Jean-Claude Charrié (avatar)

Jean-Claude Charrié

Abonné·e de Mediapart

642 Billets

3 Éditions

Billet de blog 28 février 2009

Jean-Claude Charrié (avatar)

Jean-Claude Charrié

Abonné·e de Mediapart

Le diagnostic: suite et fin

Comment fonder une alternative de gauche? Telle était la question sous-jacente aux différents fils qui ont précédé ce billet. Cher lecteur, merci de bien vouloir en conséquence considérer les lignes qui suivent dans cette dans cette continuité.

Jean-Claude Charrié (avatar)

Jean-Claude Charrié

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Comment fonder une alternative de gauche? Telle était la question sous-jacente aux différents fils qui ont précédé ce billet. Cher lecteur, merci de bien vouloir en conséquence considérer les lignes qui suivent dans cette dans cette continuité.

1.Violences, souffrances et peurs :

Le suicide des jeunes, qui dispute la première place aux accidents de la route comme cause de mortalité dans la tranche des 16-25 ans est peut être le symptôme le plus criant des violences, des souffrances et des peurs que subit la population en général. Compétition interindividuelle à tous les stades de la vie, défiance permanente dans tous les rapports sociaux, frustrations incessantes induites par le consumérisme, incertitude absolue de l’avenir, la liste des motifs ne peut être exhaustive.

Mais les résultats sont là : première place européenne (mondiale ?) pour la sinistrose et la consommation des drogues légales par les adultes, violence endémique dans les banlieues, ">Les temps de vaches maigres, de restrictions et de déclins sont propices à toutes les perversions, le pétainisme rode. « Systèmes D », trafics en tous genres, économie souterraine, et sociétés de surveillance ou de contrôle s’épaulent réciproquement, délation organisée, milices privées déguisées en « services » ou « agences » de sécurité, tout cela prospère, se développe insidieusement, gagne du terrain au sein même des services publics, s’offre pignon sur rue et spots publicitaires à la télé.

On en arrive même aux « appels d’offres » du ministère public pour fliquer les enseignants !

La France de Monsieur Sarkozy ne sent pas bon.

Mais elle a bonne conscience, chacun ne défend-il pas en effet ses légitimes intérêts d’électricien, de gazier, de cheminot, de postier, de buraliste, de taxi, de pharmacien, d’épicier, de paysan, de pêcheur, d’épicier, de restaurateur, de boulanger, de docteur, d’infirmière, d’avocat, de professeur des écoles, de chercheur, de journaliste, …de catholique, de juif, de musulman, …de père, de mère, d’homosexuel, de lesbienne, …d’habitant de chez lui, d’amoureux de la nature, des batraciens, des boites de banania, …de cycliste, de motocycliste, de bipède, …d’homme, de femme, …de …?

Et quoi de plus naturel qu’une solidarité d’intérêts ?

Et quoi de plus naturel que l’opposition des intérêts privés ?

La déconstruction du politique est avancée.

La manipulation populiste est à l’œuvre, les boucs émissaires ont été désignés, la vindicte populaire monte, ça va marcher !

3.Cynisme, trivialité et impuissance du politique :

Les essais sur la fin de la démocratie, au mieux sur sa mutation, ne manquent pas[1]. La prise et l’exercice du pouvoir par Nicolas SARKOZY en sont les premières justifications. Mais il y a pire.

Dans la course à la défense des avantages acquis, au cœur d’une société en souffrance, le monde politique s’offre en effet en spectacle.

Au désenchantement consécutif à la marchandisation généralisée, s’ajoute désormais celui qu’induit le cynisme en politique.

D’un bout à l’autre de l’échiquier électoral, il n’est pas un seul élu de renom, qui ne puisse être pris en flagrant délit, au minimum de ne pas dire la vérité, dans tous les cas de démagogie voire de populisme et il n’y a pas de maximum.

Toutes les formes de trivialité se côtoient : du simple attachement à la notoriété, plus fort que toutes les fidélités, jusqu’à l’addiction névrotique présidentielle pour les symboles du luxe.

La dureté réelle du combat politique et surtout de l’exercice du pouvoir exécutif ne sauraient les justifier.

C’est une désespérance supplémentaire, certainement celle de trop, qui scelle l’impuissance du politique et ouvre toute grande la voie qui mène du populisme au fascisme.

CONCLUSION : est-il encore temps ?

Dans le contexte de crise généralisée et de recomposition contrainte du capitalisme mondial que nous subissons, la situation économique et sociale de notre pays est plus que préoccupante. Elle est très grave parce qu’elle coïncide avec la présidence populiste de Nicolas Sarkozy. Ce qui laisse présager sa dégénérescence rapide en crise politique majeure avec dérive vers un état répressif assumé.

Face à cette situation, l’opposition politique, aujourd’hui essentiellement constitué d’élus locaux (et de leurs supporters) confrontés aux problématiques de gestion des exécutifs et des rapports de forces territoriaux (il faudrait dire « empêtrés » tant ces problématiques sont complexes), est naturellement dans l’incapacité de mobiliser simultanément les ressources à la hauteur de la tâche pour produire et porter l’alternative, lisible et crédible à l’horizon planétaire qui s’impose.

La question est donc de savoir comment dépasser cette contradiction, cette paralysie fonctionnelle en particulier du Parti Socialiste qu’induit l’incompatibilité par essence : de la gestion du réel et de la projection de sa transformation.

Quelques règles sont peut-être à définir qui permettraient certainement d’y parvenir et simultanément de rejeter aux marges nombre de querelles imbéciles… premier défi stratégique ? Avant qu'il ne soit trop tard.

[1] Voir en particulier les publications de P. ROSANVALLON et l’ouvrage d’Emmanuel TODD déjà mentionné.

Pour commencer par le début : Introduction

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.