Les dérapages du Front National à propos de la Résistance iranienne
Après avoir manipulé certains milieux politiques et du renseignement en France*, le régime des mollahs iraniens s’incruste-il dans la campagne législative à travers le discours des figures du Front national ?
La violence verbale utilisée par Marine Le Pen pour calomnier l’opposition iranienne, tout en s’en prenant à son adversaire du premier tour Jean-Luc Mélenchon peut paraitre surprenant pour certains. Elle a traité la principale force d’opposition iranienne d’ « espèce de secte politico-religieuse (…) considérée comme une organisation terroriste tant par l’Union européenne que par les Etats-Unis ».
Ce vocabulaire ressemble étrangement à celui des intégristes au pouvoir à Téhéran qui incarnent un fascisme à caractère religieux en manipulant la religion musulmane. Certes en répétant ces mensonges propagés par la dictature religieuse des mollahs contre son opposition démocratique, Mme Le Pen voulait régler ses comptes avec son adversaire par une méthode déshonorable.
Elle expose en même temps son ignorance du monde musulman et particulièrement du Moyen Orient. Elle qui se présente souvent comme une victime de la « diabolisation » participe avec acharnement à la diabolisation des Moudjahidine du peuple, pour ensuite présenter son adversaire comme un «proche idéologiquement par le passé des Moudjahidine du peuple».
Cette allusion au passé qu’elle fait, est sans doute une référence à l’épisode du deal malpropre du gouvernement français, passé en juin 2003, avec la dictature intégriste de Téhéran pour rafler en région parisienne ses opposants. C’était il y a neuf an, presque jour pour jour, le 17 juin 2003. Cette collaboration honteuse avec la dictature, dans la répression de la résistance légitime du peuple iranien restera à jamais dans les pages les plus sombres des relations franco-iraniennes.
Le rédacteur en chef du Journal du Dimanche exposera quelques années plus tard les dessous de cette affaire**. Ce comportement du gouvernement de l’époque, a tout naturellement indignés les figures qui incarnent les vraies valeurs de la France, de l’Abbé Pierre à Danielle Mitterrand, d’Adrien Zeller à Lucie et Raymond Aubrac en passant par Mgr Gaillot, pour nommer que quelques uns. C’est vrais ils n’ont jamais figuré sur le carnet d’adresse de Mme Le Pen, ni de son papa.
Mais ceux qui ont eu à cet époque un silence complice en voyant, le Juge Bruguière exhiber devant les caméras les opposants iraniens arrêtés, pour dire aux mollahs que la part du contrat est rempli, ont eu tort. Heureusement, la justice française est sortie honorée dans cette affaire en désapprouvant Jean-Louis Bruguière et prononçant en faveur de la résistance iranienne un non lieu en matière de l’accusation de terrorisme.
Les juges ont estimé que ce mouvement ne pouvait être qualifié de terroriste et que ses activités relèvent du droit naturel et imprescriptible de la résistance à l’oppression. Oui, ceux qui se sont indignés contre ce marchandage avaient bien raison. Ce n’est pas seulement la justice française qui leva le rideau sur une grande magouille politique qui voulait traiter les opposants iraniens de terroristes. D’autres justices dans d’autres pays, l’ont également fait.
Mme Le Pen semble ignorer que depuis trois ans l’ensemble des pays européens ont retiré l’OMPI de la liste terroriste, suite à des décisions de justice définitives, décrivant cette désignation comme de l’acharnement pervers. Traiter l’OMPI de terroriste est donc de la calomnie.
Quant aux Etats-Unis, il suffisait de lire la dépêche de l’AFP du début juin, pour apprendre que la Cour de justice de Washington à tranché en faveur de l’OMPI, donnant quatre mois au Departement d’Etat américain pour se décider, sinon le tribunal retire de facto l’OMPI de la liste noire.
