps qu'il la fréquentait (in Bien entendu, c'est off): pour résister à la pression et à l'emballement médiatique, à la reprise sans vérification de l'information considérée comme publique, on avait (rapporte-t-il) coutume de considérer que tout ce qui n'avait pas été écrit par Le Monde ne s'était pas produit.