Ça faisait bien longtemps qu'on avait plus entendu ou lu du Gil Scott Heron, poète et musicien américain d'origine jamaïcaine et qui avait coutume de porter le maillot du Celtic FC, le club de Glasgow. Et là, sans s'annoncer, tout un album, I'm New Here (à paraître le 9 février en France).
Toujours cette voix crépusculaire. Le physique émacié. L'âge. Le voici dans ce que l'on pourrait identifier aujourd'hui à un slam. Where did the night go.
Le morceau-phare de l'album, Me and the Devil, s'aventure plus sur les terres du trip hop, avec de claires allusions à Massive Attack.
Je préfère de loin le blues saturé de New York is Killing Me (pas de clip trouvé pour l'instant, mais la musique figure sur la playlist en haut de page).
Tout cela est quand même fort éloigné de ce qui l'a rendu célèbre. Un funk ultrapolitisé, scandé comme un slogan. The Revolution will not be televised (ci-dessous), par exemple, est probablement la meilleure preuve que le rap existait déjà en 1970. Le rythme n'est pas là, les samples non plus, mais l'esprit souffle déjà.
A l'époque, cette musique était tout simplement la bande son de la blaxploitation, à laquelle tous les grands musiciens noirs des années 1970 ont collaboré: James Brown, Isaac Hayes (l'immense Shaft), Marvin Gaye, Herbie Hancock, Barry White. Et aussi quelques moins connus:
The Message de Cymande, où vous reconnaîtrez sans doute le sample de Bouge de là, de MC Solaar.
Mon préféré, Curtis Mayfield, avec l'irrésistible Freddies Dead.
L'évident War d'Edwin Starr, dont les paroles, en 1969, aux Etats-Unis, sont transparentes: «Induction then destruction/ Who wants to die?»
L'hypnotique My People Hold On d'Eddie Kendricks: «In peace, let us trust / Before we turn to ashes and dust»
Et pour finir, un slogan qui aura un postérité, des décennies plus tard: Yes We Can (can) de Lee Dorsey.
Un «bastard mix» Obama/Dorsey a même été réalisé.