Sur — la note; Sudha — l'élixir d'immortalité: Sur Sudha — la mélodie éternelle, en sanskrit*. Celle, en l'occurrence, que jouent trois musiciens devenus, selon la presse, les «ambassadeurs musicaux du Népal».
«C'est une formule de journaliste, minimise le leader du groupe, Surendra Shrestha. Nous sommes surtout le premier groupe népalais à s'être donné un nom, en 1986, lorsque nous avons commencé dans un hôtel-restaurant de Kathmandou. En 1989, nous avons pu réaliser notre première tournée européenne, en Allemagne et en France, et enregistrer le premier CD de musique népalaise. Depuis lors, nous sommes devenus le groupe népalais qui se produit le plus souvent à l'étranger».
En 2007, à Amsterdam.
Des centaines de concerts, aux Etats-Unis, au Japon, en Inde, à Hongkong, dans les festivals dédiés aux musiques du monde, dans de grandes salles, mais aussi, souvent, devant les petites communautés népalaises locales, un peu partout. «Nous voulons jouer notre musique pour l'ensemble du monde. C'est le message que nous portons: peu importe le public, la musique peut rassembler le monde et amener la paix et l'unité. Et nous essayons de transmettre cela avec d'une façon népalaise.»
En l'espèce, en jouant des râgas hindoustanis (c'est-à-dire, la musique classique du nord de l'Inde, du Bangladesh, du Pakistan et du Népal), mais aussi des râgas du sud et des morceaux de musique populaire du Népal et leurs propres compositions. «Il n'y a qu'un petit public pour venir au concert et écouter de la musique classique pendant des heures et des heures. Même celle-ci évolue avec le monde: ce qu'on nomme râga désormais a été beaucoup modernisé et beaucoup de ce que l'on joue aujourd'hui n'aurait pas été autorisé par les anciennes règles. Nous essayons de simplifier ces règles pour que le public puisse accéder plus facilement à cette musique, mais en en respectant les bases.»
En 2008, à Amsterdam.
La musique classique hindoustanie, construite sur les mêmes théories védiques que la musique carnatique (plus formelle), a connu l'influence musulmane et persane, se détachant beaucoup plus que la musique du sud de l'Inde, de la religion, devenant même parfois une musique de cours, brillante et virtuose, très expressive. «Nous essayons de restituer des sentiments, des humeurs, dans notre musique: sur certaines parties de notre musique, vous avez envie de danser, d'autres sont conçues pour écouter et méditer, certaines sont très respectueuses de formes savantes, d'autres sont de la musique himalayenne contemporaine. Cela n'apparaît pas immédiatement parce que nous n'avons pas de parole, nous utilisons alors des échelles musicales plus ou moins complexes.» La musique hindoustanie conserve néanmoins une théorie des moments de la journée qui module les gammes et les rythmes en fonctions des conditions du jeu.
Exemple ici avec un morceau «simple» parce qu'à la mode himalayenne, jouée en fin de matinée. Satendra Bir Singh Tuladhar expose le thème et les intentions au sitar, puis Surendra Shrestha fait entrer les tablas, donne la pulsation et instaure un dialogue entre les deux instruments (et pour une meilleure compréhension, chante la mélodie).
> Le 18 juillet au festival Les Suds à Arles, les 22 et 24 juillet au festival Lind'Art à Morzine.
* Neil Young ne dit pas autre chose: «Hey hey, my my,/ Rock'n'roll will never die,/ My my, hey hey,/ Rock'n'roll is here to stay».