J'étais venu à Mediapart au printemps 2008, sans même savoir qu'il y avait "un club".
Un an plus tôt le petit affairiste idéologue à trois balles avait, comme prévisible, et comme l'y invitaient il faut bien le dire ses institutions célérates, assujetti la république, ... et d'un même élan, il faut le dire aussi, assujetti cette "société du spectacle" qui nous sert de démocratie.
9 € X 12 = 108 € par an, c'était bien le moins que je pouvais faire pour tenter de contribuer humblement au réveil... sur la foi de déclarations d'intentions qui me paraissaient sincères. Et puis il y avait cette innovante promesse, vaguement perçue au hasard d'une ou deux interviews d'Edwy Plenel sur France Inter, comme outil du renouvellement possiblement rédempteur de l'exercice journalistique.
En fait, c'était une cotisation, un crédit accordé sine die... prélèvement mensuel et automatique... on va pas s'embêter.
De loin en loin, quelques échos parvenaient jusque sur les ondes, voire sur quelques écrans tardifs, qui confirmaient la justesse du choix... il n'était même pas utile d'activer le lien que j'avais pourtant posé en raccourci sur le "bureau", en attente... dans l'attente, l'attente d'un peu de temps, un peu plus, et de disponibité d'esprit aussi.
Et puis le 7 février 2009, après 7 mois de négligence, mais tout aussi négligeamment, j'ai cliqué.
La Une... comment ça marche ???... ah oui, tiens !... il y a des commentaires... derrière les articles !?... bof.
Retour à la Une... une colonne à droite : Le Club ???...
"Qu'est-ce qu'être de gauche ?" Par Farid.
Il est gonflé celui là !
Voyons voir.
J'ai hésité un moment.
Mais, l'entame était bonne et la discussion à mon goût, j'y suis donc allé de ma petite contribution inaugurale.
L'accueil fut bon.
C'était parti.
En fait j'ai assez vite compris que je n'étais là que pour savoir ce que je pense. Le dire n'ayant au fond que très peu d'intérêt.
Au fil du temps et des fils de discussion quelques affinités et connivences, rationnelles et irrationnelles, se sont imposées tandis qu'en marge j'assistais à d'étranges querelles, nourries de vieilles rancoeurs et amertumes recuites dont j'ignorais tout, mais soldées par ce qu'il ne me semble pas abusif d'appeler, en contexte, "une sorte de suicide". C'est à dire une disparition, un effaçage volontaire.
Curieusement c'est ainsi que je me suis peu à peu retrouvé en situation d'avoir à regretter, et aujourd'hui plus que jamais, le départ de gens avec lesquels n'étant pas d'accord j'avais envie et besoin de discuter... sans que cela soit possible.
Pour autant, je reste.
Nos petits déboires personnels ne font rien à l'affaire et il ne me vient pas à l'idée que les tords puissent ne pas être partagés.
Les procès d'intentions partisans et le cynisme qui s'épanchent à longueur de tracker et répandent leurs poisons de proche en proche sont pour moi autant de bonnes raisons de ne pas lâcher.
Oui, Mediapart, sa direction et sa rédaction sont confrontés aux excès de leur "progéniture", à l'irruption de l'imprévu, à la nécessité d'avancer.
Ce ne sont que les rançons du succès.
J'étais venu à Mediapart en sachant pourquoi.
Je sais pourquoi je reste.
(J'ai bien aimé le billet de Liliane Baie : "Blogueurs de Mediapart, ne nous trompons pas d'ennemis !")