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Billet de blog 12 mars 2011

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Soutenez Sarkozy, sauvez la Libye

On peut détester le président français, mais voilà un sujet sur lequel nous devons apporter notre soutien : une intervention militaire en Libye.

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On peut détester le président français, mais voilà un sujet sur lequel nous devons apporter notre soutien : une intervention militaire en Libye.


Sarkozy a raison de vouloir intervenir en Libye. Il a eu raison de reconnaître le CNT libyen comme seul interlocuteur valable. Il a raison de rompre les relations diplomatiques bilatérales avec Kadhafi. Les forces armées françaises seraient bien employées en détruisant l'arsenal de ce dictateur qui montre, en massacrant son propre peuple, le niveau de folie qui l'habite.

Les Anglais sont déjà sur la même voie, il faut agir et ne pas se contenter de déplorer les rivières de sang qui empourprent la Méditerranée. Il est certes plus pratique de dire que la révolution libyenne aura plus de valeur si elle est faite par les libyens eux-mêmes. C'était vrai quand l'insurrection avançait de jour en jour, plus aujourd'hui. Plus aujourd'hui lorsque l'on constate que la disproportion des armes donne raison aux mercenaires de Kadhafi, que son armée commence à reprendre des villes entières aux insurgés, quand les les témoignages montrent d'un côté de jeunes volontaires armés de fusils qui essaient de lutter contre des hélicoptères de combat et des navires de guerre.

On peut regretter l'inaction de l'UE, preuve qu'il lui manque un vrai pouvoir de décision (article de Audrey Vucher), mais en appeller à des conciliabules interminables avec l'ONU, où la Chine et la Russie ont déjà prévenu de leur oposition à toute action militaire, de l'Union Européenne avec l'unanimité intouvable de 27, de l'Union des Etats Africains ou de la Ligue Arabe...pendant ce temps le sang coule en Libye. L'Amérique ne bouge pas, prisonnière des rapports conflictuels au monde musulman hérités des erreurs de Bush, empêtrée dans les bourbiers Afghan et Irakien (article de Thomas Cantaloube). L'Europe, et plus particulièrement la France, peut trouver là l'occasion de marquer sa différence.

Sarkozy a donc raison de proposer une intervention militaire. Il ne s'agit pas de débarquer et d'envahir le pays, de l'occuper comme en Irak. Les Libyens sauront bien gérer leur Etat, ils demandent juste le départ de leur "guide" qui règne en autocrate depuis plus de quarante ans. Il s'agit juste de permettre aux insurgés, aux révolutionnaires libyens, de pouuvoir reprendre l'avantage en neutralisant les armes lourdes de Kadhafi : Il faut que la marine nationale, en particulier les sous-marins, empêchent la flotte de guerre de Khadafi de bombarder les villes libres de Libye. Il faut également que l'armée de l'air neutralise l'aviation de Kadhafi. Il faut au besoin appuyer l'insurrection par des bombardements ciblés sur des objectifs clef (aéroports militaires, positions d'artillerie lourde, bases d'hélicoptères, batteries lance-missiles).

Le porte-avion Charles De Gaulle et les bases aériennes du Tchad peuvent y concourir. La France et l'Angleterre doivent recruter un maximum d'appuis internationaux, mais ne pas se contenter d'attendre un hypothétique mandat de l'ONU. Il faut agir sans tarder, avant que la situationne soit irrécupérable et que Kadhafi ne décime toutes les forces vives et progressistes de Libye.

La France pourrait ainsi enfin retrouver un rôle international digne, celui que lui a fait perdre sa position lamentable dans les révolutions de Tunisie et d'Egypte. Il faudrait bien entendu que cela ne soit pas qu'une gesticulation sur le perron de l'Elysée. Prenons Sarkozy au mot et sommons-le d'intervenir. La culpabilité française en matière de ventes d'armes (hélicoptères Eurocopter en particulier, vendus en forçant la main au partenaire Allemand), en matière de réhabilitation de Kadhafi, reçu en grande pompe à l'Elysée, visité plusieurs fois par Patrick Ollier, est sans doute un moteur inavouable de la position de Sarkozy. Mais peu importe, ce qui compte aujourd'hui, c'est d'aider les libyens et de ne pas les laisser à la merci des armes de Kadhafi, surtout si elles sont "made in France".

Ce n'est donc pas parce que Sarkozy défend une intervention en Libye qu'il ne faut pas y adhérer. Fermons les yeux aussi sur les probables attendus électoraliste de cette posture, qui permet à Sarkozy d'apparaître comme juste après le scandale pitoyable qui a entraîné le renvoi de Michèle Alliot-Marie. La politique extérieure de la France doit dépasser ces contingences et ce dont il faut pour l'instant reprocher à Sarkozy, c'est de ne pas être encore intervenu militairement : qu'il le fasse, et que l'opposition au Parlement vote pour.

A u sujet des interventions étrangères pour aider à la conquête de la liberté, les Américains rappellent volontiers l'aide qu'ils reçurent de la France lors de leur guerre d'indépendance. Même si, au XVIII° siècle, cette aide s'est faite pour de mauvaises raisons (affaiblir l'Angleterre), elle est aujourd'hui perçue comme un fait d'arme français pour la liberté du peuple américain. C'est tout ce qui reste.

Dans quelques années, évoquant les massacres de Libye, comment la France justifiera d'avoir regardé et laissé faire? C'est aussi au nom des principes de notre Révolution que s'est levé le peuple libyen. La solidarité est un devoir et elle ne peut pas se manifester seulment pas des déclarations et des kermesses. Le prix de la liberté est celui du sang, comme celui de la honte.

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