Le dernier rapport du Pr Yvon Berland (1), Président de l’ONDPS (2) vient d’être remis le 26 juin 2008 à la ministre Roselyne Bachelot-Narquin. Il confirme ce que les médecins généralistes, dont ceux du syndicat Espace généraliste (voir colloque du 10 juin 2008) martèlent depuis longtemps: la démographie médicale et notamment celle des généralistes libéraux est plus que préoccupante. Seules des mesures fortes en terme de reconnaissance, rémunération et facilitation de l’exercice seraient à même de limiter “l’hémorragie” vers les autres spécialités et surtout le secteur salarié.
    Entre 1995 et 2005 le nombre total de médecin a cru de 10,8 % mais:
    La progression des spécialistes est 2 fois plus forte que celle des généralistes: +14,8% pour les spécialistes et +6,9 % pour les généralistes).
    La progression du secteur salarié est 6,5 fois plus forte que le secteur liébral: +4,4% pour le secteur libéral, +18,7% pour les salariés hospitaliers, 28,9% pour les salariés non hospitaliers.
    Un grand nombre de diplômés en Médecine Générale n'exercent pas la médecine de premier recours: au 1er janvier 2007, 107 073 diplômés en MG (fichier CNO) 104 007 (fichier ADELI) 
Seuls 61 529 exercent en libéral (57,5%) - (60 975 dont 6 500 MOP source CNAM)
et 56 757 la médecine de 1er recours (53%) (54 575 - source CNAM et 55 000 - source CARMF)
et parmi eux 27,7% ont plus de 55 ans (38% dans certaines régions (Ariège, Aveyron, Lot et Garonne ...)
Sur la France 46% ont entre 50 et 59 ans (41% sur la circonscripion de Lyon dont le taux de féminisation est plus élevé que la moyenne nationale: 35% pour 27 sur la France.
    Au niveau de la formation et du nombre d'internes par région (densité des internes par tranche de 10 000 habitants) il y a de fortes disparités qui montre bien que le nombre d'interne est déterminé à partir des besoins des CHU et non des besoins saitaires des populations !
- 1,2 pour la réunion
- 1,7 pour la région centre
- 2,3 pour PACA
- 2,8 pour la Basse-Normandie
- 3,2 pour l'Alsace
Sur nombre d'items on se rend compte que nous ne disposons pas de chiffres fiables et que les différences sont notables entre ceux du CNOM (3), de CARMF (4), de la CNAM (5) ou des MRS (6). Deux éléments ne semblent pas avoir été pris encompte par les uns et les autres: la féminisation et la pyramide des âges; ainsi sur la circonscription de Lyon qui n'est pas considérée comme posant problème 41% des médecins généralistes ont entre 50 et 59 ans (c'es-à-dire sont à 1 génération de formation) et la féministaion y est de 35% contre 27% au plan national.
Si on ajoute à cela des semaines avec un horaire de 2 fois 35 heures, une rémunération 2 fois moindre que celle de leurs collègues spécialistes d'organes, tous le poids de la maîtrise comptable de la sécurité sociale avec les paperasseries, les tarcasseries et le harcèlement/sanctions qui va avec, ne vous étonnez pas si demain vous ne trouverez plus de médecin généraliste !
La désertification est déjà en marche, je le vois sur le quartier où j'exerce à l'Est de Lyon où nous sommes 4 généralistes de moins qu'il y a 25 ans et où tous les jours je reçois des appels angoissés de patients ou de gestionnaires de réseaux d'HAD (7) qui cherchent désespérément un médecin traitant pour un patient préférant être soigné chez lui, ce qui soit dit en passant fait réaliser d'énormes économies à la collectivité qui en retour ne facilite en aucune manière la tâche des médecins qui s'y dévouent.
(1) Pr Yvon BERLAND, Prsident de l'ONDPS, rapport 2006-2007 téléchargeable à: http://www.sante.gouv.fr/ondps/rapport_06_07/synthese.pdf
(2) ONDPS: Observatoire National Des Professions de Santé
(3) CNO: Conseil National de l'Ordre des médecins
(4) CARMF: Caisse d'Assurance Retraite des Médecins Français.
(5) CNAM: Caisse National d'Assurance Maladie
(6) Missions Régionales de Santé:doivent déterminer les régions sous et sur dotées.
(7) HAD: Hospitalisation A Domicile.
Voir aussi: Cherche médecin généraliste désespérément