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Billet de blog 26 novembre 2010

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Comment réconcilier les sciences et la culture ? La France en 57ème position sur 57 pays pour la relation pratique/ théorie

J'écoutais France Culture en bruit de fond, lorsque mon oreille a été attirée par une information éminemment importante : la place des sciences dans la société. Il s'agit de l'émission "Questions d'époques". Les invités étaient : Pierre Lena, astrophysicien, professeur émérite Université Paris Diderot, délégué à l'éducation et la formation de l'Académie des sciences et Henri Korn, neurobiologiste, professeur honoraire à l’Institut Pasteur.Le sujet de leur discussion en direct avec deux journalistes était: "Comment réconcilier les sciences et la culture ?"La dernière enquête PISA menée en 2006 par l'OCDE - qui évalue 400.000 élèves de 15 ans dans 57 pays - révélait que la France était au 19ème rang pour l'enseignement des sciences. Elle est même au dernier rang - 57ème sur 57 - pour la compréhension des sciences dans la pratique par rapport à la théorie. Ce que j'avais observé lorsque j'étais en Ile-de-France de 2000 à 2002. J'en avais touché quelques mots sur ce fil. Voici d'ailleurs les résultats de l'étude PISA à ce sujet: La France y occupe la toute dernière place.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

J'écoutais France Culture en bruit de fond, lorsque mon oreille a été attirée par une information éminemment importante : la place des sciences dans la société. Il s'agit de l'émission "Questions d'époques". Les invités étaient : Pierre Lena, astrophysicien, professeur émérite Université Paris Diderot, délégué à l'éducation et la formation de l'Académie des sciences et Henri Korn, neurobiologiste, professeur honoraire à l’Institut Pasteur.
Le sujet de leur discussion en direct avec deux journalistes était: "Comment réconcilier les sciences et la culture ?"
La dernière enquête PISA menée en 2006 par l'OCDE - qui évalue 400.000 élèves de 15 ans dans 57 pays - révélait que la France était au 19ème rang pour l'enseignement des sciences. Elle est même au dernier rang - 57ème sur 57 - pour la compréhension des sciences dans la pratique par rapport à la théorie.

Ce que j'avais observé lorsque j'étais en Ile-de-France de 2000 à 2002. J'en avais touché quelques mots sur ce fil.

Voici d'ailleurs les résultats de l'étude PISA à ce sujet:


La France y occupe la toute dernière place.

Et les invités de poursuivre. J'ai pris quelques notes au vol :

Dynamique plutôt négative, inquiétante et peut-être les racines d'un mal profond, celui de la transmission et de l'intérêt de la science dans notre pays. Comment expliquer cette difficulté française à transmettre la culture scientifique ?
La science est une école de la démocratie.


Je m'interroge sur les raisons pour lesquelles il y a une certaine dichotomie entre "culture" et "culture scientifique".
Si on demande au premier venu, le terme "culture" se résume à la littérature, la philosophie les beaux-arts.(Il suffit d'ailleurs d'écouter tous les médias). Les sciences et les techniques ne font pas partie de la "culture". L'expression même de "culture scientifique" le démontre.

La science sera généralement oubliée, oubliée aussi par les médias et les politiques.On se trouve devant deux conceptions totalement différentes de ce qu'est la société. Quelles en sont les raisons?
1) Parler de la science est difficile. Il est difficile de faire passer le fait que la science est une affaire technique certes, mais que c'est une affaire de passion, d'amour. Il n'y a que des scientifiques de grand talent qui puissent faire passer cela.
2) Dans la définition du terme "culture", il y a implicitement une référence au passé une forme de conservatisme.

Alors que la science elle-même est de toute autre nature, elle est critique permanente d'elle-même, remise en question, doute, elle est essentiellement quelque chose de l'ordre de l'incertain.
La science fait partie de la démocratie de l'égalite entre les êtres humains. Elle est un école de la démocratie.
Journaliste: "Il semble être difficile de se "cultiver" scientifiquement. C'est plus difficile pour la science que pour les autres disciplines. Quel est le rôle de l'école?"
Vous avez raison de mettre le projecteur sur l'Ecole.


