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Vincent Truffy

Journaliste à Mediapart

Hallelujah! Un deuxième lecteur (il y avait déjà Serge Brière). Bon, celui-ci, Narvic n'est pas abonné, mais des complicités au coeur même de la rédaction lui ont permis de s'immiscer dans une conversation (voir les commentaires de ce billet) qui tenait plutôt du prêche dans le désert.

<aparté>Détrompez-moi, foules innombrables et mutiques qui me lisez avec ferveur, écrivez de nouveaux billets dans cette édition!</aparté>

Narvic, lui même, s'est aperçu de cette apathie, qui apostrophe «l'équipe de Mediapart et tous ses abonnés» en ces termes: «Pour le moment, cette “zone libre” de votre site, n’est en réalité qu’un bocal transparent, où l’on vous voit vivre entre vous, sans pouvoir communiquer avec vous. Ça fait un drôle d’effet de vous voir enfermés là-dedans ! Vous me faites penser à cette anecdote ancienne (avant l’avion et le tunnel sous la Manche) : un jour de très mauvaises conditions météo sur la Manche, le trafic maritime avait dû être interrompu à destination de l’Angleterre. Un journal britannique avait titré : « Le Continent coupé du monde » ! Alors je toque contre la paroi : si vous ne voulez pas sortir de votre bocal, laissez nous donc entrer de temps en temps... Sinon, j’ai bien peur que vous finissiez par tourner en rond dans ce bocal. Je dis ça pour vous, car, en ce qui me concerne, je ne manque pas d’occasion de rencontres et de dialogues inattendus et enrichissants... dans les vastes et populeuses étendues du web sans frontières... »


Il n'a pas — totalement — tort. Et il me semble bien qu'il était prévu au départ de laisser les membres choisir de laisser ou non commenter leurs articles, par les membres de Mediapart ou par le monde entier. Ne désespérons pas d'une V2 prochaine.
Plus constructif, la description qu'il fait de sa façon de surveiller l'actualité. Je ne reproduis pas son exposé qui est disponible dans le commentaire cité plus haut; juste les grandes lignes:

— des flux RSS rangés en dossier par sujet, par type de publication ou par autorité de la source (n'importe quel lecteur de flux fait ça);
— une veille humaine, soit par source identifiée (social bookmarking), soit par notation (Digg-like);
— des alertes sur des mots clés croisées avec des sources (Google News, notamment, permet cela et offre une alerte par mail ou par RSS. On peut aussi utiliser des métamoteurs comme Pleegs);
— quelques newsletters et des suivis des commentaires.
Je verse aussi au pot commun ce tableau qui montre comment on peut combiner flux RSS et réseaux sociaux pour démultiplier ses capacités de veille.

Illustration 1


Et je creuse le sillon social en vous exposant ma propre méthode:

<nouvelle aparté>Je vous engage, cher lecteur, à décrire la votre, à donner vos trucs & astuces, dévoiler vos outils et faire part de votre expertise aux foules innombrables et mutiques évoquées supra </nouvelle aparté>


— J'ai constitué sur Google Reader une liste de sources regroupées par sujet. J'en tire des flux thématiques que je redistribue vers mes collègues et amis selon leur domaine de compétence, en leur demandant de cliquer sur l'icône «partager» pour les articles, vidéos, et autres items qu'ils ont trouvé pertinents. Je reçois en retour leur sélection «qualifiée».
— Pour les sites qui n'offrent pas de flux, soit j'en crée un avec Feedity (mais les flux sont plus ou moins propres), soit j'utilise le module Update scanner pour Firefox (mais ça ralenti considérablement mon pauvre MacBook).
— Pour rechercher une info exclusivement dans les flux que j'ai validé, j'utilise le moteur de recherche de Google Reader, que je restreint au besoin à l'une des thématiques.
— Pour hiérarchiser l'info, je consulte l'Europe Media Monitor qui représente graphiquement la vie en ligne (et donc me permet de savoir si le sujet est en train de se développer ou s'il est en train de mourir) que chaque «cluster» d'information (de chaque sujet, donc).

Illustration 2


Je consulte aussi, de temps en temps, les unes de journaux sur PressDisplay et la Newsmap, plus pour me rassurer qu'autre chose.

Mais mon site préféré de geek de l'info, c'est SiloBreaker qui classe les articles par sujet, les place sur des cartes, en fait des courbes, construit des diagrammes, des réseaux...

Illustration 3


Accessoire, je consulte aussi les dépêches avec un Yahoo Pipe (que j'ai copié sur celui-là en ajoutant mes sources).

<aparté III, la vengeance>Je pourrais utiliser aussi Google co-op, très simple d'emploi: j'ai créé ce moteur «pure player» en 5 minutes</aparté III, la vengeance>

Mais cela dit, c'est mon métier. Et je ne suis pas sûr que ce genre de pratiques concerne plus de 1 à 2% des internautes...