Patarei, l'ancienne prison de Tallinn, n'est pas qu'un lieu de fête pour la jeunesse estonienne. C'est aussi un témoignage presque intact de l'horreur de l'occupation soviétique.
C'est d'abord l'odeur pugnace de l'humidité, l'atmosphère de mort aussi, qui saisissent. Puis les yeux s'habituent à l'obscurité. Et vite, la perplexité prend le dessus sur la curiosité. Nulle indication nulle part. Où suis-je ? Ici, le visiteur erre de couloir en couloir, de cellule en cellule. Difficile de savoir si l'endroit, fermé seulement en 2004, est resté exactement tel quel ou a été transformé par le personnel du musée ou des squatteurs entre deux soirées culturelles. Les posters de femmes côtoient les tags d'artistes, les salles médicales intactes succèdent aux cellules délabrées aux murs suant.
Il existe aussi des visites guidées, sur réservation seulement, faute de moyens pour mettre en place un réel musée. Mais à coté des parcours classiques, on peut aussi choisir de curieuses "visites de l'horreur". Les touristes sont habillés comme des prisonniers, subissent des simulacres d'arrestation et sont enfermés dans les cellules. Le guide ? Il se fait appeler Mister Death. Et raconte que, parfois, "les visiteurs deviennent fous, hurlent et veulent sortir à tout prix". Bienvenue à Patarei.
Pauline Lavoix avec Maylis Chauvin
Dans Patarei, tout est resté figé. Comme si la prison, pourtant si délabrée, avait été fermée hier. Même les documents administratifs sont toujours sur les tables...