Une lycéenne de Rennes vient de remporter le premier prix du concours international de plaidoiries pour les droits de l’homme sur le thème "Les réfugiés de la « Jungle » ne sont pas des animaux." Et le centre associatif de rencontre des cultures du Hangar Kronstadt à Calais vient de ré-ouvrir.
Le ratissage des lieux de survie des migrants en transit dans le Calaisis avait été annoncé en avril 2009. Il a été réalisé en septembre. Contrairement à certaines attentes et grâce à la réactivité de nombreux citoyens, ces personnes, qui avaient été contraintes à vivre dans des conditions infra-humaines, sont devenues des sujets de droit par l'action de la justice: tous ceux qui avaient été enfermés dans les centres de rétention ont été libérés. Bien sûr, ils ont été remplacés par d'autres aux abords de la côte, toujours soumis à des persécutions incessantes.
Une jeune bretonne, en 1ère au lycée Victor et Hélène Basch, "[se] dresse aujourd’hui devant vous pour plaider la cause de Mendaye, Aman, Maryam ou Hamed. Ces personnes viennent du Soudan, d’Érythrée, d’Éthiopie, d’Afghanistan, d’Iran, du Pakistan ou d’Irak. Ce sont des femmes enceintes, des chefs de famille, des enfants qui ont quitté leur pays d’origine afin de rejoindre nos civilisations Occidentales, porteuses d’espoirs et d’avenir.
Ils possédaient pourtant une maison, une famille, un métier. Ils pouvaient manger à leur faim, et se laver correctement, mais malgré cela, leur vie était en danger. Guerre, régime totalitaire ou intolérance religieuse sont les principales raisons qui ont poussé ces êtres humains à s’enfuir. Pour survivre.
Ils ont traversé l’Europe d’Est en Ouest, lors d’un voyage qui pour beaucoup, aura duré plus de deux ans. D’autres sont passés par le Sahara, et ont franchi le détroit de Gibraltar. Certains ne sont jamais arrivés.
Leur but ? Rejoindre la France, pays fondateur de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, avant de passer en Angleterre. Tout espoir leur était permis car, d’après l’article 13 de cette fameuse déclaration, « devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l’asile en d’autres pays. »
J’aimerais pouvoir vous dire, Mesdames et Messieurs, que leurs désirs de bonheur et de liberté ont été exaucés. Mais cela serait une utopie, et je ne suis pas venue pour vous mentir."
"(...) Les pouvoirs publics semblent se poser beaucoup de questions, dont la réponse paraît pourtant évidente.
Pourquoi permettre à ces individus d’avoir une hygiène décente ?
Parce que ce sont des êtres humains.
Pourquoi la police arrêterait-elle de traquer ces individus en situation irrégulière ?
Parce que ce sont des êtres humains.
Pourquoi offrir à ces individus la possibilité de vivre librement et dignement ?
Parce que ce sont des êtres humains."
On trouvera ici de larges extraits de ce plaidoyer, implacable dans sa simplicité.
Il y a parfois des coïncidences heureuses. Dès le lendemain de la finale de ce concours, on annonce la réouverture du Hangar Kronstadt, dont on n'a peut-être pas oublié la fermeture immédiate par les forces de l'ordre. Le Hangar est un espace de discussions politiques et de débats, d’échanges culturels et de divertissement.
"A 10h aujourd'hui [17 février 2010], le réseau No Borders a officiellement réouvert le Hangar Kronstadt à Calais à la population migrante. Cela fait suite à la première ouverture au public le samedi 6 février, et à l'expulsion violente de la police le lendemain.
Maintenant le Hangar Kronstadt est ouvert comme un espace privé pour les membres de SOS soutien Ô Sans Papiers. Tous les migrants et les militants du Hangar sont membres officiels."
Plus de détails ici.
Martine et Jean-Claude Vernier
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