Ce ne sont pas des crises écologiques, des crises financières. Ce sont des résultats, des conséquences de nos actes, sonnants et trébuchants, que des vraies élites auraient dû voir et analyser depuis longtemps.
Question de Laurence Luret : Mais le contexte est très difficile économiquement, beaucoup de gens sont au chômage. Il y a beaucoup de difficultés tout autour de nous, il suffit de regarder. Pourtant on a l’impression que la prise de conscience de ce monde n’est pas encore là. Pourquoi ?
Albert jacquard : Parce ce que on n’est pas habitué à regarder le long terme. Par conséquent il faut revenir à l’exposé de ce que nous sommes, commencer par l’émerveillement devant l’être humain. Ensuite dire que la planète n’est pas mal, mais çà c’est secondaire. Quel émerveillement devant l’être humain et surtout l’émerveillement devant le fait qu’un être humain çà se construit. Ce n’est pas fourni par la nature. La nature nous fournit les gènes qui lui sont nécessaires, mais ce quelle nous donne de plus c’est la possibilité de rencontrer les autres. Et ce que je suis en tant qu’être humain, en tant que personne, c’est ce que je suis devenu. Si on dit çà devant des enfants, ils seront bien d’accord. Ils sont l’aventure à vivre qui est autre chose que l’aventure de la compétition. Il y a de quoi être écœuré se dire, surtout quand on est au bas de l’échelle : « jamais je ne pourrai quitter mon sort sauf un coup au but de temps en temps, je n’y arriverai jamais ». Donc que faire ? Si non être d’abord révolté ensuite révolutionnaire. Comment voulez-vous qu’il ne le soit pas puisqu’ils ont un destin qui est bloqué ? Et bien, il faut à nouveau débloquer les destins. Ça suppose que ceux qui actuellement consomment tout, nous les occidentaux, [ Laurence Luret : les gavés de nord comme vous les appeler ] , les gavés du Nord, ils faut qu’ils aient la possibilité, la volonté surtout de diminuer leur gavage.
Comme Albert Jacquard ma vie, mes espoirs, mes désirs ont changés en quelques secondes dans ma jeunesse. Le choc a été violent et les conséquences également ! (*) Bizarrement cela ouvre les yeux.
Alors, juste une évidence !
Nous sommes d’accord que dans notre système capitaliste, les grosses sociétés privées, les multinationales sont mues par les profits les plus importants possibles et la mise à l’écart de concurrences trop dangereux, par tous les moyens légaux mais aussi illégaux et immoraux (blanchiments, paradis fiscaux, lobbying, pressions, etc...).
La plus symbolique a été ENRON : créer des pénuries de courant électrique – donc des coupures - pour faire monter les prix.
Nous sommes d’accord aussi que le train de vie des occidentaux demande 6 à 7 équivalents « Planète Terre ». Je vois déjà les réponses des cyniques "stérilisation des pauvres" ou "l'interdiction de faire des enfants" (pour les pauvres) qui me donnent la nausée. Il y a même une sommité criminelle qui refusait la capote pour se protéger du SIDA et prônait la chasteté pour les africains. Ben ! Voyons ! Les câlins et l'amour sont réservés aux riches. Pour un peu, comme mon accident de jeunesse, les maladies seraient des malédiction de Dieu.
Nous sommes d’accord que les pics de TOUT (pétrole, métaux, etc..) sont en vue et ce n’est pas le robot CURIOSITY actuellement sur Mars qui va repousser ces limites.
Alors, décemment, pour que chaque vie sur Terre soit respectées, peut-on vraiment croire que les multinationales et le marché sont les meilleurs pour gérer notre bien commun comme l’eau, l’air, la terre, la pollution, etc…?
Je passe sur la haine du fonctionnaire, sur la haine des profiteurs – voire le racisme et la xénophobie. Posant souvent cette question autour de moi, j’ai comme réponses un feu d’artifice du style « les soviets cultivaient mieux leur jardin que les champs dans les kolkhozes ».
L’aveuglement et la mauvaise foi des autruches tiennent à cela ! Le marxisme, le communisme tiennent lieu d’épouvantail.
Alors, devant ce choix binaire hypocrite - comme si on avait tout penser -, devant la volonté divine pour d'autres, on ne bouge pas, on attend que l’éclaircie arrive, quel que soit le nombre de morts.
Alors la descente aux enfers continue…