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Billet de blog 13 mai 2012

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Réhabiliter et réorienter la dépense publique.

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Christiane MARTY, membre du conseil scientifique d'Attac vient de publier dans les colonnes de Mediapart "Réhabiliter les dépenses publiques."
Au delà de la réhabilitation, il faudrait aussi parler du nécessaire rééquilibrage de la dépense publique.
L'artice de Christiane Marty pointe à juste titre la première place occupée, et de loin, par la solidarité et la santé qui représentent en cumul environ 57% de la dépense publique.
Dans la longue période de crise ouverte (1) en réalité depuis le milieu des années 70 cela est bien sûr légitime, mais je crois qu'il ne faut pas nous contenter de ce qui s'impose trop facilement comme une évidence.
Il faut lever le nez du guidon et considérer ce qu'une telle mise de fonds dans le soin et la réparation signifie ; toute l'ambivalence dont elle est porteuse justement, en tant que "choix de société".
Il y a là en creux une forme d'acceptation fataliste de la société telle qu'elle est, de renoncement ; et symboliquement un déni des capacités de transformation sociale et d'émancipation collective des pesanteurs d'un système moribond.
L'état est transformé en guichet, et les citoyens au mieux en usagers, au pire en clients.
(C'est aussi l'une des cause de la dépolitisation de la société civile.)
L'alternative est une politique d'investissement.
C'est à dire d'abord et avant tout une politique d'éducation.
D'éducation, et pas seulement une politique de l'école.
Une politique qui affirme en effet la "priorité à l'humain", mais une priorité débarrassée de ses atavismes charitables, qui fasse en réalité le pari de l'humain, de la capacité des humains.
Selon les seuls chiffrages consolidés que j'ai pu trouver (analyse INSEE sur 2005), la dépense publique en la matière ne représentait à l'époque que 14,3% du total (en cumulant éducation nationale, jeunesse et sports, culture et... même les cultes), soit 4 fois moins que pour la santé et la protection sociale réunies.   
    
Avec l'effondrement du système et l'agravation accélérée de la crise économique et sociale qui sont en cours, il n'est pas envisageable de rogner sur les dépenses de solidarité.
Mais il est possible de mesurer un peu, non pas la diminution, mais l'augmentation des dépenses publiques qui est nécessaire et dans quelle direction, urgemment et impérativement prioritaire... à bien considérer les résultats de la présidentielle.

Et à titre de complément, "Education nationale : le grand renoncement".

 
(1) Il faudrait aussi à propos de cette crise en finir avec l'ambiguïté que véhicule sa désignation systématiquement et abusivement inqualifiée. Il s'agit après tout de la crise systémique et complexe (une "polycrise") d'un système, complexe (par définition) et désormais planétaire, dont on ne peut pas dire qu'ils soit satisfaisant, et qu'il convienne pour garantir sa pérennité de le sauver aujourd'hui. Plus encore (mais dans le droit fil), il faudrait en finir une bonne fois pour toute avec l'idée implicite et pernicieuse selon laquelle cette crise aurait mis fin à une période prétendument vertueuse, celle dite des "trente glorieuses" ; qui a bien y réfléchir, est à la source de tous les renoncements et de toutes les crises actuelles, en tant que moment de l'asservissement généralisé et triomphant au consumérisme compulsif. Les complicités ont été nombreuses, surtout et y compris parmi ceux que d'aucun voudraient nous présenter aujourd'hui comme les fers de lance du renouveau idéologique et de la reconquête de la "vraie gauche"... il y a là un devoir d'inventaire qui reste à honorer comme condition de la reconquête.  

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