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Sans-abris, sdf, exclus

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Billet de blog 11 septembre 2014

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Entraides-Citoyennes soutient les aidants des exclus et vient en aide aux sans-abris

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Relaxe pour le père Riffard: le parquet fait appel et l'Etat reste impuni

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En juin 2014, nous vous parlions du procès du Père Riffard : il était reproché à ce curé de 70 ans de mettre à la disposition de personnes en attente d'un hébergement, un local paroissial de l'église Sainte-Claire, dans le quartier de Montreynaud, classé en zone de sécurité prioritaire... Le juge a prononcé la relaxe le 10 septembre 2014, mais deux heures après, le parquet a fait appel. 

Les demandeurs d’asile ont des droits – notamment le droit d’asile– qui symbolisent selon le site du ministère de l’intérieur, l’une des valeurs auxquelles notre tradition républicaine est particulièrement attachée. A ce titre, toute personne qui souhaite solliciter la protection de notre pays doit être certaine que sa demande sera examinée dans des conditions conformes aux engagements internationaux, en bénéficiant d’un accueil, d’un hébergement et d’une prise en charge optimaux.

Ça, c’est ce que disent les textes. Chacun sait que la réalité est tout autre : il suffit d’ouvrir les yeux sur les milliers de sans-abris qui n’ont qu’une portion de trottoir pour lieu de vie…

Un prêtre jugé pour aider les sans domiciles et les sans papiers

Le 11 juin, le hall du palais de justice de Saint-Etienne était bondé de personnes venues soutenir le Père Riffard, président de l’association Anticyclone, jugé pour mettre à l’abri des personnes sans domicile, en majorité des demandeurs d’asile…

Depuis 2001, l’équipe pastorale de la paroisse Saint-Vincent de Paul porte une attention particulière sur le nombre croissant de demandeurs d’asile présents sur le quartier de Montreynaud. Leur ambition est alors de permettre à ses exclus de la société d’être accueillis, de parler de leur situation de migrants forcés et de prendre place au sein du quartier à travers la vie de l’église… Peu à peu, les actions se structurent et les compétences en matière d’aide aux demandeurs d’asile se développent. En octobre 2010, le groupe militant décide de s’organiser en association de loi 1901… « Anticyclone » est née. Son slogan : « chasser la dépression pour garder le ciel bleu même par temps froid.

Depuis 8 ans, le Père Riffard héberge des personnes sans papier. Il l’a d’abord fait chez lui, puis par la suite, dans le centre paroissial de l’église Sainte-Claire, dont il a pris sa retraite il y a 5 ans. Il y a disposé des matelas. Ce qui lui est reproché aujourd’hui : avoir ouvert « au public » le centre paroissial de Montreynaud. Le juge a indiqué que cela était contraire à l’arrêté municipal du 4 février 2013 qui ordonnait « la fermeture au public de toute activité d’hébergement », sous entendu pour les demandeurs d’asile. Pour cela, le prêtre encourt une amende de 1 500 euros par jour, et ce pour la période comprise entre le 11 février et le 3 octobre 2013. 

« Il est paradoxal que l’État poursuive aujourd’hui le père Riffard pour avoir fait ce qu’il aurait dû faire lui-même », a écrit le juge Henry Helfre qui a prononcé la relaxe. « Si la puissance publique n’a pas les moyens de satisfaire la demande d’hébergement d’un sans-abri, elle doit déléguer ce devoir à toute autre personne morale ou physique en capacité de l’accueillir ». Une condamnation correspondant à 239 fois une amende de 50 euros (11 950 €) avait été requise par le parquet, mais la justice a estimé que le droit à l’hébergement d’urgence relevait de la « liberté fondamentale ».

République démocratique du Congo, Angola, Nigéria, Guinée, Cameroun, Côte d’Ivoire… Les origines des demandeurs d’asile sont multiples. Ceux-ci sont généralement envoyés par d’autres associations ou les services sociaux. « La préfète pense que nous incitons les gens à venir, déplore le prêtre. En septembre dernier, nous avons été convoqués par le police. J’ai été interrogé pendant cinq heures. Ils me soupçonnaient d’organiser des filières. C’est me donner une importance que je n’ai pas. » raconte le prêtre. « Au lieu de nous embêter, il vaudrait mieux que l’on nous aide. Notre objectif n’était certainement pas de contrevenir à la loi. Mais nous arrivions à une situation dans laquelle le droit vient en contradiction avec quelque chose de beaucoup plus fort qui est le respect de l’être humain. »

Bref... Le juge relaxe. Mais deux heures après, le parquet fait appel de sa décision. A suivre...

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Pétition lancée par Education Sans Frontière

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