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Billet de blog 28 mai 2014

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Déclassement sans frontières

Voici une fable, une simple fable. Imaginée par un électeur du FN qui parle si bien de la faillite d'une société qui ne sait pas lui faire sa place ? Ou d'un jeune, ailleurs, déclassé dans son propre pays ? Ou bien encore d'un migrant qui devra repartir à zéro dans le pays dont il demande la protection ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Voici une fable, une simple fable. Imaginée par un électeur du FN qui parle si bien de la faillite d'une société qui ne sait pas lui faire sa place ? Ou d'un jeune, ailleurs, déclassé dans son propre pays ? Ou bien encore d'un migrant qui devra repartir à zéro dans le pays dont il demande la protection ?

LE  ZOO

Un jeune étudiant diplômé était en quête de travail. Il se rendait partout pour en chercher, mais en vain. Un jour, il reçut une proposition pour un emploi au zoo de Brazzaville. Très content, il se précipita le lendemain, bien habillé, pour l'entretien.

Chose étonnante, le poste proposé ne correspondait pas à l'annonce. En réalité, la mission consistait à remplacer le chimpanzé qui était mort la veille. On avait prélevé la peau de l'animal pour la faire porter par le candidat retenu. Le salaire net était de trois cent mille francs CFA, haha !!! Quelle opportunité après des mois passés à la recherche d'un job ! N'était-ce pas une grâce de Dieu ? Même si...

Le premier jour de travail, le jeune étudiant enfila la tenue de chimpanzé pour se rendre à son poste. Elle lui allait à la perfection. Tout se passa très bien. Le deuxième jour, c'était encore super, mais malheureusement le jeune, très épuisé par la position accroupie de singe prise la veille, se laissa emporter par le sommeil. Chose bizarre, ce jour-là on devait nettoyer la cage, aussi le technicien de surface le dégagea pour le mettre dans celle d'à côté, occupée par un lion.

Quelques instants après, le jeune homme se réveilla et, regardant autour de lui, vit le lion couché, non loin de là. « Hé Dieu, se dit-il, qui m'a envoyé ici ? ». Il se mit à appeler au secours - mais pas trop fort pour ne pas réveiller le lion.

A sa grande surprise, l'animal lui répondit: « Mon frère, moi aussi je suis étudiant, comme toi. C'est pas la peine d'appeler au secours, car je ne vais rien te faire. C'est mon boulot aussi d'être là ; je suis étudiant comme toi, d'ailleurs ici tout le monde est étudiant. Regarde le crocodile qui est dans l'eau, là, il a une maîtrise en physique-chimie. Et la girafe que tu vois là-bas est en doctorat d'histoire-géo.

Hé oui, au zoo tout le monde est étudiant, car les animaux sont tous morts. Sois tranquille et fais ton job, mon frère... »

Regman (demandeur d'asile)

Texte extrait du recueil Avant l'exil, j'étais quelqu'un. Paroles de réfugiés, édité par l'Apardap, Association de parrainage républicain des demandeurs d’asile et de protection. Maison des associations, 6 rue Berthe de Boissieux, 38000 Grenoble.

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