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Billet de blog 10 novembre 2010

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Expulsion sans visa pour l'Albanie

En danger dans leur pays d'origine, Eduard et Ermela RAPI, un jeune couple albanais, sont venus demander la protection de la France. Pendant l'instruction de leur demande d'asile, qui a finalement été rejetée, ils ont tissé des liens et commencé à reconstruire leur vie ici. Mais pour l'administration, refus d'asile égale expulsion. Leurs voisins, les élus et toutes sortes de citoyens se mobilisent pour obtenir justice pour eux.

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En danger dans leur pays d'origine, Eduard et Ermela RAPI, un jeune couple albanais, sont venus demander la protection de la France. Pendant l'instruction de leur demande d'asile, qui a finalement été rejetée, ils ont tissé des liens et commencé à reconstruire leur vie ici. Mais pour l'administration, refus d'asile égale expulsion. Leurs voisins, les élus et toutes sortes de citoyens se mobilisent pour obtenir justice pour eux.

Lettre ouverte à Monsieur Dominique SORAIN, préfet des Vosges

Monsieur le Préfet,

Depuis le lundi 27 septembre, date à laquelle vous avez fait procéder à l’arrestation d’Eduard et Ermela RAPI et de leur petite Ines avec les traumatismes que l’on sait, toute une population s’est mobilisée, à commencer par les voisins, les habitants de la Moselotte et de l’ensemble du département. Les élus de Cornimont, la Bresse et des communes environnantes se sont engagés à leurs côtés. Plus de 2.500 signatures vous sont parvenues, en mains propres d’abord le 8 octobre, puis par courriers. Des associations, des particuliers vous ont écrit. À ce jour, aucune réponse ne nous est parvenue. Ce silence est source d’une angoisse profonde pour ce couple qui souffre et vit dans la peur ; il est ressenti par tous les citoyens qui le soutiennent comme une marque d’indifférence, voire de mépris. Nous ne nous résolvons pas à croire que la pression de votre charge vous prive d’une approche humaine de cette situation qui nous tient tant à cœur.

Les signataires s’appuient sur l’article L 313-11 alinéa 7 de la loi CESEDA selon laquelle « la carte de séjour temporaire portant la mention ‘vie privée et familiale’ est délivrée de plein droit à l’étranger […] dont les liens personnels et familiaux en France, appréciés notamment au regard de leur intensité, de leur ancienneté et de leur stabilité, des conditions d’existence de l’intéressé, de son insertion dans la société française ainsi que de la nature de ses liens avec la famille restée dans le pays d’origine, sont tels que le refus d’autoriser son séjour porterait à son droit au respect de sa vie privée et familiale une atteinte disproportionnée au regard des motifs du refus, sans que la condition prévue à l’article L 311-7 [visa de long séjour] soit exigée. L’insertion de l’étranger dans la société française est évaluée en tenant compte notamment de sa connaissance des valeurs de la République ».

Dans le cas présent, Ermela et Eduard RAPI ont fait preuve d’une réelle et forte volonté d’intégration, à travers la qualité des relations tissées tant à la Bresse qu’à Cornimont, l’apprentissage suivi de la langue française malgré l’absence de structures adaptées, la vie associative (aide aux restos du cœur, cours de cuisine, etc.) et la recherche d’un emploi, matérialisée à ce jour par une promesse d’embauche en CDI qui vous a été déposée.

Réciproquement, beaucoup de personnes se sont attachées à eux et à leur enfant et ont trouvé du bonheur à leur contact.

Quant à la nature des liens avec la famille restée au pays, ils sont aujourd’hui inexistants, toute la famille ayant fui l’Albanie. Sur ce point, l’entrevue du 3 novembre avec votre chef de cabinet nous a permis de constater que certains éléments du dossier n’ont pas été portés à la connaissance de vos services, notamment les risques réels encourus en cas de retour, ce qui nous inquiète gravement.

L’article L 313 prévoit que « la carte de séjour temporaire peut être délivrée […] à l’étranger dont l’admission au séjour répond à des considérations humanitaires […] », ce qui nous semble tout à fait pouvoir s’appliquer dans le cas présent.

C’est pourquoi, Monsieur le Préfet, nous-mêmes et l’ensemble des signataires, en appelons à votre responsabilité et à votre conscience en vue d’une prise en compte réelle de la situation de la famille RAPI et des fortes attentes de la population du département.

Veuillez croire à l’expression de notre considération distinguée.

Le 4 novembre 2010

Mme Claude CONROY M. Dominique HANTZ Mme Johanna VERA M. Jean-Louis DIDELOT

Une pétition de soutien à la famille Rabi est en ligne.

A propos du titre de ce billet, rappelons que les albanais pourront bientôt circuler sans visa dans l'espace Schengen.

Martine et Jean-Claude Vernier

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