Jean-Lucien HARDY (avatar)

Jean-Lucien HARDY

retraité de la fonction publique internationale

Abonné·e de Mediapart

626 Billets

0 Édition

Billet de blog 30 mai 2015

Jean-Lucien HARDY (avatar)

Jean-Lucien HARDY

retraité de la fonction publique internationale

Abonné·e de Mediapart

VW-Audi commence à décarboner la fabrication de ses voitures

Jean-Lucien HARDY (avatar)

Jean-Lucien HARDY

retraité de la fonction publique internationale

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En novembre, Toyota, n° le 1 mondial de l'automobile, a lancé sa première voiture à hydrogène, la Mirai

VW, n°2 mondial, semble être un peu pris de court. Il s'est associé à Ballard sans doute pour accélérer la commercialisation d'une voiture électrique alimentée par une pile à hydrogène, une future concurrente de la Mirai.

Discrètement, via sa branche Audi, le groupe prend aussi une position avant-gardiste en matière d'hydrogène renouvelable.

L'annonce très médiatisée par le PDG de la société Toyota souligne un tournant radical dans l'histoire de l'automobile, mais sans pour autant que cette société s'implique dans la production d'hydrogène renouvelable.

Avant cela, en juin 2014, le groupe VW-Audi avait fait discrètement savoir qu'il a parfaitement compris l'enjeu de l'hydrogène renouvelable. Son site de Werlt en Allemagne se veut pionnier en la matière.

Dans un premier temps, Audi produit de l'hydrogène par électrolyse de l'eau, en utilisant l'électricité renouvelable excédentaire.

Il faut rappeler que les énergies renouvelables instantanées majeures que sont l'éolien et le photovoltaïque dépendent de l'intensité de l'ensoleillement et de celle du vent. Il arrive de plus en plus souvent que la production éolienne ou photovoltaïque dépasse la demande du réseau électrique. La solution est alors de stocker cette énergie excédentaire pour la rendre disponible à d'autres moments ou en d'autres lieux.

Dans un second temps, cet hydrogène ainsi porduit est combiné au CO2 pour produire du méthane qui est injecté dans le réseau de gaz naturel.

Cette activité est donc doublement écologique: d'une part, il y a production d'hydrogène renouvelable qui remplace les énergies fossiles. D'autre part, il y a récupération du CO2 produit pour le processus de fabrication en usine.

Sur son site, Audi est manifestement fier de cette première mondiale:

Audi génère autant d'e-gaz que le CO2 précédemment produit par l'usine. En pratique, l'e-gaz est identique au gaz naturel d'origine fossile et est introduit dans le réseau de gaz naturel existant ou distribué aux stations de remplissage. La quantité de Audi e-gaz produit chaque année, à savoir près de 1000 tonnes, est suffisante pour alimenter quelques 1500 voitures Audi A3 Sportback g-tron, dont chacune peut effectuer jusqu'à 15000 km de conduite neutre en CO2.

Une vision devient réalité

Le projet Audi e-gaz est la première étape vers la réalisation de l'objectif de mobilité neutre en CO2 durable. Mais la production e-gaz n'est pas le seul aspect du projet. Dès que l'on disposera d'une infrastructure de fonctionnement, la centrale à gaz sera également en mesure de fournir l'hydrogène produit par électrolyse pour des voitures équipées de piles à combustible. En outre, l'e-gaz peut également être reconverti en électricité et peut donc également être utilisé pour le stockage intermédiaire des énergies renouvelables.

En introduisant l'hydrogène renouvelable au stade de la fabrication des voitures, Audi fait déjà passer un message subliminal, à savoir que les voitures Audi produites à ce jour sont déjà partiellement décarbonées, même si elles roulent encore à l'énergie fossile (essence ou diesel).

C'est une innovation cruciale, car Audi rencontre une double préoccupation incontournable. Il ne suffira pas de produire des voitures à hydrogène, ni même d'inonder le marché avec ces voitures, encore faudra-t-il faire en sorte

1) que l'hydrogène utilisé comme un carburant soit produit de manière renouvelable.

2) que la voiture soit construite en utilisant de l'énergie renouvelable et sans production de CO2.

Au plan industriel, Audi est exemplaire également en favorisant l'émergence d'une filière de l'hydrogène renouvelable et en renforçant la position d'un pionnier dans ce domaine, à savoir la société McPhy qui a fait savoir que l'activité d'électrolyse chez Audi lui est sous-traitée. A contrario, ce n'est pas le métier d'Audi de produire ou de transformer l'énergie.

On pourrait se demander pourquoi VW-Audi est si discrète quant à une telle première mondiale. Il est permis de penser que la société VW-Audi attendra la sortie de sa première voiture à hydrogène pour expliquer au monde qu'elle se préoccupe d'hydrogène renouvelable en amont ET en aval de la commercialisation de ses voitures.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.