Après le "Souverain National", venons-en maintenant à l'autre tare, aux "Trente Glorieuses".
LES "TRENTE GLORIEUSES"
Anecdotique péripétie au regard de ce qui précède... contingence éphémère, mais drogue dure. Possiblement et dramatiquement conséquente si on continue à laisser faire les dealers et autre trafiquants de tous poils ; et la substance s'incruster plus longtemps.
Pénétrer au plus profond de nos cerveaux, et y faire ses petits. Chancres redoutables de la pensée contemporaine qui se pense de gauche. Une armée de vers fouisseurs et de prions cannibales, réunie sous les auspices ténébreux d'Alzheimer et Creutzfeldt-Jakob.
Et grosse vilaine tâche dans l'histoire qui se contruit.
Les "Trente Glorieuses" avec majuscules, prochaine et inépuisable source de nos petits devoirs d'inventaire... à venir.
Mais pour l'instant, avant que d'aller fouiner dans les détails, sus au monstre mythique !
Ah elles étaient belles nos trente glorieuses !
Ces années 40 finissantes du chewing-gum et de la guerre d'Indochine.
Les fifties ! du rock'n roll et de la guerre d'Algérie.
Les sixties ! et les débuts 70 ! avec la deudeuche et la Re8 Gordini, Johnny, le Viet Nam, le Biafra...
Que du bonheur...
On s'en est mis ! Tant qu'on a pu !
La machine à laver, le transistor, le frigo, la télé, la bagnole, le rasoir électrique, les bas nylon au Prisunic, et le café moulu aussi, et la mini-jupe de la fille du proviseur, et y'avait même un ascenseur social !
Putain qu'est-ce qu'on s'en est mis ! Qu'est-ce que c'était moderne !
La coopérative des fonctionnaires, la CAMIF, la FNAC, le Super Mammouth !
Tellement qu'on étaient saouls, on a rien vu !
Putain on s'est réveillés en 83 !... une gueule de bois... j'te dis pas !
C'était déjà fini depuis 10 ans. On avait rien vu !
Mais alors rien du tout.
Salauds ! Traitres ! Tournant à droite !
Pour sûr ! y'avait plus de gauche.
Où tu veux aller ?
Des marchands, des clients, du crédit, roulez jeunesse, c'est tout droit.
Du pouvoir d'achat ! Du pouvoir d'achat !
Tu parles d'un pouvoir !
Ils nous ont vendus.
Qui ça ils ?
Les rois de la "conquête sociale", de la "classe ouvrière" et du "prolétariat triomphant".
Et tous ceux qui continuent encore aujourd'hui à nous bassiner avec l'âge d'or de l'état providence et protecteur des "trente glorieuses".
Et ça fait du monde !
Les trente glorieuses ont été en réalité les trente calamiteuses, de notre intoxication, de l'asservissement des peuples et des états-nations, via les politiques keynesiennes à la dynamique capitaliste d'accumulation des profits, et le prélude à leur intégration stratégique au service de la contre révolution néolibérale.
Et cela, avec l'assentiment général.
Pire, avec la complicité active des leaders, syndicaux et politiques, de la classe ouvrière de nos pays riches (les partisans de "la dictature du prolétariat" au premier rang, mais pas qu'eux).
Et les mêmes continuent aujourd'hui de nous enfumer.
De nous donner des leçons.
De rabacher leurs rengaines foireuses.
Et de pleurer maintenant sur Brignoles.
Imbéciles ou faux-culs ?
Les deux !
Quand il était temps d'engager la vraie révolution, celle qui doit avoir lieu d'abord dans les têtes, ils ont préféré conduire le troupeau à la soupe et s'étonnent aujourd'hui.
Ils ont vendu leurs troupes, les ont livrées sur un plateau à la "consommation de masse", à cette "société de consommation" compulsive et débile qui n'était que la contrepartie de l'impérialisme néocolonial et de l'exportation de la misère au sud.
Ils avaient leurs "places", leurs leaderships et leurs minables boutiques à protéger, faux-culs !
Ils avaient surtout leurs catéchismes simplets, leurs certitudes de bourrins, leurs mots d'ordre (et leurs services aussi, d'ordre), les imbéciles !
Abrutis, triples buses, des huitres ! vides.
Alors, bien sûr on en a tous profité de cette consommation, comme tout le monde, on s'est tous faits acheter, et en plus, en conscience pour beaucoup.
Mais au moment où le point de rupture entre barbarie et civilisation se rapproche dangereusement il serait peut-être temps, sain et honnête (de gauche quoi !) de réviser le catoche.
Mais non, on continue, et on en rajoute même :
"NOTRE modèle social est en péril !"
"Battons-nous pour préserver NOS acquis !"
"Refusons le démantèlement de NOTRE république sauciaaale !"
Selon un subtil dosage où vient se mêler en prélude au bouquet final le délicieux parfum de la bêtise souveraine... mais idéniablement nationale et patriotique.
Incontinent, un troisième cycle de lavage s'est révélé nécessaire, on l'a échappé belle.