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Billet de blog 28 novembre 2013

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Le gaullisme : ou la gauche mitée par les mythes (lavage 3)

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Avertissement  (06/12/2013):
Pour des raisons tout à fait indépendantes de ma volonté, mais consécutive à une indéniable maladresse de ma part, le fil de discussion de ce billet tourne assez rapidement et peu charitablement au comique de boulevard voire troupier, mâtiné cependant à bien y regarder d'une idéniable touche surréaliste du plus bel effet.

On notera que dans un bel effort prolongé quelques sommets redoutables sont atteints.
Par avance, merci au lecteur de bien vouloir m'en excuser.

***


Dans nos efforts lessiviels, nous étions, Maurice et moi, quelque peu assoupis et à deux doigts de passer à la phase ultime du rinçage/essorage en oubliant cette grosse tache, ô combien incrustée pourtant au plafond de nombre des ses voies qui prétendent aujourd'hui "incarner" la gauche et son avenir.
Fort heureusement, et nous ne l'en remercierons jamais assez, une conclubiote inspirée est venue nous tirer de notre coupable distraction. 
VIVE DE GAULLE ! VIVE LUCIEN NEUWIRTH !
Ainsi titrait le 26 novembre dernier Agnès GOUINGUENET
Pour tous ceux qui débarqueraient et ne comprendraient que couic, voici le lien qui leur permettra de reprendre le cycle au début et de situer le présent billet : (Lavage) La gauche mitée par les mythes.
Pour les autres, je vous propose, Maurice ayant besoin de repos, de continuer par la lecture des principaux commentaires sucités par le billet d'Agnès. Ils vallent de toute façon bien mieux que les pénibles et laborieuses réécritures que pourrait nous livrer Maurice.
Avec mes remerciements aux autres contributeurs, et avant que l'original ne soit dépublié en voici le fil :  
14:01 | Par Max Angel
Exact ! Pour Neuwirth.
Pour de Gaulle... certes !
Mais, si l'on doît admirer celui qui servit de catalyseur à la Résistance, l'on peut être moins enthousiaste pour celui qui arriva en "Sauveur" après le coup d'Etat d'Alger du 10 mai.
A la différence de ses successeurs, lui, avait une "certaine idée de la France", voyait à long terme, et sut résister à l'Empire.
Même "si la politique ne se faisait pas à la corbeille", le patronat ne fut pas mécontent de sa politique, les affaires se poursuivirent, et le SAC de Charles Pasqua avait conservé les mauvaises habitudes de la Résistance.
Quant à la Françafrique, elle s'épanouit d'autant mieux que la décolonisation se fit à condition que les présidents locaux soient tenus bien en main, surveillés de près et obligés de "rendre service".
Enfin, l'ORTF, sous le regard d'Alain Peyrefitte avait intérêt à filer doux et à ne point choquer Tante Yvonne. Bonjour la liberté d'expression !
Maintenant, on pourra toujours et facilement me prouver que les chaînes actuelles, surveillées d'un oeil paresseux nous servent de la daube frelâtée, du prêt à penser consumériste et du reality show qui fait froid dans le dos.
 
