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Billet de blog 29 mai 2011

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Patarei, l'effrayant complexe carcéral en accès libre

Patarei, l'ancienne prison de Tallinn, n'est pas qu'un lieu de fête pour la jeunesse estonienne. C'est aussi un témoignage presque intact de l'horreur de l'occupation soviétique.

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Patarei, l'ancienne prison de Tallinn, n'est pas qu'un lieu de fête pour la jeunesse estonienne. C'est aussi un témoignage presque intact de l'horreur de l'occupation soviétique.

La prison aux deux visages. Décrite comme un lieu de culture alternative, Patarei n'est pas que ça. Immense complexe carcéral où sont passés une bonne partie des prisonniers politiques du pays durant l'occupation soviétique, le bâtiment abrite aujourd'hui un musée. Ou plutôt une prison sans prisonniers, dans laquelle il suffit de s'acquitter d'une pièce de deux euros pour se retrouver plongé dans l'univers carcéral de l'URSS.

C'est d'abord l'odeur pugnace de l'humidité, l'atmosphère de mort aussi, qui saisissent. Puis les yeux s'habituent à l'obscurité. Et vite, la perplexité prend le dessus sur la curiosité. Nulle indication nulle part. Où suis-je ? Ici, le visiteur erre de couloir en couloir, de cellule en cellule. Difficile de savoir si l'endroit, fermé seulement en 2004, est resté exactement tel quel ou a été transformé par le personnel du musée ou des squatteurs entre deux soirées culturelles. Les posters de femmes côtoient les tags d'artistes, les salles médicales intactes succèdent aux cellules délabrées aux murs suant.

Les explications historiques, il faut les glaner ailleurs. Patarei a été construite en 1840 et a servi de prison de 1919 à 2004. Elle pouvait accueillir 1000 prisonniers. Ça, c'est pour les infos des guides. Mais pendant l'occupation soviétique, ce chiffre était largement dépassé. "En 1947, il y avait 4650 prisonniers. Normalement, il y avait 10 hommes par cellule. A cette période, ils étaient parfois plus de 40". Ça, c'est Rasmus Rausberg, gérant du "bar-derrière-la-prison" qui le raconte. À l'écouter, on comprend vite que Patarei est une part de l'histoire de tous les habitants du pays. "Chaque Estonien connait au moins une personne qui a été emprisonnée par les Soviétiques", ajoute-t-il. C'est bien ce qui rend le lieu si sordide. Cette preuve intacte du poids de l'occupation, qu'on visite à sa guise.

Il existe aussi des visites guidées, sur réservation seulement, faute de moyens pour mettre en place un réel musée. Mais à coté des parcours classiques, on peut aussi choisir de curieuses "visites de l'horreur". Les touristes sont habillés comme des prisonniers, subissent des simulacres d'arrestation et sont enfermés dans les cellules. Le guide ? Il se fait appeler Mister Death. Et raconte que, parfois, "les visiteurs deviennent fous, hurlent et veulent sortir à tout prix". Bienvenue à Patarei.

Pauline Lavoix avec Maylis Chauvin

Dans Patarei, tout est resté figé. Comme si la prison, pourtant si délabrée, avait été fermée hier. Même les documents administratifs sont toujours sur les tables...

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