PS : Social-libéralisme et social-démocratie, deux courants pour le néo-solidarisme.
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Rebond : La distinction du billet de MGL (1) - social-libéralisme et sociale démocratie - concernant le PS est intéressante. Le lien avec la lutte des classes aussi. On a pu lire aussi de Mathieu Magnaudex (ici 2) une tendance vers la "social-démocratie scandinave", alors que le PS est effectivement divisé, donc avec des tendances contradictoires. Ce billet entend montrer (trop brièvement) néanmoins qu'il existe, au-delà de cette distinction interne, un spectre idéologique commun, une matrice intellectuelle historico-politique du nom de néosolidarisme.
- Le condensé d'une distinction interne au PS en lien avec la "régulation" de la lutte des classes.
Il s'agit de la lutte des classes appréhendée au plan national. Ce qui laisse de côté l'examen de différences quand aux interventions de la France à l'étranger et notamment en Afrique. Le volet écologique est aussi mis de côté car les distinctions semblent moins visibles.
Un social démocrate la prend en compte dans le cadre de négociations nationales qu'il propose pour éviter "la rue" et pour la traduire, avec ou sans ajouts, dans une loi dite républicaine alors que le social-libéral ne fera pas de loi et limitera les négociations au cercle de l'entreprise. Il existe des graduations dans le réel.
Ce faisant, le social-libéral va laisser "la main" au patronat . Plus il laisse la lutte de classe se mener par les dominants structurels de l'économie capitaliste et plus il est "de droite". Il soutient d'abord le dirigeant économique, le patron, l'entrepreneur capitaliste et secondairement les travailleurs salariés. La social-démocratie se rattache plus nettement au néosolidarisme que le social-libéralisme, mais là encore les distinctions théoriques peuvent masquer des pratiques de convergences.
L'adoption en 2008 de principes statutaires nouveaux confirme le tournant pris en 1991 (congrès de l'Arche) qui voyait le capitalisme comme un "horizon borné de notre temps". L'adoption de la "fin de l'histoire" (mise à jour de Hégel par Francis Fukuyama) au sein du PS a activement participé à l'avènement du néolibéralisme comme phase hyper-prédatrice du capitalisme . Elle incite, pour suivre notre propos sur un mode politique, à lui proposer un changement de nom : parti néosolidariste. Une terminologie avantageuse qui doit être rapidement adoptée avant qu'elle devienne obsolète à son tour devant la pratique réccurente de ce parti à tomber du côté de la pente de l'abandon à l'ordre du monde.
- Néosolidarisme ou le rattachement oublié à l'histoire politique et intellectuelle française.
Le solidarisme ancien (fin XIX début XX ème siècle) "à la française", d'un Durkheim, Bourgeois, Bouglé entendait se tenir dans un entre-deux entre la droite libérale et le socialisme promu par les communistes. A ce solidarisme à base sociologique (dont le couple intégration-exclusion aura du succès en sociologie) on peut rajouter l'économiste Keynes qui lui aussi est en entre-deux entre les libéraux et les socialistes, pour l'interventionnisme en faveur de l'Etat social mais pas pour le passage au socialisme.
Le néosolidarisme c'est, en résumé, l'Etat social des services publics et de la Sécurité sociale plus l'ESS soit l'Economis sociale et solidaire contemporaine (sociétés coopératives, localisme, souci de l'écologie). Cette combinaison peut avoir des vertus de transformation sociale qui bousculent le cadre restrictif du capitalisme, du moins pour ceux et celles qui ont une perspective écosocialiste. Mais un social démocrate n'entends pas lui bousculer ce cadre de par son inscription néo-solidariste toujours compatible avec le capitalisme.
* Ouverture possible au temps des dégâts du néolibéralisme
Le néo-solidarisme est une sorte de "capitalisme social" qui veut marier "performance économique du marché et des entreprises" avec "lois sociales" . C'est très difficile, comme de mélanger l'eau et le feu. Une aporie sous le néolibéralisme. Il existe aussi un néosolidarisme rose-vert qui modère ses exigences écologiques et sociales devant les diktats de la finance. C'est que le concurrentialisme néolibéral pousse à la fracture sociale et à l'injustice sociale (3) ainsi qu'au mépris de l'environnement. On tend dit Michel Husson vers un "pur capitalisme".
En riposte il s'agira à l'image d'un Jaurès (4) de sortir d'un cadre d'alternance pour des politiques d'alternative, des politiques de ruptures qui combinent nécessairement "la rue" et "les urnes" et même plus "la rue" que "les urnes" si l'on veut bien percevoir la menace et la faiblesse des réponses. Là aussi il y a évidemment des nuances politiques. Mais ici on est plus sur ce qui distingue le FdG du NPA ou d'autres formations politiques. Un autre sujet donc.
Christian Delarue
1) Lire sur Médiapart "Étiquette et contenu" de Melchior Grizet-Labûche. Ce billet est la version "rédigée" du bref commentaire de son texte.
2) "En avant vers la social-démocratie à la scandinave!" | Mediapart
http://www.mediapart.fr/journal/france/141112/en-avant-vers-la-social-democratie-la-scandinave
3) Le terme de justice sociale mérite mieux que d'être un lieu commun de la gauche . Lire :
Note sur "Inégalités et exigences de justice sociale en France"
4) Jaurès, l'organisation socialiste et la délégation vers en-bas.
NB Sur Moscovici cité par MGL dans Etiquette et contenu lire aussi : "Pierre MOSCOVICI de 1995 et les trois ruptures".