Vincent Truffy (avatar)

Vincent Truffy

Journaliste à Mediapart

Billet publié dans

Édition

Plein Suds

Suivi par 103 abonnés

Billet de blog 14 mai 2010

Vincent Truffy (avatar)

Vincent Truffy

Journaliste à Mediapart

Les Suds à Arles, 15e

Pour la troisième année, Mediapart vous invite à suivre le festival de musiques du monde Les Suds à Arles.

Vincent Truffy (avatar)

Vincent Truffy

Journaliste à Mediapart

Pour la troisième année, Mediapart vous invite à suivre le festival de musiques du monde Les Suds à Arles.

Pendant toute la durée du festival, nous vous présenterons chaque jour dans l'édition participative Plein Suds les artistes du jour qui se produiront un peu partout dans Arles, du 12 au 18 juillet dans le cadre des «apéros découvertes», des «siestes musicales» et des «scènes en ville» (concerts gratuits croisés au hasard des déambulations dans Arles pendant la journée), lors des «moments précieux» (concerts intimistes entre chien et loup dans la cour de l'archevéché qui s'essaient cette année au croisement d'esthétiques et de cultures), à l’occasion des «créations dans les musées» (projets disséminés dans les musées de Camargue), sur la scène monumentale du théâtre antique (les têtes d'affiche) et lors de l'after dans les anciens ateliers SNCF (concerts plus électriques mêlant musique et créations vidéos).

Le programme commenté

«Comme chaque année, on a commencé par choisir les têtes d'affiche, explique la directrice artistique Marie-José Justamond. Pour nous, ça s'est fait au Womex (avec Babelmed, la grande foire annuelle des musiques du monde) en octobre 2009, à Copenhague.

C'est là que j'ai vu Salif Keita, qui venait de sortir un nouvel album très acoustique et que nous n'avions jamais invité. C'est un choix artistique mais aussi personnel, parce qu'il est engagé d'un combat courageux, celui de la différence — le thème son disque — particulièrement mal acceptée en Afrique. Il a d'ailleurs créé une fondation pour les albinos du Mali comme lui.

Nous y avons aussi invité Diego El Cigala, un autre grand artiste que nous n'avions jamais invité. Le flamenco est particulièrement important au Suds; il n'y a pas d'édition sans.

La démarche de Diego m'a particulièrement intéressé parce que c'est une des grandes voix gitanes qui porte le vécu de son peuple, mais c'est aussi quelqu'un qui cherche à élargir le public du flamenco. Il chante bien sûr du flamenco puro, mais depuis son album Lagrimas Negras avec Bebo Valdes, il interprète aussi des coplas (musique populaire espagnole, répandue aussi en Amérique latine) et de la musique cubaine. Cette démarche pédagogique d'ouverture nous correspond bien.

Dans le cadre de notre projet Nomadisme & deltas (dans le cadre de Marseille 2013 capitale culturelle européenne, le festival accueille chaque année la musique originaire d'un grand fleuve méditerrannéen), nous nous intéressons cette année à la plaine du Pô.

Naturellement, j'ai pensé à Giovanna Marini qui a fait ce très important travail de collecte et de transmission des chants populaires de l'Italie, mais aussi des rituels qui les accompagne. C'est une chercheuse qui ne porte pas un regard extérieur sur ces traditions, c'est une chanteuse mais aussi une conteuse. Pour cette raison, nous l'avons programmé à un horaire décalé (à 19h30 plutôt qu'à 21h30), pour en faire un moment vraiment spécial. Elle vient cette année en trio, mais nous lui avons déjà demander de revenir en 2013 avec des groupes du delta du Pô.

Nous sommes très fiers d'accueillir, pour la carte blanche de la Sacem, le travail de Titi Robin et de Faiz Ali Faiz. Faiz Ali Faiz — que nous avions déjà reçu en 2004 avec le guitariste Chicuelo et deux chanteurs, Duquende et Miguel Poveda — est réellement le successeur de Nusrat Fateh Ali Kahn dans le genre Qawwali (musique pakistanaise d'inspiration soufie). Il a mûri pendant deux ans ce projet avec Titi Robin, que nous connaissons bien aux Suds. C'est un instrumentiste, angevin d'origine, qui travaille beaucoup le répertoire flamenco à la guitare et oriental au oud.

On élargit aussi notre palette en invitant au théâtre antique un artiste qu'on voulait programmer depuis plusieurs années, Gogol Bordello, qui joue ce qu'il appelle du «gypsy punk». C'est assez éloigné de la musique gitane mais ces attaches semblent quand même assez importantes pour le chanteur, Eugene, qui est venu plusieurs fois aux Saintes-Maries-de-la-Mer. On a pu le voir aussi dans le premier long métrage de Madonna, Obscénité et vertu (il s'agit de l'espèce de Borat ukrainien moustachu dans la vidéo, NDLR).

On pourrait signaler aussi une création vocale, le 13 juillet dans la cour de l'archevéché:

YouTube

A Trez Votz, qui est la rencontre de trois figures historique de la musique occitane, venant de Toulouse, du Limousin et de Provence: Martina De Peira, Jan Dau Malhau et Jan-Mari Carlotti (vidéo).

J'ai choisi de renouveller la formule pour ce lieu en présentant des projets montés entre artistes de cultures différentes. Nous aurons ainsi le piano contemporain de François Rosse et le koto japonais de Mieko Miyazaki, la kora malienne de Ballake Sissoko mêlée au violoncelle de Vincent Ségal ou encore l'électro du Suisse Werner Hasler et le oud de la Palestinienne Kamilya Jubran.

Et évidemment des croisements toujours, mais moins intimistes, lors des nuits des Forges, après les concerts du théâtre antique avec des choses très étonnantes comme la rencontre de la fanfare Vagabontu et des Lapins crétins, venus du jeu vidéo.»

Rabbids Go Home Music Video [UK] © Ubisoft