Au-delà de l'analyse du contenu de la politique sécuritaire de Sarkozy et de son gouvernement, c'est une autre question - sans doute un peu naïve - qui trouble les esprits.
Le pouvoir en place tente, un peu désespérément, de faire de certains groupes des boucs-émissaires, de monter les français contre les autres, de séparer les bons des méchants, et nous propose, comme je le soulignais dans mon précédent billet (cf. ici), de nous préparer à une "guerre" - terme employé par Sarkozy - que nous allons devoir nous faire entre nous. Sans exagérer, on nous annonce une prochaine guerre civile.
D'innombrables commentateurs ont souligné combien le stratagème est grossier, surtout quand il vise à faire oublier non seulement que la cote de popularité des gouvernants est au plus bas, mais aussi tous les échecs de la politique menée depuis quelques années.
En plus, il fallait bien trouver au plus vite quelque chose pour détourner l'attention après les déferlantes de l'affaire Bettencourt. Pas seulement pour protéger un ministre mis en difficulté. Non, surtout pour jeter aux oubliettes et ainsi écarter au plus vite l'une des questions posées lors de ce grand déballage : pourquoi le pourvoir en place a-t-il voulu organiser un mécanisme fiscal (le fameux "bouclier", terme qui veut bien dire ce qu'il veut dire : protéger) permettant de rembourser plusieurs dizaines de millions en crédit d'impôts à l'une des plus grandes fortunes de France quand des milliers de retraités qui ont travaillé dur toute leur vie n'arrivent pas à boucler leur budget avec les quelques centaines d'euros qu'ils reçoivent ? On peut admettre que devant le constat d'une injustice sociale d'une telle ampleur, à ce point insupportable, il était urgent de détourner l'attention.
Il n'empêche, quand on entend les discours tenus, dont le minimalisme atteint en ce moment son apogée : "il faut choisir entre être français ou voyou", "les maires vont devoir être sanctionnés s'ils ne luttent pas assez contre la délinquance", "envoyons en prison les parents d'enfants délinquants" etc.., on ne peut s'empêcher de se demander comment les élus qui utilisent de tels slogans peuvent être à ce point persuadés que les citoyens français sont des crétins prêts à avaler n'importe quoi.
Car depuis quelques semaines nous constatons qu'il ne nous est jamais proposé une quelconque analyse, une forme ou une autre de réflexion, une amorce de débat. Non, on nous demande de nous contenter de quelques slogans qui ne veulent rien dire.
Alors de deux choses l'une : Soit les élus qui s'adressent à nous de cette façon sont persuadés que les français sont tellement idiots qu'il n'est pas indispensable de leur offrir quoi que ce soit d'autre que quelques phrases censées être avalées sans état d'âme, soit ces élus ne se rendent pas compte que s'adresser ainsi aux français c'est une forme supérieure de mépris.
Mais ce pourrait bien être les deux, malheureusement....
Billet de blog 15 août 2010
POUR LE GOUVERNEMENT, LES FRANCAIS SONT-ILS IDIOTS ?
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