La science contemporaine est une aventure comparable à l'escalade d'une très haute montagne. Les médias montrent des résultats fascinants sur les très hauts sommets avec des explications compliquées. On oublie simplement qu'en montagne il y a aussi des promeneurs, qu'on peut ne pas être Yehudi Menuhin mais jouer d'un instrument avec plaisir.
Notre travail à l'Ecole (La main à la pâte) est d'apprendre à tous, futurs citoyens, que les promenades de science peuvent se faire avec les phénomènes qui nous entourent, regardons le ciel, les étoiles, les tournesols, etc. Et nous verrons que la science est aussi à notre portée. C'est le rôle de l'Ecole.

La culture s'appuie sur le passé, la science aussi.

Mais il y a assez peu d'Histoire des sciences à l'école, on entend peu parler des figures scientifiques. Ne faut-il pas remettre de l'Histoire au coeur de l'enseignement scientifique?
Absolument exact. On manque d'Histoire de la science. L'Histoire de la science devrait faire partie de l'enseignement.


Le fait qu'on ignore l'Histoire des sciences, qui est un véritable humanisme en soi, a pour conséquences que le corps social a tendance à ignorer la beauté de la science, à ne pas comprendre les enjeux sociétaux.

D'où un résultat catastrophique, qui est une peur de la science. Il y a une ignorance et un catastrophisme de la part de nos contemporains.

Je crois essentiel dans la transmission de la science de faire percevoir qu'il s'agit d'une aventure humaine et pas seulement d'un corpus de connaissances abstraites. Il faut raconter comment les choses se sont passées.
Par exemple, la première mesure de la circonférence de la terre par Eratosthène il y a 25 siècles à Alexandrie. Comment a-t-il fait?

En mesurant la longueur de l'ombre. Et nous avons fait refaire ceci par d'innombrables classes de primaire.

Quand les enfants rentrent le soir et que les parents leur demandent "Qu'est-ce que tu as fait à l'école, est-ce que tu as eu de bonnes notes" et qu'ils répondent: "Oh, j'ai presque rien fait, j'ai mesuré la taille de la terre", ils sont fiers.

Journaliste:
"Les scientifiques sont peu représentés dans le monde politique. Est-ce un problème ?"


J'ai été longtemps en relation avec le monde politique (conseiller scientifique) et j'ai pu constater l'extrême difficulté à communiquer ce qu'est la science, sa nature, ses besoins avec le monde politique. Il y a deux langages qui ont tendance à s'ignorer et il est extrêmement difficile de surmonter ce fossé.


Je dis que c'est le cas en France, pas dans tous les pays.

Le gouvernement chinois actuel comprend plusieurs docteurs ou ingénieurs.

Et c'est vrai en Allemagne aussi. La Chancelière a fait des études scientifiques avancées.

Donc c'est une caractéristique de notre pays, on peut regretter que les élèves de l'ENA n'ait pas une introduction à la science.


Le métier d'ingénieur était le plus beau après la guerre, c'était un état d'esprit collectif. Actuellement un a eu un état des lieux des écoles d'ingénieurs. Les 3/4 des elèves se destinent à la finance et à l'administration. On est obligé d'importer en France des ingénieurs des pays en voie de développement.
Il y a une désaffection vers ce qui est l'objet de la science.



La science se définit aussi par l'industrie d'un pays.

A partir du moment où l'industrie est en train de mourir ça pose un problème dont on n'a pas parlé aujourd'hui et qui est un problème absolument essentiel et fondamental.


PISA 2006 a montré que parmi tous les pays testés, la France est celui où l'écart est le plus grand entre une partie très bonne d'une tranche d'âge et une autre partie qui est très mauvaise.


A la fin du collège nous avons trié 2 sortes de populations, les meilleurs qui deviendront ingénieurs, et un tiers ou un quart que nous avons abandonné.


La Finlande est l'exemple opposé.

Fin de l'émission...

C'est d'ailleurs ce que j'écris depuis deux ans. L'Europe du Nord, l'Asie, l'Allemagne, bientôt la Pologne et la Russie dépassent la France en matière scientifique - de loin...

Il est urgent d'en prendre conscience et de faire pression pour que les choses changent. Reprocher à d'autres pays d'avoir une industrie performante, de trop exporter, ce n'est certainement pas la solution.

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