Le batteur Steve Reid est mort. Le groove, d'abord, imparable, irrépressible. Celui de Dancing in the street, où Reid cogne comme un bûcheron, impose sa pulsation, couvre même la voix de Martha Reeve. Il a moins de 20 ans et toute l'énergie de son ambition: jouer aussi bien de la batterie qu'Art Blakey, qu'il a entendu dans son Bronx natal.
Mais pas seulement le groove. Comme une géographie newyorkaise de la musique noire, encore lycéen, il va jouer derrière Coltrane qui habite à trois blocs de chez lui, dans le Queens. Et Quincy Jones, avec qui il travaille. Et l'Afrique, celle de Fela, avec qui il va aussi apprendre en échappant à la conscription et au Vietnam. Sur les trace d'Art Blakey et de Randy Weston qui avait eux aussi tenté d'inventer leur musique en puisant aux racines. Nigéria, Libéria, Sénégal, Sierra-Leone, Maroc, Egypte.
Après ses années de pénitencier — il était objecteur de conscience —, il s'orientera vers des musiques plus expérimentales avec Sun Ra, l'Art ensemble de Chicago, The Tribe, Horace Tapscott (et de façon plus réjouissante, il martèlera les déhanchements épileptiques de James Brown sur Popcorn).
Sa carrière connaît à la fois son apogée et sa fin dans les années 1980 avec l'album Tutu de Miles Davis sur lequel il joue des percussions. Avant une renaissance dans les années 2005-2006 au coté de Four Tet (Kieran Hebden) et avec Daxaar (voir la vidéo ci-dessus).