De l'art de plumer les vieillards

« C'est vrai que c'est peu intéressant pour les gens qui vivent longtemps ! Mais elle n’était pas obligée de cotiser, personne ne l’y a obligée ! » Texto. Ça, c’était ce matin. Vous vous frottez les oreilles, mais non, vous avez bien entendu : comme on vous l’avait déjà expliqué une première fois que vous aviez composé le numéro 08 pour demander des explications : « Il y en a qui souscrivent un contrat et meurent peu après, et d’autres qui cotisent longtemps…. C’est le jeu, et l’un dans l’autre, ça s’équilibre ! » C’était il y a déjà plusieurs semaines. Le « jeu ».... On croit rêver ! Depuis, vous en êtes au troisième courrier recommandé. Rien. Pas de réponse en dehors du classique « nous avons bien pris note de votre courrier, et vous informerons ultérieurement des suites, etc.» D’où ce nouvel appel ce matin, avant de saisir une association de consommateurs sur ce racket organisé*.

Les faits ? Avant de les exposer ce qui suit : si jamais l’entreprise d’ « assurances » visée ici (et que pour le moment, avant d’avoir rencontré l’avocat de l’association de consommateurs, je me bornerai de nommer « A. », me réservant le droit de divulguer ultérieurement son nom en entier), je tiens à assumer l’entière responsabilité de mes écrits. Si attaque en diffamation il y a, je réclame que ni le site ni l’hébergeur ne soient poursuivis. Seulement moi, en mon nom propre.

Mme D., 93 ans passés, ma belle-mère, a souscrit en 1992, soit il y a 19 1/2 ans, un contrat auprès de la société « A ». Il s’agit d’un contrat « garantie obsèques » proposé aux seniors afin que les frais de leur enterrement, plus tard, ne pèsent pas sur le budget de leurs enfants. Sur son site, la société « A. » se targue d’ailleurs que les cotisations de ses adhérents restera stable, qu’elle s’engage à ne jamais les augmenter….

Or voilà : de 25 € mensuels qu’elle souscrivait à l’époque, ma belle-mère cotise désormais 256,81 € par mois. Auxquels s’ajoutent les 20,57 € mensuels qu’elle verse en plus dans le cadre d’un second contrat souscrit à la même époque, aussi chez « A. » , bien sûr, et lui, élégamment baptisé « Garantie Assurance Longue vie ». Soit un total de 277,38 € mensuels… pour une personne âgée, non imposable, touchant une retraite d’environ 1300 €, reversion comprise, et hébergée depuis six mois dans un établissement médicalisé coûtant plus de 2400€ par mois !

« Mais c’est elle qui a régulièrement demandé à augmenter ses cotisations ! Nous, on n’y est pour rien ! », me répond-on. Ah bon ? Alors comment se fait-il que nous avons retrouvé dans son courrier des relances trimestrielles avec coupon détachable pour augmenter le montant de ses cotisations « afin de garantir un capital plus important » ? Et cela alors que, comme précisé plus haut, la société «s'engage à ne pas augmenter le montant des cotisations » au moment de la signature du contrat ?

Car le procédé est vraiment grossier : dans la tête de ma belle-mère, comme probablement dans la tête de la multitude de personnes âgées qui souscrivent ce type de contrats, (sans forcément regarder ce qui est écrit en tout petit, sans être vraiment habitué à la novlangue administrative, et surtout sans vouloir, par fierté, en parler à leurs enfants), c’est d’une forme d’assurance-vie qu’il s’agit. Ils sont, comme nous l’a affirmé ma belle-mère lorsque nous lui avons soumis ce problème, persuadés que de la sorte, ils mettront de côté un petit capital qui, à leur décès, sera reversé à leurs enfants. Or que nenni : le capital que toucherait ma belle-mère pour ses obsèques si elle décédait aujourd’hui ne s’élèverait qu’à peine à 9000 €. Le reste du capital ( ? « Et bien, il reviendrait à la société ! » C’est le « jeu » ! Ben voyons….

Alors bien sûr, on peut toujours interrompre tout versement. Ma belle-mère toucherait alors royalement…. 4758 €. Et le reste du capital, plus les intérêts, dans la poche de vous-savez-qui…..

Nota bene* : il suffit de taper « garantie obsèques » sur Google et de jeter un œil aux multiples forums Internet sur ce thème pour se faire une idée du nombre de personnes âgées concernées par ce racket*. Et toutes les familles ne tchatent pas sur Internet ! Il s’agit d’abus de faiblesse caractérisé. Par des entreprises ayant pignon sur rue et inondant télévision, presse spécialisée et boîte aux lettres de leurs prospectus. Et plumant allègrement les « cheveux blancs » sans que personne ne tire la sonnette d’alarme…

Nous allons, par le biais de cette association de consommateurs et peut-être d’autres, tenter de regrouper un maximum de plaignants. Si vous-même ou des personnes que vous connaissez sont concernées….

Vous avez dit « dépendance » ? Ce serait une « priorité »? Commencez donc par prendre des sanctions contre les escrocs qui prennent nos aînés pour des pigeons !

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Illustration en haut du billet:

Pigeons / © jessikawahls & Mains / © smad