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Billet de blog 7 octobre 2013

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(lavage) La gauche mitée par les mythes.

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(pour vous mettre dans le bain, reprendre si nécessaire au début du cycle : trempage et prélavage)

Poursuivons...

En prélude à quelques devoirs d'inventaire qui ne sauraient désormais trop attendre.
Alors que d'aucuns persistent à égarer leur gauche en éternelle perdition.
Et que d'autres nous servent une soupe fétide (pour le moins) en guise de bain de jouvence en gauchitude.
Deux tâches rétives, ou chancres malins, à éliminer de toute urgence :
La "Souveraineté Nationale",
et
Les "Trente Glorieuses".
Attention, ce sont des tâches tenaces, de véritables monstres (sacrés) dissimulés sous l'apparence de fées ou de bons génies ; des virus à propagation fulgurante, capacités de contamination et de nuisance redoutables, surtout en période de vague à l'âme.
Et dieu sait s'il y a des vagues !
Même l'eau de javel peut s'avérer impuissante.
C'est dire !
Commençons par la "Souveraineté Nationale" !
C'est le plus sournois.
C'est un masque, un concept, une essence (hautement inflammable, comme l'autre) qui cache le véritable monstre : l'état-nation-souverain.
 
L'état-nation-souverain ressort d'un roman feuilleton, dont il est l'actuelle figure, à la gloire d'un nombril... que dis-je, d'un abîme, au fond duquel il y a du bruit, des odeurs, des cartes identitaires, des territoires terrifiés et beaucoup, beaucoup d'amnésies.
C'est un vacarme venu du fond des âges sombres.
C'est une pestilence de cadavres empilés.
C'est un trou noir à singularités, un moule à clones.
C'est un aspirateur-hâcheur-mixeur géant, un haut-fourneau, un marteau-pilon, une emboutisseuse démoniaque et démesurée, c'est le diable.
C'est le malin.
Et quel malin !
Il se nourri de ses crimes fratricides, n'a de raison que sa fureur et d'autre légitimité que nos servilités volontaires.
De proche en proche il étend son territoire comme un ouragan dans sa course folle par delà les millénaires, avalant tout sur son passage. Ignorant de sa propre fin inexorable, il se déchaîne imperturbable jusqu'à sa prochaine agonie, aspiré-broyé par un frère ennemi (Maurice fait des vers) plus noir, plus profond, plus grand que lui.
C'est un malin, c'est un rusé qui use et abuse de nos cécités. Il fait feu de tout bois et de nos plus belles idées, qu'il tord, distord et défigure jusqu'à nous enchaîner à fond de cale, aveugles soutiers de son errance désespérée.
C'est à la tonne qu'il faut alimenter son foyer infernal et sans cesse jeter sur les braises à tour de bras de nouveaux combustibles dévoyés, qui s'entassent les uns sur les autres, et s'empilent en d'improbables combinaisons explosives, le culte des ancêtres, le droit divin, les drois de l'homme, ceux du sol, du sang, l'intérêt général, la démocratie...
Nous en sommes à la démocratie, là, actuellement.
Comme dernière couche.
Pour la suite on ne sait pas encore.
Mais pour l'immédiateté immédiate, c'est la démocratie.
Pauvre démocratie.
Soumise aux pulsions de l'état-nation-souverain, cet accouplement toxique et monstrueux de la puissance publique, du désir atavique et farouche d'appartenance identitaire et du principe d'autolégitimation. Trinité démoniaque.
Et ne voilà-t-il que le couplet nous est servi à contresens et méprise totale, au nom d'un héritage glorieux abusivement décontextualisé, par la nouvelle avant-garde du plus à gauche que la gauche... il est vrai quant à elle en déshérence affligeante.
Mais que diable ! En quoi l'affliction devrait-elle imparablement nous aveugler ? A ce point !
Il faut s'arrêter, un instant, un court instant. Le sujet est trop grave.
Il faut percer... le mystère, et l'abscès.
L'état, comme instrument de la puissance publique, émanation et garant de l'exercice du droit et des droits, et du principe d'égalité en droit, n'est pas en cause. (Il y a certes d'autres motifs de lui en vouloir, mais pas ici.)
La nation, comme communauté d'appartenance, "outil" de reconnaissance en fraternité, n'est pas plus encause. (Il y a certes, aussi, d'autres motifs de lui en vouloir, mais pas ici, pas maintenant.)
Le principe de souveraineté, comme proclamation revendicative de notre liberté commune, n'est pas plus en cause encore. (Il y a certes, toujours, d'autres motifs de lui en vouloir, mais pas ici, pas maintenant, pas comme ça.)
Non, ce qui est cause, c'est l'alchimie de cette réaction en chaîne mortifère que suscite leur assemblage incontrôlé. Et par ailleurs vociférant... jusqu'à la surdité volontaire.
Il y a me semble-t-il au coeur de cette fusion explosive, un processus de bouclage pervers qui échappe à la rationalité. Comme un phénomène d'autocombustion qui voudrait indéfiniment s'alimenter lui même. Qui tourne en rond, et finissant par s'épuiser, doit absolument pour sa survie trouver en ses extérieurs de nouveaux carburants.
Essai de description (c'est pas facile, surtout pour Maurice, qui aurait préféré aller aux cèpes) :
Il s'agit en fait de la manipulation périlleuse d'essences. Qui en tant que telles et prises séparément ont un pouvoir de combustion à priori maîtrisable. Mais qui en association telle que décrite ci-après, sont capables de tout.
Surtout si on les promène inconsidérément, voire avec ostentation, sous le nez d'une allumeuse comme Marine.
On va essayer d'être concis.
L'état, outil de la puissance publique, "incarne" la nation.
La nation, symbole d'appartenance identitaire, revendique sa souveraineté.
La souveraineté, source du droit, légitime l'état.
En une seule phrase, peut-être.
L'état "incarne" la nation, qui exige sa souveraineté, qui légitime l'état.
Un objet de puissance, la subjectivité collective et l'impunité légale... en boucle.
Tournez manèges, au petit "matin brun" de Brignoles voici les patriotes.
 - Maman j'ai peur.
 - Du calme Maurice.
  
Pour réfléchir plus sereinement, à l'écart de mes galéjades pertubatrices, et si vous le souhaitez, je propose de vous laisser momentanément, d'un clic, auprès d'un référentiel synthétique mais roboratif.
(Mais revenez vite, car il faut en finir avec cette lessive et avant que de procéder au rinçage puis à l'essorage, il reste à nous occuper des "Trentes Glorieuses", cette deuxième tâche mythique, rétive et croquignolette à souhait, incrustée aux plafonds des gauches. Nous aurons cependant l'extrême délicatesse de ne point tomber dans l'excès et de n'abuser ni de votre attention d'ores et déjà par trop sollicitée, ni de notre lessiveuse dont la résistance à l'effort nous est chichement comptée. C'est pourquoi nous reportons en deuxième saison l'édition des ultimes roulements de tambour de notre cycle "lavage". Merci et à tout de suite, c'est ici.)

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