Neuwirth et Simone Weill avec la gauche de l'époque ont réussi à émanciper les femmes qui doivent demeurer vigilantes quant à leurs droits que d'aucuns seraient prêts à remettre en cause comme tous les droits acquis par les luttes.
22:39 | Par Yansan en réponse au commentaire de Max Angel le 26/11/2013 à 14:01
Quand vous écrivez « et le SAC de Charles Pasqua avait conservé les mauvaises habitudes de la Résistance » précisément vous pensez à quoi ?
A ces truands tels Le Ny, Palisse, Bouchesseiche, JO Attia (lire "L'histoire du SAC d'Audigier) et bien d’autres qui faisaient partie de la Carlingue, la Gestapo française et qui ont su apporter la technicité acquise dans leur partenariat avec les nazis et la profondeur de leurs convictions  à la phalange gaulliste ?
Aux pratiques  expéditives de Foccart, résistant tardif de fin 43 qui a fait disparaitre révolver au poing les témoins de sa collaboration précédente avec les nazis de l’organisation Todt (lire les chapitres très instructifs concernant « la guerre » de ce plus proche collaborateur de MonGénéral dans "l'homme de l'ombre de P. Péan).
Cette phalange qui n’aurait pas fait tâche dans n’importe quelle dictature sud américaine (tiens il semblerait que, comme au Chili sous Pinochet, ils avaient un tropisme pour les grands stades afin d’y parquer les opposants…), jurait fidélité au Grand Charles.
Et  De Gaulle leur rendait bien avec son appel sans ambiguité « à l'action civique » le 30 mai 68 au moment où Zemour le patron de la pègre parisienne défilait avec les gaullistes le 30 Mai
http://www.bakchich.info/france/2008/05/30/quand-la-pegre-defilait-en-mai-68-aux-cotes-des-gaullistes-52807
Et MonGénéral, preuve de son attachement à ce ramassis de nervis, déclarait à Foccart à propos du SAC : « Il faut maintenir ce noyau dur, pur, de gens décidés ; grâce à eux, on pourra continuer la ligne gaulliste, grâce à eux, plus tard, pourra renaître le gaullisme. Il faut entretenir cette foi. » (Journal de l'Élysée, tome II, p. 762).
Et oui, le gaullisme de gouvernement, entre 45 et 69 (et même bien après…)  a été avant tout palermitain : pas étonnant qu’aujourd’hui Môssieur Charles soit dépositaire des huiles saintes du gaullisme.
Désolé pour ceux qui ont appris l’histoire du  gaullisme dans « Martine à Colombey », qui parlent de De Gaulle comme on parlait des Chaussettes Noires en 1962 (niveau d'analyse Salut les Copains), désolé pour tous ceux qui ne veulent pas voir ces horreurs, mais devant un tel manque d’éthique républicaine, de telles pratiques abominables, on ne peut que partager la conclusion du journaliste du Monde Thierry Bréhier qui écrivait après la sortie des mémoires de Foccart, le Vendredi 14 mai 1999: « Le gaullisme raconté par Jacques Foccart n'est pas un conte pour enfants. C'est une histoire terriblement, tristement révélatrice. Une histoire qui n'est pas achevée. »
Pour ce qui est de L. Neuwirth : évidemment que ce qu'il a fait doit être applaudi mais il l'a fait contre son camp, ce camp qui chaque fois qu'il a fallu faire des avancées sociétales, légalisation de l'avortement, suppression de la peine de mort, parité, PACS, mariage pour tous , etc, a fait preuve de l'obscurantisme le plus condamnable et de la violence verbale la plus sectaire.
27/11/2013, 10:40 | Par Jean-Claude Charrié en réponse à Agnès
Bonjour Agnès,
Le problème avec De Gaulle n'est justement pas la question de l'homme, ni une question de haine, c'est à dire d'émotion.
C'est au contraire un problème de raison, éminemment politique.
Le problème d'une symbolique et d'un culte parfaitement contradictoires dans leurs attendus et par leurs conséquences avec le dessein qui leur est prêté et qui les justifie.
Une république de citoyens ou une assemblée cultuelle,
La culture de la démocratie ou le culte de l'homme providentiel,
...il faut choisir.
C'est pourquoi, s'il est permis me semble-t-il de respecter l'action De Gaulle durant la seconde guerre mondiale, il n'est pas interdit en revanche d'estimer qu'à compter de 58, elle relève d'une aventure et d'une supercherie (politiques) dont hélas nous ne sommes pas encore sortis.
Les faits et pratiques de tous ordres, durant ses mandats, rappelés ici par d'autres contributeurs en témoignent.
Et plus encore les tares nationales de nos comportements politiques et électoraux qui conduisirent entre autres au paroxysme de l'élection d'un Nicolas Sarkozy.       
C'est pourquoi, bien plus que De Gaulle lui-même, ce sont les gaullistes qui sont le problème.
Comme dans toute religion, le mal, c'est la cléricature.
Quant aux décisions positives (telles la loi Neuwirth, et il y en eût beaucoup d'autres), avant que de les porter au seul crédit du président qu'il fut, il serait peut-être plus prudent de recontextualiser et de considérer que n'étant point sourd ni aveugle, l'homme su, ou du, pour préserver son image, son pouvoir et celui de ses soutiens et affidés, admettre et acter les évolutions sociétales qui s'imposaient alors, peu ou prou dans toutes les démocraties occidentales... qu'il ne dirigeait pourtant pas.    
   