Ayant pris goût au mensonge, voila que le parti de Mme Le Pen récidive, sur le site du front national de l’Ardèche pour s’attaquer par les mêmes procédés à Pascal Terrasse, l’adversaire du candidat du front national Christian Grangis. L’article calomnieux contre la résistance iranienne puise dans des sites qui ont l'odeur de la haine, la même odeur répugnante que j’ai toujours senti chez les mollahs.
Oui, bien sûr, Pascal Terrasse fut parmi une majorité de députés et de sénateurs de gauche comme de droite avec plus de 5000 maires de France qui ont préféré soutenir le courage des résistants iraniens plutôt que la bassesse et la collaboration avec les mollahs. Le FN local veut faire croire que Pascal Terrasse a défendu des « islamistes » à savoir les Moudjahidine du peuple !
A part quelques lobbies véreux, et quelques ignorants, qui pourra croire que pour le simple fait de pratiquer la religion musulmane, les moudjahidine du peuple, ces plus farouches opposants de l’intégrisme religieux en Iran, favorable à l’établissement d’une république pluraliste et laïque sont des intégristes ? Pour faire avaler la couleuvre, il faut puiser dans le vocabulaire des services de renseignement des mollahs. C’est justement ce que fait le Front national.
Je n’ai pas ici l’intention de défendre la bonne réputation de l’OMPI, puisqu’elle n’est plus à prouver, les décisions de justice sont là, et ceux qui ont des doutes ils n’ont qu’à se renseigner.
En répétant cette rhétorique mensongère, le Front national pose un faux postulat. Il se présente comme l’ennemi de l’intégrisme islamiste. C’est faux il est son allié. L’extrême droite et le fascisme islamiste ont besoin de se nourrir l’un de l’autre.
Ils se ressemblent et s’assemblent, ce n’est pas une insulte, c’est une réalité. C’est pourquoi il ne fallait pas s’étonner de voir le Front national s’en prendre ainsi aux principaux ennemis de ceux qui composent le foyer matrice de l’intégrisme religieux : les mollahs de Téhéran.
L’histoire d’amour de la droite ultra et du régime des mollahs est une histoire ancienne. C’est pourquoi la famille Le Pen est une habituée de l’ambassade d’Iran. Le journaliste de l’Express relève à la résidence de l'ambassadeur d'Iran à Paris entre autres la présence du « chef historique du Front national Jean-Marie Le Pen, familier des réceptions de la République islamique, flanqué de son épouse Jany et d'un garde du corps à la carrure de catcheur. »
M. Le Pen n’a d’ailleurs perdu aucune occasion pour défendre ce régime abominable et lui afficher son amitié. Alors que les Iraniens se faisaient réprimer dans les rues par la milice d’Ahmadinejad et du guide suprême, Jean-Marie Le Pen minimisait l’ampleur de la révolte pour présenter Ahamdinejad comme victime. Il faudrait donc aller au-delà des apparences simplistes. La presse s’est très peu intéressée aux liens que certains milieux en France entretiennent avec les mollahs , il est peut être temps de s’y pencher.
Ce n’est donc pas si étonnant que ceux qui ressentent une répulsion pour les résistants et les opposants qui se battent contre le fléau de l’extrémisme religieux, trouvent autant d’attirance pour les mollahs sectaires et intégristes.
On peut en effet s’interroger : qui représente les valeurs historiques de la France ? Le Front National qui vante son amitié à l’ambassade des mollahs d’Iran, représentation d’un gouvernement étranger répugnant ? Où Pascal Terrasse qui prend la défense de ceux qui, opprimés par les intégristes dans leurs pays, se sont réfugiés dans cette France que le monde entier considère comme terre des droits de l’Homme ?
*Lire à ce propos le livre édifiant d’Yves Bonnet, « Le Grand Complot ou les services secrets iraniens ont-ils manipulé le gouvernement français », édition Jean-Claude Gawsewitch.
**Jean Claude Maurice, « Si vous le répétez, je démentirai », édition Plon.