Cette 20e édition du Festival Les SUDS, à Arles que nous fêterons du 13 au 19 juillet 2015, est pour moi l’occasion de vous dire mon bonheur et mon émotion au regard de ces années passées comme une comète dans le ciel étoilé de Camargue.
Depuis 1996, au cœur de la belle cité arlésienne plus que deux fois millénaire, nous proposons la découverte et le bonheur du partage des musiques d’ici, et d’ailleurs. Façonnées par l’Histoire, pétries de leur actualité géopolitique, vivantes et pertinentes, inventives et créatives, festives ou méditatives… toutes ces musiques singulières venues du monde entier, été après été, éclairent nos jours et nos nuits.
Il est vrai que le Festival s’est construit autour d’une phrase d’Albert Jacquard qui résonne depuis longtemps fortement en moi : je suis les liens que je tisse.
Résolument inspiré par un territoire naturellement tourné vers la Méditerranée et vers le monde, le Festival est un tissage aux motifs à la fois denses et subtils, patiemment et passionnément élaboré avec les artistes, les équipes, les professionnels, les élus, les partenaires culturels et socio-culturels, des intellectuels, les journalistes ; avec les acteurs économiques aussi bien sûr ; souvent avec les amis ; avant tout, grâce et pour un large public d’amoureux de la musique !
Les Suds, à Arles alors serait ce bel ouvrage que toutes ces grandes et petites histoires, tissées, puis finement reliées entre elles, dessinent autour d’un fil conducteur : celui des « passions joyeuses ». En opposition aux passions tristes que sont la peur, la crainte ou la nostalgie, les passions joyeuses font du rapport à l’Autre le « passage vers une augmentation de la puissance d’être et d’agir » 2
Je suis les liens que je tisse… Et puisqu’à Suds, nous aimons les créolisations et les rencontres, pourquoi ne pas faire nôtre cet autre credo simple, d’Edouard Glissant cette fois-ci : je peux changer en échangeant avec l’autre, sans me perdre ni me dénaturer. Faisant fi de la marchandisation de la culture et de la peur sclérosante de l’Autre, nous pensons que ces musiques de la «mondialité» ouvrent la porte à d’autres manières d’exister au monde.
Pour nos vingt ans, nous avons souhaité inviter des artistes de renommée internationale mais aussi entre local et global, des créations inédites et des talents en émergence, issus de cultures singulières à la fois empreintes de leur histoire plurielle et brassées par les vents de l’actualité : le vaste monde arabe, Cuba, la Grèce, l’Espagne, la « Tsiganie »... Et, pour souffler un air de fête sur le territoire des Suds, la [Nuit des Fleuves] du 14 juillet, verra converger sur les quais du Rhône de nombreux publics, musiciens professionnels et amateurs en un dialogue original entre notre delta et celui du Mississippi !
Dans ce atelier à ciel ouvert qu’est le Festival, qui œuvre une semaine en juillet et tout au long de l’année, nous désirons dire au public : venez découvrir ce que vous ne savez pas que vous allez aimer ! Venez ici vous relier au monde, et à ceux qui vous entourent ! Rallumons ensemble tous les soleils !
Marie José Justamond
Directrice des Suds
1 citation de Jean Jaurès, empruntée sur le blog d’Edwy Plenel commentant l’ouvrage de Jean-Pierre Rioux
2 Spinoza