10:51 | Par Yansan en réponse au commentaire de Jean-Claude Charrié le 27/11/2013 à 10:40
100 % d'accord avec vous : nous payons tous les jours dans le fonctionnement de notre démocratie cette arrivée au pouvoir dans les camions des paras et surtout les pratiques fort criticables que le Grand Homme a mises en place dès Mai 58 et que ses successeurs, même s'ils ont moins franchi la ligne jaune que lui, ont fait perdurer s'abritant derrière son ombre : si lui en a tant fait, pourquoi leur reprocherait-on d'en faire beaucoup moins ? .
L'histoire démontrera que le gaullisme depuis 1945 a fait reculer la démocratie en France (lire à ce propos les écrits cinglants de Réné Rémond sur les pratiques du RPF dans "Les droites en France")
11:05 | Par Yansan en réponse au commentaire de Agnès GOUINGUENET
Il est dommage que vous ne vous rendiez pas compte du comique de vos écrits : vous avez pour MonGénéral le recul et l’objectivité d’une adolescente lectrice  de Salut les Copains et admiratrice des Chaussettes noires . Et vous nous répondez comme répondaient alors ces adolescentes … en trépignant .
Le journaliste sportif ne déteste pas l’équipe de France de football lorsqu’il annonce qu’elle a très mal joué. Il fait son travail. Je fais le mien, celui de citoyen républicain et viscéralement démocrate quand je pointe, avec des faits que vous ne pouvez contester, la face noire de votre idole, face noire qui est consciencieusement poussée sur le tapis … quand elle n’est pas justifiée  avec des arguments consternants.
A ce propos, par exemple, donnez-moi 3 bonnes raisons à l’immixtion de la barbouzerie gaulliste dans la guerre du Biafra et aux cortège de souffrances que cela a entrainé  (plusieurs centaines de milliers de morts pour rien)? La décolonisation ? Ah bon, pourtant nous n’avions rien à faire au Nigéria…
Donnez-moi aussi 3 bonnes raisons à la création et à l’existence dans une « démocratie »  (et à la bénédiction par De Gaulle) du SAC, cette phalange de nervis fascisants qui ont commis les pires crimes avant d’être interdits après le massacre d’Auriol. L’OAS ? Dans une démocratie, il ya une police, une justice, des services spéciaux qui sont là pour exécuter les ordres des politiques et faire régner la loi et l’ordre républicain. Et l’OAS, De Gaulle les amnistiera très vite car il en avait besoin pour  renforcer sa phalange (1965 puis 1968…) ; pourtant le SAC perdurera…
Souffrez qu’à la naïveté de vos écrits, à l’ignorance que vous semblez avoir de l’histoire contemporaine française,  on réponde par des faits uniquement des faits.
Ayez l’élégance, si vous ne pouvez contester ces faits, de reconnaitre que votre idolâtrie ne fait en rien de ceux qui connaissent un peu l’histoire contemporaine des gens haineux de x ou y, mais des gens qui, honnêtement, essaient de rétablir la vérité face à un tsunami de désinformation.
Car le « mythe De Gaulle » ne doit rien au hasard : certes l’homme a sa face éclatante, mais quelle face noire ! Un  fin observateur de la vie politique française d’après guerre avait dit à propos de lui : « Quel souffle mais quelle absence de scrupules sur les moyens !». Tout est dit et je partage absolument cette analyse même si je pense que sur la fin (à partir des années 67 – 68) le personnage était visiblement dépassé voire sénile, son attitude en Mai 68 le prouve amplement et si vous trépignez encore, je vous offrirai les écrits incroyables qu’il a envoyés alors à Franco qui ont indigné des gaullâtres tel F. Mauriac et A. Malraux.
Je ne hais pas ce personnage mais je déteste comme je vous l’ai déjà dit les (très gros)  mensonges ;  je me situe dans la ligne de ce qu’avait écrit JF Kahn en 1996 dans un long article : « Les crimes de De Gaulle  comparés aux turpitudes de Mitterrand » car une longue observation de la vie politique comme de la vie professionnelle m’a appris que, selon le principe des fléaux de la balance, quand on porte trop haut quelqu’un c’est que l’on flingue injustement un autre, l’un et l’autre ne méritant cet excès d’honneur et l’autre cet excès d’indignité.
Enfin, visiblement vous vous souciez peu du fonctionnement de la démocratie : c’est en dénonçant l’imposture qu’est la sanctification du de  De Gaulle des années 45 à 69 que l’on contribuera  à éradiquer progressivement les pratiques détestables héritée du grand Homme qui pervertissent le fonctionnement de notre démocratie.
Tiens, pour terminer je vous offre la définition de C. Melnik du gaullisme : "Arrogance, gesticulation et barbouzerie"
   
26/11/2013, 22:13 | Par P. Dever
Neuwirth, pas de problème. La race des seigneurs, pas de doute, comme en effet Simone Veil.
De Gaulle: un peu rapide, quand même, l'emballement. Une vie politique complexe, luttant contre le régime de Vichy mais revenant au pouvoir porté par ceux qu'il trahira plus tard et fonderont l'OAS (un exemple parmi d'autres). Peu soupçonnable d'enrichissement personnel, mais, via le symbolique Pompidou, amorçant le triomphe du capitalisme financier.
D'avoir eu raison avec Neuwirth, d'avoir accordé le droit de vote aux femmes, est à porter à son crédit. Papon préfet de police à Paris (alors que, forcément, le Président savait), Charonne, ce sont tout de même d'autres facettes.
Evitons d'être extatiques...
   
27/11/2013, 00:12 | Par Yansan en réponse au commentaire de P. Dever
Certes De Gaulle n'a pas piqué dans la caisse comme Chirac, mais je vous suggère de lire "l'après de Gaulle" de l'ultra - gaulliste Jean Mauriac, très proche de la famille De Gaulle et vous y découvrirez des pratiques du Grand Homme qui révisent à la baisse la légende sur sa rugueuse probité...
Les mémoires de Foccart nous en apprennent de belles sur les pratiques du grand Homme et le Canard Enchaine l'avait souligné avec jubilation lors de la sortie de ces ouvrages.
Et tant Jean Mauriac que Jacques Foccart ne peuvent être taxés "d'antigaullistes primaires "...
Voilà.
Ensuite Agnès, boudeuse, a fermé son billet aux commentaires.
Entendons nous bien, qu'il y est à droite des gens qui se complaisent dans le culte du général... me paraît assez cohérent et à vrai dire ne me gène pas beaucoup... au contraire, ça leur évite probablement de développer des discours plus pertinents et efficaces.
En revanche, cette nouvelle posture de plus en plus répandue, qui consiste à gauche à leur emboîter le pas m'est insupportable. Elle a bien sûr et "essentiellement" à voir avec le storytelling de la souveraineté nationale et par omission, c'est peut-être le plus grave, elle valide implicitement cet aspect le plus détestable de l'oeuvre gaullienne, insuffisamment traité dans le fil de discussion qui précède et qui concerne les institutions de notre actuelle république.
Je ne m'étendrai pourtant pas plus ici sur ce thème, les ouvrages en la matière sont nombreux et je renvoie aux nombreux articles publiés par Edwy Plenel et aux billets de Paul Alliès (en particulier) à l'occasion des si nombreuses dérives sarkoystes, comme à propos des accommodements mitterrandiens et maintenant hollandais.

Vivement la VIème !

Ajout du 17/12/2013

Sait-on jamais, si quelque archéologue venait à retrouver ce billet...

Je lui propose de lire à titre de complément fort utile pour sa bonne compréhension, celui-ci, fil de discussion compris : "Sur les ambiguités de Mitterrand..."

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